Thème

Église

Auteurs

Philip Nunn

Lieu

Non précisé

Date

01/02/2005

Les Symboles chrétiens,

une étude exploratoire

Sommaire

Remerciements

  1. Notre Dieu aime utiliser des symboles
  2. Avec quelle rigueur les symboles doivent-ils être utilisés ?
  3. Motivation, Réalisme et Controverse
  4. Le Baptême Chrétien
  5. La Cène
  6. Les distinctions selon le sexe dans l’Église
  7. Tête couverte – découverte
  8. Conclusion

Annexe : Autres Symboles Chrétiens possibles

  1. En rapport avec la prière
  2. En rapport avec le régime alimentaire
  3. En rapport avec le mode de vie
  4. D’autres symboles possibles

Un dernier mot

Remerciements

Cette dernière année, j’ai eu la joie d’échanger par mail de façon heureuse, libre et pourtant provocante sur cette question des Symboles Chrétiens avec environ une vingtaine de frères et sœurs de différentes cultures qui servent le Seigneur d’un cœur sincère (Angleterre, Hollande, Allemagne, France, Suisse, Italie, Canada, États Unis, République démocratique du Congo, Équateur, Surinam et Colombie). Merci, chers frères et sœurs, d’avoir pris le temps de lire les brouillons de cet article et ses annexes. Merci d’avoir fait l’effort de faire part de votre approbation et d’avoir expliqué vos points de désaccord. Votre contribution a mis au défi, influencé et aiguisé ma réflexion. Il est clair que nous ne serons pas tous d’accord sur tous les points, et que certaines de nos différences sont profondément ressenties. Que le Seigneur utilise l’étude de cet article pour contribuer à encourager une atmosphère de dialogue sérieux, amical et sincère dans nos foyers et nos assemblées.

De nouveau, et de tout mon cœur : merci !

(NdT :  Les citations proviennent de la version JND, sauf indication contraire.)

Les Symboles Chrétiens

Une étude exploratoire

Dans l’un des psaumes de David, nous lisons « répandez votre cœur devant lui ; Dieu est notre refuge » Ps. 62 : 8. Si vos prières ont un tant soit peu de ferveur, vous comprenez immédiatement ce que ce psaume nous invite à faire. Et pourtant, notez l’intéressant choix de mots figurés. David ne veut pas dire littéralement le « cœur », et personne ne peut non plus « répandre » cet organe solide et indispensable. Cette étude ne porte pas sur le langage symbolique et figuratif. Elle ne concerne pas non plus le langage religieux non verbal. Ce sont des sujets intéressants quoique très vastes.

Dans cette étude, nous définissons un symbole comme une chose tangible ou une manière d’agir physique qui a été choisie pour représenter quelque chose d’autre. Avec les symboles, le physique est utilisé pour représenter quelque chose d’abstrait, d’absent ou d’invisible. Par les symboles chrétiens, nous nous référons aux symboles ou actes symboliques que nous trouvons dans la Bible, et qui étaient pratiqués au début de l’Église, et à ceux qui peuvent ou devraient être utilisés par les Chrétiens actuellement, que ce soit individuellement ou collectivement.

Au cours des années, après la conversion de certaines personnes, ou lorsque de chers croyants d’autres milieux chrétiens viennent nous rejoindre, tôt ou tard surviennent des questions au sujet des symboles. Dois-je me faire de nouveau baptiser ? Quand puis-je rompre le pain ? Utilisez-vous du pain au levain ? Pourquoi les sœurs ont-elles la tête couverte ? Procédez-vous à l’onction des malades avec de l’huile lors des réunions de prières ? Puis-je manger du boudin noir ? Quand l’assemblée se réunit-elle pour la prière et le jeûne ? Imposez-vous les mains ?  C’est dans ce contexte que j’écris (avec beaucoup d’interruptions !) Dans la partie principale de cette étude, nous nous pencherons sur trois symboles : le Baptême, la Cène, et le symbole « tête nue tête couverte ». Dans l’annexe, vous trouverez matière à explorer d’autres symboles chrétiens et actes symboliques possibles.

Comment ces trois symboles diffèrent-ils des autres symboles chrétiens possibles ? Les deux premiers portent le poids d’être des instructions données directement par notre Seigneur Jésus lors de son incarnation sur cette terre. Le troisième, comme nous le verrons, est sur un plan différent des deux premiers, tout en étant inclus dans un ensemble d’instructions apostoliques se terminant par les mots « les choses que je vous écris sont le commandement du Seigneur » 1 Corinthiens 14 : 37. Notez que ce troisième symbole est également associé avec les enseignements du Seigneur. Les symboles chrétiens ont-ils la même importance ? Lorsque le Seigneur révèle sa volonté dans l’Écriture, comment déterminons-nous ce qui est important ? Nous sommes sauvés sans le baptême, nous pouvons adorer sans la Cène, le Seigneur peut répondre aux prières sans jeûne ni onction d’huile. Les symboles chrétiens doivent être étudiés, compris et utilisés non parce qu’une relation avec Dieu est impossible sans eux, mais par obéissance et en soumission à la révélation divine. Lorsque cette révélation autorise certaines latitudes, nous devons humblement le reconnaître et résister à la tentation d’imposer notre tradition particulière.

Symboles Séculiers

Les symboles ne sont pas des choses dépassées ou démodées. Ils sont tout à fait courants, même dans notre société moderne. Les pays et les régions utilisent des drapeaux et des images pour s’identifier. Leurs couleurs et dessins ont en général une signification. Les grandes entreprises et organisations utilisent également des symboles graphiques pour se représenter, comme par exemple le logo Pepsi ou la Croix Rouge. Le long des routes, nous trouvons des panneaux de signalisation. Les symboles sont faits pour communiquer quelque chose, ils nous aident à visualiser des concepts et à les mémoriser.

Symboles Religieux

Les personnes religieuses et spirituelles utilisent également un bon nombre de symboles et de cérémonies. Les Musulmans utilisent un croissant de lune, prient sur leurs genoux et se prosternent pour exprimer leur vénération à Allah. Les Juifs utilisent l’étoile de David dans leurs synagogues. Les Hindous, les Bouddhistes, les Sikhs ont tous leurs symboles et leurs rituels symboliques.

  1. Notre Dieu aime utiliser des symboles

    Notre Dieu a choisi de nombreux moyens et formes différents pour communiquer ses pensées à nous les humains. Dans la Bible, nous trouvons des histoires vraies et des paraboles, des drames et des chants, de la doctrine et de la poésie. Les auteurs inspirés se sont exprimés en utilisant toute une variété de formes littéraires : hyperboles, métaphores, comparaisons, similitudes, allégories, ironie, paradoxes, etc. Des choses telles que l’huile, l’or, le feu, ont des significations particulières. Des animaux, tels que le lion, le serpent, la colombe, sont utilisés comme images pour dénoter des qualités comme la force, la ruse ou la douceur. Certains endroits comme l’Égypte, Babylone et Jérusalem ont également une signification, ainsi que certains nombres.

    Tout un intéressant ensemble d’objets, personnes et événements se situant avant la naissance du Seigneur ont une signification prophétique, et beaucoup d’entre eux convergent vers Lui. Ces objets, personnes et événements sont normalement appelés figures ou types. Par exemple, l’eau coulant du rocher et Jonas dans le ventre du poisson sont des types du Seigneur (1 Corinthiens 10 : 4 – Matthieu 12 : 40). Mais nous trouvons également certains objets et cérémonies symboliques particuliers qui ont été spécialement conçus par Dieu pour nous enseigner des réalités spirituelles. Certains d’entre eux sont qualifiés d’ombres (Colossiens 2 : 16-17 – Hébreux 8 : 5 – 10 : 1-2).

    Les symboles de l’Ancien Testament

    Après le déluge, Dieu a dit à Noé qu’il n’enverrai plus de déluge sur la terre. Avec cette promesse, Dieu a donné un signe ou symbole : l’arc-en-ciel. (Genèse 9 : 12-13). Même aujourd’hui, l’arc-en-ciel demeure le rappel de la promesse de Dieu. Les sacrifices d’animaux étaient essentiellement des actes symboliques. Depuis les sacrifices offerts par Caïn et Abel jusqu’aux sacrifices plus détaillés décrits par Moïse, nous voyons que Dieu prépare par des symboles l’esprit humain à comprendre et recevoir le sacrifice suprême de Jésus Christ. La construction du Tabernacle et ses diverses cérémonies étaient conçus pour représenter des concepts spirituels. Le sang, la circoncision, l’Arche de l’Alliance, les vêtements des sacrificateurs, tout cela est une symbolique donnée par Dieu pour aider à visualiser, comprendre ou mémoriser des réalités spirituelles.

    Les symboles du Nouveau Testament

    Avec l’arrivée de l’Église chrétienne, beaucoup de choses ont changé. Beaucoup de symboles et d’actes symboliques de l’Ancien Testament ont trouvé leur accomplissement en Christ.

    Le Seigneur Jésus était très graphique dans la manière dont il enseignait. Il utilisait toute une gamme d’histoires et de paraboles didactiques. Il exprimait souvent des idées au moyen d’images. Par exemple, Jésus dit à Pierre « je te donnerai les clés du royaume des cieux » (Matt. 16 : 19). Il utilise le mot « clé » comme une image, en se référant au rôle spécial que Pierre tiendrait dans les plans de Dieu. Le mot porte, par exemple, est utilisé de manière au figuré de plusieurs manières intéressantes. Jésus dit « je suis la porte des brebis ». Il parle d’une porte étroite et d’une porte large. En Apocalypse 3 : 20, il frappe à la porte. Dans la prison, les apôtres priaient pour qu’une porte s’ouvre (Colossiens 4 : 3). En Actes 14 : 27, il est rapporté comment Dieu « avait ouvert aux nations la porte de la foi ». D’une manière graphique et enthousiaste, l’apôtre explique pourquoi il a choisi de rester à Éphèse : « car une porte grande et efficace m’est ouverte, et il y a beaucoup d’adversaires ». 1 Corinthiens 16 : 9.

    Dans certains pays, la croix est devenu le symbole de la foi chrétienne. Lorsque l’apôtre Paul dit en Galates 6 : 14 qu’il ne se glorifierait qu’ « en la croix de notre Seigneur Jésus Christ», proposait-il un nouveau symbole physique pour l’ère chrétienne ? Il est certain qu’il utilisait le mot croix de manière figurée. Dans les chapitres précédents (Galates 5 : 11), il utilise l’expression « le scandale de la croix ». ce n’était pas un exemplaire d’une croix physique qui troublait ces frères qui prônaient la circoncision, c’était l’évangile de la grâce prêché par Paul. Il utilise le mot « croix » avec la signification d’  « évangile ». En 1 Corinthiens 1 : 17, Paul parle de la « puissance » de la croix. Cela n’est pas une référence à un pouvoir mystique ou superstitieux investi dans une certaine croix physique. La signification de ce passage est précisée dans le verset suivant : « la parole de la croix … est la puissance de Dieu ». La puissance de Dieu se déploie au moyen de l’évangile.

    Dans le Nouveau Testament, nous trouvons également des méthodes d’enseignement très graphiques. En Jean 13, nous trouvons que Jésus y lavait les pieds de ses disciples. En finissant, il ajoute « si donc moi, le seigneur et le maître, j’ai lavé vos pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (v. 14). Ceci est-il donc un acte symbolique que nous les chrétiens devrions pratiquer périodiquement ? C’est peu vraisemblable. Il y avait un besoin : leurs pieds étaient sales. Il y avait une habitude : les serviteurs lavaient les pieds des invités. Il y avait de l’orgueil : ils désiraient « être les plus grands ». Le Seigneur a saisi cette opportunité de leur enseigner une leçon pratique sur l’humilité du service. Les disciples pourraient-ils jamais oublier cette leçon ? La conclusion du Seigneur s’applique également à vous et à moi : « si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites ». (v. 17). Mais le Seigneur a également une autre leçon à l’esprit. Dans les versets 10 et 11, il utilise le mot « propre » de manière figurée pour montrer l’état du cœur. Il savait que Pierre comprendrait cette leçon un peu plus tard (v. 7). Il nous faut parfois du temps pour comprendre certaines leçons spirituelles. Jésus n’a pas pressé Pierre. Nous devons aussi user de patience les uns envers les autres.

    Parmi tous ces styles d’enseignement et ces expressions figurées, le Nouveau Testament contient effectivement un certain nombre de symboles physiques et d’actes symboliques. Certains sont donnés aux Chrétiens avec l’instruction de les utiliser (comme le baptême). D’autres sont suggérés, leur usage étant optionnel (comme le jeûne). D’autres sont simplement des applications culturelles d’un principe intemporel (comme le saint baiser).

  2. Avec quelle rigueur les symboles doivent-ils être utilisés ?

    Une femme peut choisir de porter une alliance sans être mariée. Elle utilise ainsi un symbole social sans vivre la réalité qu’il implique. Quelques cultures adhèrent fortement à leurs symboles, d’autres les considèrent comme optionnels, ou même comme une mode. Lorsque Dieu nous donne un symbole, il ne désire pas que ce symbole soit utilisé indépendamment de la réalité qu’il représente. La réalité est toujours plus importante que son symbole. Voici quelques exemples bibliques en illustration.

    1. a) Les sacrifices : à certains moments dans son histoire, les Israélites ont pensé que Dieu accepterait leurs sacrifices sous n’importe quelle forme ou espèce. Le Seigneur avait demandé des sacrifices d’animaux, mais il les rejetterait s’ils étaient donnés mécaniquement, à contre cœur, sans sincérité, ou sans amour (Osée 6 : 6, Malachie 1 : 13-14). Le message était clair : « l’obéissance vaut mieux que les sacrifices » 1 Samuel 15 : 22 (L. Segond).
    2. b)  Les fêtes solennelles: c’était Dieu lui-même qui avait prévu ces fêtes nationales juives, mais il les rejetterait aussi si elles ne reflétaient pas une vérité intérieure ou si elles étaient accompagnées d’iniquité (Esaïe 1 : 13-14)
    3. c)   Le baptême: le Seigneur nous a enseigné que tout chrétien devait être baptisé (Matthieu 28 : 19-20). Mais le baptême en lui-même ne change personne. Philippe a baptisé Simon, mais ensuite l’apôtre Pierre a dit à Simon « ton cœur n’est pas droit devant Dieu … tu es dans un fiel d’amertume et dans un lien d’iniquité » Actes 8 : 13-23. Lorsqu’un incroyant est baptisé, il participe à un acte symbolique sans en vivre la réalité. Nous étudierons cela de manière plus approfondie un peu plus loin.

    La plupart des symboles ont un but. Lorsqu’une personne ne comprend pas ce but, le symbole ne signifie rien pour elle. Ou pire, elle peut attacher à ce symbole sa propre signification erronée ! Lorsqu’un symbole est séparé de la réalité qu’il représente, il perd sa valeur. Le symbole a de la valeur en ce qu’il représente quelque chose.

    1. d)  Le serpent d’airain: au milieu de la plaie des serpents, Dieu donna à Moïse l’instruction d’élever un serpent d’airain sur un bâton. Lorsqu’un israélite était mordu par un serpent, il pouvait regarder au serpent d’airain et ne mourait pas (Nombres 21 : 4-9). Lorsque la plaie fut achevée, les israélites conservèrent le serpent d’airain, lui donnèrent un nom particulier, et commencèrent à lui offrir de l’encens. Ils n’en firent rien qu’une autre idole. Parmi les réformes que le roi Ezéchias fit pour retourner à l’adoration véritable de Dieu, il « mit en pièces le serpent d’airain que Moïse avait fait » 2 Rois 18 : 4.

    Le symbole est et ne sera jamais qu’un symbole. Même lorsqu’il est donné par Dieu, même s’il est une image du Seigneur, il est possible que nous lui accordions trop d’attention (Jean 3 : 14-15). Nous pouvons le corrompre en lui attribuant des pouvoirs et des dons spéciaux. Nous pouvons devenir superstitieux. Comme les israélites, nous pouvons nous détourner et transformer les symboles donnés par Dieu en idoles.

    Dieu attend de nous l’obéissance

    Dans la Bible, nous trouvons quelques incidents particuliers lorsque Dieu réagit de façon très forte contre ceux qui, pour des raisons personnelles, ont ignoré, n’ont pas respecté, ou n’ont pas pris ses symboles au sérieux.

    1. a)   l’autel de l’encens : le Seigneur voulait que les sacrificateurs lui brûlent de l’encens. Mais ils ne devaient lui offrir qu’un certain type d’encens que lui-même avait prescrit. De plus, l’origine du feu était également importante. Nous lisons que Nadab et Abihu, les fils d’Aaron, « présentèrent devant l’Éternel un feu étranger, ce qu’il ne leur avait pas commandé ». Le Seigneur a puni cet écart : « et ils moururent devant l’Éternel ». (Exode 30 : 8 – Lévitique 10 : 1-2).
    2. b)  La circoncision: Dieu avait ordonné que tous les descendants mâles d’Abraham soient circoncis le 8e C’était le signe que le garçon appartenait au peuple d’Israël. Moïse, du fait probablement d’un différent avec sa femme, ne fit pas circoncire son fils aîné. À cause de cela, « l’Éternel vint contre lui, et chercha à le faire mourir » (Genèse 17 : 11-12 – Exode 4 : 24-26).
    3. c)   L’Arche de l’Alliance: c’était une arche très spéciale qui représentait la présence du Seigneur au milieu de son peuple. Un jour, des Israélites curieux décidèrent de regarder à l’intérieur. Après tout, ce n’était qu’une boîte de bois plaquée d’or. À cause de cet acte irrévérencieux, le Seigneur tua un grand nombre d’entre eux ! (1 Samuel 6 : 19)
    4. d)  La Cène: certains chrétiens de Corinthe prenaient part à la Cène du Seigneur d’une manière indigne, sans discerner la réalité derrière les symboles, sans reconnaître le corps du Seigneur. Cela ne plaisait pas au Seigneur. À cause de cela, certains étaient morts, et d’autres étaient faibles et malades (1 Corinthiens 11 : 28-30)

    Bien sûr, ce sont là des cas très spéciaux. Grâce à Dieu, dans sa grâce il n’agit pas habituellement de manière aussi sévère. Mais nous ne pouvons pas échapper au fait que Dieu l’a fait dans le passé. Ce sont des récits historiques. Une leçon claire à tirer de ces cas spéciaux est que lorsque le Seigneur donne un symbole, il s’attend à ce que son peuple le prenne en compte.

    Dieu permet-il l’exception ?

    La foi chrétienne est par essence interne, c’est une relation vivante et quotidienne avec Jésus Christ. Bien sûr, cette relation affecte de manière catégorique notre manière de vivre. Le christianisme, en conséquence, bien qu’il possède des symboles, n’est pas fondé sur eux. Les symboles ne sont pas la réalité. Pour notre Dieu, la réalité est toujours plus importante que ses symboles. Si nous gardons cela à l’esprit, il sera évident devant Dieu que dans certaines situations, un symbole devra être temporairement modifié ou même laissé de côté.

    1. a)   La situation d’Akhimélec: prenez par exemple ce qu’a fait Akhimélec le sacrificateur. Dans un moment de crise, lorsque David et ses compagnons avaient faim, Akhimélec leur donna les pains consacrés (pains de proposition) à manger. C’étaient des pains très spéciaux, décrits comme « très saints » que seuls Aaron et ses fils pouvaient manger (1 Samuel 21 : 4-6 – Lévitique 24 : 5-9 – Luc 6 : 2-4).
    2. b)  La situation d’Ezéchias: dans 2 Chroniques 30, nous lisons comment le roi Ezéchias célébra la « Pâque à l’Éternel » (v. 5). Il avait de bonnes raisons pour ne pas l’avoir fait au mois convenable (v. 2-4). Alors, « une grande partie du peuple … ne s’était pas purifiée, et ils mangèrent la pâque, non comme il est écrit ». Vous seriez-vous joint à eux ? Auriez-vous critiqué Ezéchias ? Auriez-vous trouvé une excuse pour vous abstenir, par sécurité ? Mais comment Dieu a-t-il réagi ? Le Seigneur leur pardonna, les guérit, et leur donna « une unité de pensée » pour mener à bien la Pâque de cette manière anormale. Pourquoi ? Le Seigneur avait compris la situation particulière et savait que ce peuple avait appliqué son cœur à « rechercher Dieu, l’Éternel » (v. 12, 18-20). Il est évident que le Seigneur préfère un cœur sincère qui le cherche réellement plutôt qu’un ensemble de rites techniquement corrects.

    Jusqu’ici, nous pouvons conclure que les symboles étaient donnés par Dieu pour représenter des réalités spirituelles. Ces symboles n’étaient jamais donnés pour lier mécaniquement ou réduire en esclavage. Le symbole devait accompagner ou suivre une réalité spirituelle, et devait être pratiqué avec la disposition de cœur qui convenait. Il est évident que le Seigneur préfère la passion sainte à des procédures saintes, mais il est également clair que sauf raison valable, il attend des siens qu’ils apprécient et utilisent les symboles qu’il a donnés.

  3. Motivation, réalisme et controverse

    Les points qui suivent divisent des chrétiens convaincus. Des discussions enflammées au sujet du Baptême Chrétien et de la Cène ont fait rage depuis des siècles. Le débat sur le symbole de la tête couverte ou découverte est beaucoup plus récent. Je devrais peut-être vous demander : pourquoi lisez-vous ceci ? êtes-vous un adepte des controverses doctrinales ? La controverse en tant que telle emprisonne le christianisme dans votre tête. Le christianisme, le vrai, touche beaucoup plus que votre tête. Il apporte joie, liberté et vie en abondance. Cherchez-vous des munitions pour juger ou répliquer ? du calme ! Personne n’essaie de prouver que vous avez tort ! Je voudrais vous inviter à essayer d’avoir un regard neuf sur certains de ces sujets. Personnellement, c’est ce que j’ai essayé de faire en préparant cet article. Lorsque nous ouvrons nos esprits à l’Écriture et à la lumière directrice du Saint Esprit, la parole de Dieu vient à vie, et nos modèles et coutumes confortables sont fréquemment remis en question. C’est parfois douloureux, mais très sain. Cette étude n’est pas finale. Elle désire juste aider à penser bibliquement.

    Nous avons tous faim de retourner à un christianisme simple, comme au début. Et, alors que nous creusons plus profond dans les Actes et les épîtres, nous commençons doucement à prendre conscience qu’au début du christianisme, tout n’était pas si simple. Les premiers chrétiens étaient aux prises avec de grandes controverses. Le chemin du salut est magnifiquement simple, de sorte que même un jeune enfant peut faire confiance au Seigneur et être assuré de son salut éternel. Et pourtant, dans l’Église primitive, les croyants étaient forcés de faire face à des problèmes complexes. La transition entre la foi juive donnée par Dieu et le christianisme n’était pas aisée. Les traditions religieuses et régionales avaient un fort impact sur l’harmonie interne de l’assemblée. Les coutumes païennes et impies tentèrent d’être consacrées par l’Église. Chaque assemblée avait son lot de croyants charnels et compliqués. Les faux docteurs et les faux prophètes allaient et venaient. Il n’était donc pas étonnant que l’apôtre Paul (et les autres) aient eu tant à faire et souffrent tant ! Quand nous y pensons, notre période moderne actuelle est-elle si différente des débuts du christianisme ? Le Seigneur seul est parfait. Tous les serviteurs et toutes les églises ont eu des manquements. Les premiers chrétiens ne vivaient pas réellement à la hauteur de leur grand appel personnel et collectif. Et nous, comme eux, sommes invités à appliquer nos cœurs et nos pensées à ce grand appel personnel et collectif – et à aller de l’avant, avec foi, avec passion et avec réalisme. En faisant cela, nous marcherons dans les traces des apôtres.

    Le christianisme devrait fondamentalement être centré sur le Seigneur, une vie de relations avec le Seigneur et inévitablement les uns avec les autres. Dans l’Occident intellectualisé, il devient centré sur la Bible ou sur la Doctrine, et c’est ce style du Seigneurianisme qui a été couramment exporté sur les champs de mission au 19e siècle. Il fallait que les païens adhèrent à un ensemble de doctrines vraies et se comportent davantage « comme nous ». Mais la doctrine seule, toute véritable qu’elle soit, nous transforme finalement en robots privés d’émotion, conduits par la peur ou le devoir. La pratique des symboles chrétiens recèle également ce danger caché. En langage apostolique, « la lettre tue, mais l’esprit vivifie » 2 Corinthiens 3 : 6. Et qu’en est-il de notre génération ? Le christianisme moderne est devenu centré sur soi-même. C’est une course folle pour « me » rendre heureux, pour que je m’accomplisse, que je fasse mes expériences, que je trouve ma réalité spirituelle. Nos conducteurs font de leur mieux pour rendre heureux ces nouveaux clients chrétiens si compliqués. A quel point le christianisme devra-t-il se détourner de son grand appel pour continuer à attirer et satisfaire ce marché religieux et séculier en perpétuel changement ?

    Les trois symboles que nous allons étudier font partie de l’Écriture et ont été pratiqués par les chrétiens depuis des siècles. Et pourtant, certains d’entre eux les aiment, et d’autres les haïssent. Certains les parent de mystère, les compliquent à loisir et certains les adorent presque ! à l’inverse, certains les sous-évaluent ou les ignorent tout simplement. Dans ce qui suit, nous désirons souligner l’amour de Dieu pour les symboles et promouvoir leur utilisation correcte d’une manière biblique non rigide.

  4. Le Baptême Chrétien

    Le Seigneur Jésus nous a donné instruction de baptiser. Dans les épîtres, nous trouvons la signification du baptême et nous nous penchons sur les évangiles et les Actes pour savoir comment faire.

    En ce qui concerne la signification du baptême, nous lisons ce qui suit dans les épîtres :

    « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » Romains 6 : 3-4

    « étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts » Colossiens 2 : 12

    Lorsqu’un nouveau croyant est baptisé, il déclare essentiellement trois choses : (1) que ses péchés ont été pardonnés, (2) qu’il est mort à son ancienne vie (étant identifié à Christ dans la mort), et (3) qu’il vit maintenant une vie nouvelle (ayant été identifié avec le Seigneur dans la résurrection).

    Diverses vues sur le Baptême : au cours des années, les chrétiens ont développé différentes traditions en rapport avec ce symbole. Différentes interprétations ont mené à différentes pratiques. Quelques-uns comprennent que le baptême est nécessaire pour laver le « péché originel » ou pour le salut de l’âme. Le baptême devient alors une nécessité urgente. Au contraire, une congrégation peu éloignée géographiquement de l’endroit où je vis utilise Hébreux 6 : 1-3 pour mettre complètement de côté le symbole du baptême. D’autres croyants considèrent le baptême comme l’équivalent du Nouveau Testament de la circoncision dans l’Ancien Testament. Cette compréhension conduit à la pratique du « baptême des enfants », selon laquelle tous les bébés sont baptisés pour les identifier avec le « peuple de Dieu ». D’autres, en remarquant que Dieu aime à bénir les maisonnées, parlent de « baptêmes de maisons ». Si le chef de famille est devenu chrétien, il est encouragé à baptiser tous les membres de sa famille qui sont sous son autorité, sans tenir compte de leur âge. Ils comprennent que ce baptême introduit la famille entière dans le « Royaume des Cieux » ou dans le christianisme en tant que religion mondiale (qualifiée également de « grande maison » ou « christianisme de nom »). Leur prière est qu’un jour, leurs petits enfants deviendront à leur tour de vrais croyants. Au cours des siècles, ces points de vue ont été soutenus dans de nombreux écrits.

    Le Baptême et le Pardon : une vérité claire et fondamentale des Écritures est que seul, le sang de Jésus Christ peut laver nos péchés (Éphésiens 1 : 7). Jésus n’aurait pas eu à mourir si le pardon pouvait être obtenu d’une autre manière. Le Seigneur Jésus a envoyé l’apôtre Paul prêcher l’évangile « pour qu’ils reçoivent la rémission1 des péchés et une part avec ceux qui sont sanctifiés par la foi en moi. » Actes 26 : 18. Le Seigneur Jésus ne mentionne pas le Baptême comme une condition au pardon.

    Parfois, le baptême est associé au pardon. En Actes 2 : 38, Pierre enjoint les Juifs qui avaient crucifié le Seigneur : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ». Il est possible que la repentance et le baptême puissent survenir au même moment. Lorsque l’on compare ce verset avec d’autres portions des Écritures, il devient clair que le baptême n’est pas le vecteur du pardon. Le même apôtre Pierre le dit très clairement quelques jours plus tard, lorsqu’il déclare : « Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés. » Actes 3 : 19. Ici, il parle du pardon sans aucune référence au baptême. Lorsque Pierre annonce l’évangile à Corneille, il termine en disant : « Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit en lui [Jésus) reçoit la rémission des péchés. ». Et après avoir vu l’évidence de la vie nouvelle, Pierre dit « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, afin que ceux-ci ne soient pas baptisés ? » (Actes 10 : 43, 48). Le pardon ayant été reçu, le symbole du baptême suit. Ce symbole du baptême est pour tous les croyants, partout. Avez-vous été pardonné ? Avez-vous donné votre vie à Jésus ? Avez-vous été maintenant baptisé ? Sinon, qu’attendez-vous ? Le Seigneur Jésus désire que chaque vrai Chrétien soit baptisé (Matthieu 28 : 19-20).

    Le Baptême et le christianisme de nom : le baptême a été utilisé par certains comme un moyen pour répandre le christianisme de nom ou extérieur. Au moment de l’exploration et de la conquête de l’Amérique Latine, beaucoup d’indiens furent contraints à être baptisés, et furent alors considérés comme étant ajoutés à l’Église chrétienne. J’ose suggérer que notre Dieu n’a jamais été intéressé par un christianisme de nom. Jésus n’a jamais montré aucun intérêt à augmenter le nombre de ceux qui le suivaient de loin. Il est donc par conséquent très peu vraisemblable que Jésus donne un symbole pour en augmenter ce groupe. Son Esprit Saint travaille dans l’âme pour susciter une conversion authentique. L’objectif premier du Seigneur actuellement, c’est de construire son Église. Il n’est pas besoin de devenir d’abord un chrétien de nom et ensuite un chrétien authentique. Le christianisme de nom est notre distorsion humaine du vrai christianisme. C’est un fait qu’il existe, mais ce n’est pas le plan de Dieu. Le Baptême Chrétien est un symbole donné à Son Église, pas pour répandre le christianisme de nom mais pour identifier publiquement les chrétiens authentiques avec Jésus Christ. Il est possible que parfois, par tromperie ou par erreur, des non chrétiens soient baptisés. D’aucuns les considéreraient alors comme ajoutés aux Chrétiens de nom. Mais ce n’est pas là le but du baptême.

    Le Baptême et la Bénédiction : certains encouragent les parents à baptiser leurs bébés afin qu’ils puissent bénéficier d’une bénédiction spéciale de la part du Seigneur. Mais, de nouveau, ce n’est pas le but du baptême. Le fait que les enfants soient sous la pieuse influence d’au moins un de leurs parents croyant  leur assure une position de bénédiction. L’attention spéciale portée aux enfants et au conjoint incroyant n’est pas conditionnée par le baptême (1 Corinthiens 7 : 12-14). En fait, chacun tire profit et est béni par Dieu du fait de la présence de vrais chrétiens dans sa famille, son école, son bureau ou son gouvernement. Quelle sorte de christianisme vivez-vous ? Ceux qui vous entourent sont-ils bénis parce que vous êtes chrétien ?

    Mise en pratique du symbole

    La plupart des chrétiens sont d’accord sur le fait que le symbole du baptême ne doit pas être abandonné. L’expression « ils crurent et furent baptisés » qui apparaît plusieurs fois (Actes 8 : 12, 13 – 18 : 8) suggère que le baptême doit naturellement suivre la foi. C’est pour cela que beaucoup utilisent l’expression « baptême de croyant ». Du fait de cette connexion étroite entre croire et être baptisé, le baptême chrétien peut être considéré comme un symbole d’initiation pour les nouveaux croyants.

    Le mode de baptême : le mot grec baptizo, d’où viennent les mots « baptême » et « baptiser », possède plusieurs sens. Le plus courant est : plonger, immerger, être submergé par ou être pleinement identifié avec. Ceci suggère fortement que lorsqu’une personne est baptisée, il ou elle doit être immergé(e) complètement. Lorsque Jésus était à Béthanie, une femme apporta un parfum très onéreux et «  le répandit sur sa tête » Marc 14 : 3. Le mot baptizo n’est pas utilisé ici. En fait, le Nouveau Testament utilise cinq mots grecs différents pour dire « verser », et deux mots grecs différents pour « asperger ». Aucun d’entre eux n’est utilisé en rapport avec le baptême chrétien. L’acte d’entrer et de sortir de l’eau est évident en Actes 8 : 38-39 « ils descendirent tous deux à l’eau, et Philippe et l’eunuque ; et Philippe le baptisa. Et, quand ils furent remontés hors de l’eau, … ». Et en enseignement, il est utile de noter que l’acte physique d’entrer dans l’eau et d’en sortir s’applique avec justesse à la mort, l’ensevelissement et la nouvelle vie qu’il représente.

    Le baptême et Jésus : quels mots doivent être prononcés lors d’un baptême ? Jésus nous enseigna à baptiser « pour le nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ». Matthieu 28 : 19-20. Dans les Actes, nous trouvons des exemples de personnes baptisées « au nom de Jésus ». Plutôt qu’une autre formule baptismale, nous pouvons comprendre cette deuxième comme un moyen pratique de distinguer le baptême par obéissance aux instructions de Jésus des autres types de baptême.

    Certains chrétiens, pour concilier les instructions de Jésus dans les évangiles avec les exemples donnés dans le livre des Actes, disent « au nom de Jésus, je te baptise pour le nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ». Cela peut également être une bonne solution. Mais si nous suivons les instructions du Seigneur dans Matthieu 28 et utilisons simplement ses paroles, nous ne pouvons pas nous tromper !

    Qui doit prendre l’initiative ? Lorsque Philippe eut fini d’expliquer l’évangile, l’eunuque lui demanda « Voici de l’eau, qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ? » Actes 8 : 37. Dans ce cas, nous voyons que le nouveau converti prend l’initiative. Si vous êtes actuellement chrétien et que vous n’êtes pas baptisé, posez-vous la question : « pourquoi ne serais-je pas baptisé ? » Ne soyez pas passif. Prenez l’initiative. Dans les instructions du Seigneur, il nous est dit « Allez donc, et faites disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit» Matthieu 28 : 19. Nous notons ici que l’évangéliste doit aussi prendre l’initiative. Ne soyez pas satisfait d’une conversion. C’est aussi votre responsabilité d’encourager au baptême et aux progrès continus !

  5. La Cène du Seigneur2

    Voici un événement symbolique pour rappeler la mort rédemptrice de notre Seigneur Jésus Christ. Nous le remercions de tout notre cœur et nous l’adorons. Le pain représente le corps du Seigneur, et la coupe la nouvelle alliance en son sang. « car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » Le Seigneur lui-même a choisi un mémorial. Il ne nous a pas demandé de bâtir des statues ou des monuments. Aussi longtemps que nous sommes sur la terre, il voudrait que nous nous souvenions de lui et de sa mort en mangeant et en buvant ce simple repas symbolique (1 Corinthiens 11 : 24-26). En plus de représenter le corps physique du Seigneur, ce pain représente le corps spirituel du Seigneur, fait de tous les croyants sur terre et nés de nouveau (1 Corinthiens 10 : 17). L’invitation du Seigneur à chaque croyant né de nouveau est « fais ceci en mémoire de moi ». Appréciez-vous vraiment cette invitation ? Y répondez-vous régulièrement ? Prenez-vous part à la Cène du Seigneur ?

    Termes utilisés : trois expressions sont utilisées. Étant donné que Jésus commença ce repas symbolique en rompant le pain, parfois il est fait référence à l’événement tout entier en tant que « Fraction du Pain » (Actes 2 : 42 – 20 : 7). La Cène du Seigneur (1 Corinthiens 11 : 20) est un terme descriptif général, qui attire l’attention sur le fait que le symbole est un repas, et, au moins à l’origine, un repas du soir. Les repas et les tables sont utilisés de manière courante comme expressions d’amitié et de communion. L’expression la Table du Seigneur (1 Corinthiens 10 : 21) n’est utilisée qu’une seule fois dans le Nouveau Testament. Elle est mentionnée en opposition avec la « table des démons ». Il est très clair selon le contexte que des croyants qui désirent participer au repas symbolique du Seigneur doivent se séparer totalement de toute activité satanique ou démoniaque. Le mot table souligne l’aspect de communion de cet acte symbolique : une communion réelle avec Le Seigneur. La Table du Seigneur n’est pas le meuble sur lequel nous plaçons le pain et la coupe. Ce mot de table est utilisé de manière figurée pour parler de notre communion avec Le Seigneur. Lorsque nous participons à ce souvenir, nous devons dépasser les formes et les rituels, et chercher à vivre des moments de vraie communion avec Le Seigneur, qui est présent. Le fait qu’il s’agit de la Cène du Seigneur, et de la Table du Seigneur, nous rappelle que nous sommes ses invités, et c’est lui qui fixe les règles !

    Contexte : des siècles avant que le Seigneur Jésus n’institue ce repas symbolique du souvenir, il y avait une coutume juive, qu’au moins certains pratiquaient : les amis et la famille mangeaient et buvaient en mémoire d’une personne morte (Jérémie 16 : 7). Nous ne savons pas exactement ce qui se passait au cours de tels événements. Si, comme certains le suggèrent, les personnes réunies mangeaient et buvaient et se souvenaient ensemble de certains moments de la vie de la personne disparue, cette coutume aurait des similitudes avec la Cène du Seigneur. Mais si le but de ce repas était de mener deuil et de se réconforter l’un l’autre pour alléger le sentiment de perte, cela n’aurait clairement aucune relation avec la Cène du Seigneur. Le symbole chrétien est un mémorial, une fête, une célébration, un acte d’adoration, une expression de gratitude. Nous ne menons pas deuil au cours de la Cène, ni n’éprouvons un sentiment de perte, car nous y participons en la présence du Seigneur ressuscité et vivant ! (Matthieu 18 : 20).

    La Cène et la Fête de la Pâque : de manière plus importante, Christ a choisi la fête de la Pâque comme cadre de ce premier repas symbolique. Les disciples préparèrent la Pâque dans une chambre haute, et, « comme ils mangeaient, Jésus, ayant pris le pain et l’ayant béni, le rompit et le donna aux disciples, disant ‘Prenez, mangez ; ceci est mon corps’. Et, ayant pris la coupe …. » (Matthieu 26 : 19-29). La fête de la Pâque et la Cène ont des similitudes intéressantes. Le premier repas de Pâque a été mangé par les israélites la nuit précédant leur départ d’Égypte. Un agneau sans défaut avait été tué (dans la Cène, nous rappelons que Christ, l’Agneau parfait de Dieu, a été tué). Le sang de l’agneau appliqué au cadre de la porte protégeait du jugement (nous sommes pardonnés à cause du sang du Seigneur). Ce repas marque également un acte souverain de délivrance (la mort du Seigneur nous a libéré de l’esclavage du royaume des ténèbres).

    Christ et son sacrifice rédempteur se tiennent au centre historique de ces deux actes symboliques : la Pâque considérait l’œuvre rédemptrice du Seigneur comme un événement à venir, et la Cène du Seigneur la considère maintenant comme un événement passé et achevé (1 Corinthiens 5 : 7 – Hébreux 9 : 28).

    Jésus le Pain de Vie : après avoir nourri les 5000, le Seigneur Jésus et ses disciples allèrent à Capernaüm. Le jour suivant, la foule les trouva et les rejoignit dans la synagogue. On trouve cette histoire en Jean 6 : 25-59. Le Seigneur savait que leur première motivation était d’avoir de nouveau du pain à manger gratuitement. Ils voulaient être satisfaits physiquement. Mais le désir du Seigneur était de réveiller leur conscience spirituelle, et de les amener à trouver satisfaction et plénitude en Christ. « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, » leur dit-il, « mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle » (v. 27, L. Segond). Il se compare ensuite avec la manne, le pain que Dieu avait miraculeusement donné aux Israélites pour les nourrir dans le désert (v. 31-32). Jésus les appelait à venir à lui pour recevoir la vie éternelle. Il ajoute enfin : « si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes » (v. 53). Jésus faisait-il référence alors à la Cène ? (manger le pain et boire la coupe ?) Probablement pas. Bien que les mêmes mots soient utilisés (manger, boire, corps, sang), le contexte est très différent. Remarquez que les effets de ces actes de manger et de boire sont en rapport avec la conversion : il vivra éternellement (v. 51 – 58), sans cela, il n’a pas la vie en lui (v. 53), en mangeant et en buvant il a la vie éternelle et ressuscitera (v. 54), il aura une relation avec le Seigneur (v. 56), il vivra à cause du Seigneur (v. 57). Ces bénédictions ne viennent pas de la participation à la Cène, ce sont des bénédictions qui viennent de la conversion.

    Dans ce chapitre (Jean 6), il est plus naturel de comprendre les mots « manger et boire » comme des équivalents aux autres mots que Jésus a utilisé dans ce chapitre : celui qui « vient à moi », « croit en moi », et « discerne le Fils » (v. 35-40). Nous venons à Christ       une première fois pour être sauvés. Nous nous « nourrissons de lui » ensuite quotidiennement pour fortifier notre vie spirituelle. Cette nourriture de lui inclut ces moments que nous passons ensemble autour du Seigneur, l’adorant et participant à la Cène. Nos âmes sont satisfaites en Christ, processus qui implique force, joie et satisfaction – équivalent spirituel de ce qui arrive à notre corps lorsque nous mangeons un bon repas.

    Joie et Liberté dans l’adoration : la Cène aurait pu n’être qu’un événement ponctuel, comme le baptême. Mais, nous connaissant tels que nous sommes, le Seigneur a choisi un symbole qui doit être répété régulièrement. Si vous êtes chrétien depuis plusieurs années, vous savez combien il est facile que le Seigneur perde la première place dans nos coeurs. Nous pouvons profiter des bénédictions, et peu à peu oublier Celui qui bénit. Nous pouvons nous trouver absorbés par notre travail, nos études et notre vie de famille. Notre passion pour Christ peut même être remplacée par l’amour de la doctrine ou l’enthousiasme pour un quelconque service. La Cène est un moment mis à part où Christ est au centre de nos cœurs et de nos esprits. Dans ce moment de quiétude relative, l’Esprit de Dieu désire allumer de nouveau l’amour, la gratitude et la passion dans les cœurs des hommes et des femmes rachetés. Nous choisissons de nous arrêter, de nous recentrer, de nous souvenir, de remercier, d’adorer. Pendant cet acte symbolique régulier, chaque frère a la liberté, guidé par le Saint Esprit, de conduire l’adoration de l’assemblée. Lorsque vient le moment de rendre grâces pour le pain et la coupe, le Seigneur peut utiliser n’importe quel frère présent. Votre participation à la Cène est-elle devenue froide et mécanique ? êtes-vous, cher frère, devenu spirituellement passif pendant ces moments ? Le Seigneur veut vous utiliser aussi ! L’adoration n’est pas limitée par le talent ou l’âge. C’est l’expression authentique de notre cœur.

    Vous êtes peut-être enclin à critiquer ou juger la participation d’autres personnes à la Cène. Puis-je vous inviter à détourner votre attention des hommes et à la recentrer sur Christ ? Vous ne jouirez jamais de communion collective avec Christ (ce qui est l’essence de la Table du Seigneur) lorsque vous regardez aux hommes. Des réunions d’adoration parfaites demandent des chrétiens parfaits. Le Seigneur sait que vous et moi ne sommes pas parfaits. C’est à cause du Seigneur et de sa grâce que nous cherchons, recevons et jouissons de l’adoration de nos cœurs rachetés et sincères. Du calme ! priez ! Et laissez le Seigneur conduire. Il peut certainement le faire. « Le Seigneur est l’esprit, mais là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté » 2 Corinthiens 3 : 17. Vivons cette liberté. Nous savons que le Père recherche des adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité. Le Seigneur Jésus aime avoir ceux qu’il a racheté rassemblés autour de Lui, le louant, le remerciant et l’adorant. Dieu le Père en est heureux. Et nous avons aussi besoin de ces moments dans la présence du Seigneur pour réchauffer nos cœurs et recentrer notre vision. Et nous avons besoin de ces moments régulièrement.

    Mise en pratique du symbole

    Le fruit de la vigne peut-il contenir de l’alcool ? Et le pain du levain ? à quelle fréquence devons-nous la célébrer ? Qui peut y prendre part ? Plusieurs coupes peuvent-elles être utilisées ? Bien que l’on trouve là quelques différences parmi les chrétiens, il y a virtuellement unanimité sur le fait que ce symbole ne doit pas être ignoré.

    Les Espèces :  le Nouveau Testament utilise deux mots grecs pour « pain » : azumos pour le pain sans levain, et artos pour le pain normal. Les descriptions de la Cène en 1 Corinthiens 11 et dans les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) utilisent tous le mot désignant le pain normal. L’expression « fraction du pain » mentionnée en Actes 2 : 24 et 20 : 7 utilise également le terme pour le pain normal. Sur la base de la connexion historique entre la Pâque (pendant laquelle tout levain devait être banni) et la Cène, une congrégation peut décider d’exclure le levain du pain utilisé pour la Cène. Mais insister sur cette pratique ira au delà de l’Écriture. Le « fruit de la vigne » se réfère probablement à du vin, mais le jus de raisin correspond également à cette description. Les deux le font. À certains endroits de notre planète, on ne peut pas trouver de pain ni de raisins. Est-il possible d’utiliser autre chose ? Nous recommandons à ces chers croyants de trouver deux éléments qui se rapprochent le plus possible du pain et du fruit de la vigne. Mais choisir arbitrairement des éléments de remplacement alors que ceux qui sont prescrits sont disponibles serait une distorsion des symboles.

    Lorsque Jésus a institué ce repas symbolique, il a pris le pain et a dit : « ceci est mon corps. » Ces mots ne doivent pas être pris littéralement. Le Seigneur Jésus ne suggérait pas qu’il avait deux corps, son corps incarné et un autre corps qu’il tenait dans ses mains. Puis, en prenant la coupe, il ajouta : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est versé pour vous » Luc 22 : 19-20. Il serait plus naturel de comprendre ces mots de manière figurée, comme lorsque Jésus disait « je suis la lumière » et « je suis la porte » (Jean 8 : 12 et 10 : 7). Le pain et la coupe sont utilisés de manière symbolique dans ce repas.

    Quand et à quelle fréquence : qu’a dit Jésus en instituant ce symbole ? Luc rappelle qu’il a dit « faites ceci en mémoire de moi » Luc 22 : 27. Dans les évangiles de Matthieu et de Marc, il n’y a aucune mention de répétition de l’événement. En 1 Corinthiens 11, nous trouvons deux fois « faites ceci en mémoire de moi (v. 24 et 25), et deux fois l’adverbe relatif hosakis, traduit par « toutes les fois que » ou « à chaque fois que » (v. 25-26). On trouve également ce mot une autre fois en Apocalypse 11 : 6, lorsque les deux témoins du Seigneur auront le pouvoir de faire des miracles « toutes les fois qu’ils le voudront ». Nous pouvons donc en conclure raisonnablement que l’intention du Seigneur était que ce repas symbolique devait être répété périodiquement, mais le Seigneur a choisi de ne pas dire à quelle fréquence. Nous en avons la liberté.

    Le Seigneur Jésus et ses disciples ont célébré la Fraction du Pain pour la première fois ce jeudi soir où il fut livré. Initialement, après la résurrection du Seigneur, les croyants participaient très fréquemment à ce repas du souvenir, peut-être même tous les jours. Aujourd’hui, de nombreuses congrégations célèbrent la Cène tous les mois, ou tous les trois mois, et quelques unes une fois par an. En chemin pour Jérusalem, Paul demeura sept jours en Troade. « Et le premier jour de la semaine [le dernier de Paul en Troade], lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain, Paul … après qu’il … eut conversé longtemps jusqu’à l’aube, il partit. » (Actes 20 : 6-11. Ce dimanche en Troade, l’événement habituel était de rompre le pain, l’événement spécial le long discours de Paul. Ceci nous donne l’indice d’une célébration hebdomadaire, littéralement « le premier jour après le sabbat », c’est à dire le dimanche. Le fait que Paul ait continué à prêcher toute la nuit suggère que la Cène était encore célébrée le soir. Ce schéma hebdomadaire trouvé en Troade peut-il être considéré comme une pratique générale dans l’église primitive ? sans doute oui, puisque des sources historiques non bibliques viennent également le conforter.

    En Actes 2 : 42, nous apprenons que l’église primitive « persévérait » dans la fraction du pain, lui donnant autant d’importance qu’à l’enseignement, la communion et la prière. Si une congrégation, aujourd’hui, regarde la célébration de la Cène comme un rituel mécanique qu’elle doit accomplir parce que c’est dans la Bible, elle sera encline à en amoindrir l’importance. Si une congrégation découvre, comme beaucoup de chrétiens dans l’église primitive, la joie, la force et la passion renouvelée que l’on trouve à mettre du temps à part pour célébrer ce repas symbolique tout en mettant le Seigneur au centre de son attention, je pense qu’elle se tournera fort heureusement vers un schéma proche de la pratique hebdomadaire.

    Avez-vous songé à cette réunion et à cette célébration du point de vue du Seigneur ? Pouvez-vous sentir Sa joie, Son plaisir et Sa satisfaction lorsque plusieurs de ceux qu’il a rachetés par sa mort se réunissent pour se souvenir de Lui et l’adorer ? Avez-vous vu l’étincelle de joie dans les yeux de certains grands-parents âgés lorsque leurs enfants et petits-enfants se rassemblent dans leur maison pour un repas d’anniversaire ? Le bonheur est partagé par tous ! Je pense parfois à ces sentiments profonds de tristesse exprimés par le Seigneur lorsqu’il considérait Jérusalem : « que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » Matthieu 23 : 37. Voulons-nous être rassemblés près de Lui ? Lui donnons-nous ce plaisir régulièrement ? Pour vous, la célébration de la Cène est-elle un temps de bonheur et de renouveau intérieur, ou simplement un devoir chrétien ? La vraie communion avec Christ régénère, restaure et éclaire le cœur. Le fait que nous savons qu’Il est heureux nous rend heureux. La joie du Seigneur est notre force.

    Mais le schéma de Troade doit-il être appliqué strictement partout et dans toutes les congrégations ? Probablement pas. Un exemple biblique ne doit pas être écarté à la légère. Des exemples peuvent être suggestifs. Et pourtant, il est faux et dangereux de tourner des exemples en commandements. Il peut y avoir de bonnes raisons locales de changer quelque peu les choses. Par exemple, dans la plupart des pays occidentaux, il a été plus pratique depuis des siècles de célébrer la Cène le dimanche matin.

    Les assemblées avec lesquelles nous travaillons ici en Colombie suivent ce schéma hebdomadaire. Mais parfois, une assemblée peut également célébrer la Cène à minuit, au début de la Nouvelle Année, avec alors le désir de donner au Seigneur la première place au commencement d’une nouvelle année. Ce jour peut être, ou ne pas être, un dimanche. À l’occasion, lorsqu’un croyant est malade et a dû rester à la maison pendant plusieurs semaines, l’assemblée peut s’arranger pour venir chez lui et célébrer la Cène l’après midi ou le soir. Ces dimanches-là, quelques uns d’entre nous auront alors célébré deux fois la Cène. Ce sont là des libertés scripturaires, qui doivent être exercées avec précaution. Les arrangements doivent être propices à un acte réel de souvenir. Que la Cène soit célébrée dans le local de réunion ou à la maison, l’assemblée locale est responsable de ce qui se passe. Ces événements spéciaux doivent être approuvés et organisés. L’ordre doit être maintenu dans l’Église.

    Qui peut participer ? L’invitation du Seigneur à tout croyant né de nouveau est « faites ceci en mémoire de moi ». Chaque église locale doit mettre en place un mécanisme pratique pour s’assurer que seuls, de vrais chrétiens participent à la Cène. L’Église locale ne devra pas autoriser un croyant qui vit dans l’immoralité ou qui « ne demeure pas dans la doctrine du Seigneur » à partager ce symbole (1 Corinthiens 5 : 1-13 – 2 Jean 1 : 9-10). De plus, pour nous assurer que nous y participons d’une manière convenable, nous devrions encourager chaque croyant à « s’éprouve[r] soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » 1 Corinthiens 11 : 27-28. Dans nos assemblées, nous parlons du filtre moral, du filtre doctrinal et du filtre de la conscience. Les deux premiers filtres sont de la responsabilité de l’assemblée locale, le troisième est personnel. Votre église locale utilise-t-elle ces filtres ? Y trouve-t-on de la dépendance vis à vis du Seigneur quant à ceux qu’il voudrait voir participer ? N’oublions jamais qu’il s’agit de la Cène du Seigneur.

  6. La distinction des sexes dans l’Église

    Depuis les jours de la création, nous remarquons que Dieu a créé deux sexes différents, et souhaite qu’ils restent distincts. L’unisexe n’est pas un concept divin. Notre position en tant qu’enfant de Dieu abolit toutes les distinctions sociales, sexuelles et de nationalité (Galates 3 : 26-28). Mais tandis que nous sommes toujours sur la terre, quelques unes de ces distinctions ont un effet pratique. Aux yeux du Seigneur, l’esclave et son maître ont la même valeur, mais en dehors de l’église, l’esclave et son maître ont chacun des responsabilités différentes. Pour des raisons qui lui sont propres, Dieu a choisi de donner aux hommes et aux femmes un rôle différent à la maison et dans l’église.

    Les lettres apostoliques à Timothée et à Tite, appelées les Épîtres Pastorales, contiennent des instructions pratiques pour la vie d’assemblée. En 1 Timothée 2, nous trouvons trois fois le mot grec hesuchios qui signifie tranquille, tranquillité. « J’exhorte donc … à ce qu’on fasse … des prières … pour les rois et pour tous ceux qui sont haut placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille. » (v. 2) « Que la femme apprenne dans le silence3, en toute soumission ; mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’user d’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence » (v. 11-12). Ce mot décrit l’attitude intérieure, la motivation intérieure, une caractéristique de l’esprit ou une disposition. C’est le calme et la tranquillité venant de l’intérieur. L’apôtre Pierre utilise aussi ce mot lorsqu’il fait ses recommandations aux épouses chrétiennes dont la beauté doit être celle de « l’homme caché du cœur , dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu » 1 Pierre 3 : 4. Ce mot met l’accent sur ce qui est intérieur.

    Il est clair que le contexte général de 1 Corinthiens 14 est l’Église. Dans ce chapitre, nous trouvons trois fois le mot grec sigao qui signifie « se taire ». Si quelqu’un parle en langues et qu’il n’y a pas d’interprète « qu’il se taise dans l’assemblée » v. 28. « s’il y a eu une révélation faite à un autre qui est assis, que le premier se taise » (v. 30) « Que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler ; mais qu’elles soient soumises, comme le dit aussi la loi. » (v. 34) Lorsque l’on compare ces trois passages proches, le sens de ce mot est tout à fait clair. S’il n’y a pas d’interprète, ou si l’Esprit de Dieu désire utiliser un autre frère, celui qui parle doit se taire. Les femmes ne doivent pas parler. Dans chaque cas, on s’attend à ce que le silence requis aille de pair avec l’attitude intérieure correcte. Sans cette attitude, l’obéissance à un commandement devient « pénible » (1 Jean 5 : 3). Mais ce mot met l’accent sur ce qui est extérieur.

    Des hommes chrétiens charnels peuvent trouver un certain plaisir à utiliser ces passages pour penser qu’ils sont supérieurs aux femmes, pour utiliser ces directives divines pour leur propre bénéfice personnel. Les hommes chrétiens spirituels saisiront leur responsabilité devant Dieu comme devant fournir une direction saine et sortir de la coquille spirituelle passive qui leur est naturelle, pour conduire.

    Une action symbolique nous a été donnée pour aller de pair avec cette distinction des sexes. Les hommes croyants doivent avoir la tête nue et prendre l’initiative dans la conduite et l’enseignement, tandis que les femmes croyantes doivent avoir la tête couverte. Les sœurs, avec tous ceux qui ne sont pas à la tête, peuvent soutenir, seconder et ainsi encourager leurs conducteurs masculins (Hébreux 13 : 7, 17). Quiconque est à la tête a besoin d’un appui. Les rôles différents selon les sexes, ainsi que le symbole, ne reflètent pas une différence en valeur ou en intelligence, ni en capacité ou en spiritualité. « ni la femme n’est sans l’homme, ni l’homme sans la femme, dans le Seigneur». 1 Corinthiens 11 : 11-12. Dans la famille comme dans l’assemblée, nous avons besoin les uns des autres. Une assemblée qui n’a aucune procédure pour consulter, informer et impliquer ses sœurs est comme un mari qui n’a pas égard à sa femme ni ne la consulte. Au mieux, ils resteront dans la médiocrité. L’homme et la femme ne sont pas indépendants. Et cela s’applique aussi à l’église.

  7. Tête nue ou tête couverte

    En 1 Corinthiens 11, nous trouvons des instructions au sujet de ce troisième symbole chrétien : les hommes doivent avoir la tête nue et les femmes doivent couvrir la leur lorsqu’ils (elles) prient ou prophétisent. Sans vouloir amoindrir la validité de ce symbole, il est important de souligner plusieurs différences significatives entre ce symbole et les deux précédents. Le baptême chrétien et la Cène sont mentionnés de nombreuses fois et dans plusieurs livres de la Bible. Il n’est parlé qu’une fois du symbole « tête nue tête couverte », en 1 Corinthiens 11. En soi, ce n’est pas un problème, mais cela signifie qu’il nous faut être attentifs quant à nos conclusions. Si des différences quant aux détails des deux premiers symboles subsistent entre des chrétiens sérieux et fondés, il nous faut véritablement étudier avec précision et appliquer avec grâce celui-là. Le baptême et la Cène sont directement reliés à Christ et à son œuvre de salut, qui sont des doctrines fondamentales. Il est évident que ce troisième symbole ne se place pas au même niveau que les deux premiers, et pourtant, c’est un symbole biblique chargé d’une signification. Comme toute autre portion de l’Écriture, il est inspiré de Dieu et nous devons le prendre au sérieux.

    Si cela peut aider, regarder des billets de 10 $, 50 $ et 100 $. Chaque billet est différent, et pourtant, chacun est émis par la même Banque Centrale. Chacun est d’un usage général et « indéfini ». Le même gouvernement répond de chacun d’eux. Nous pourrions personnellement être enclins à préférer les billets de 100 $ à ceux de 50 $, mais il n’y a aucune raison pour ne pas se servir d’un billet de 10 $. Ils ont chacun leur rôle. Il est évident qu’à maints endroits, ce troisième symbole a été mis de côté ou s’éteint progressivement. C’est pourquoi nous l’étudierons de manière plus détaillée.

    Le côté « tête nue » : dans beaucoup de civilisations, les hommes doivent se découvrir en signe de respect. Il est grossier de garder son chapeau sur sa tête lorsque l’on chante l’hymne national, ou que l’on entre chez quelqu’un, ou dans un restaurant, un théâtre ou la plupart des édifices religieux. Ceci fait que la plupart des hommes se découvriront d’emblée la tête pendant une réunion d’assemblée, peut-être pas vraiment en obéissance à 1 Corinthiens 11, mais afin de ne pas paraître grossiers. Du fait de cette motivation culturelle, le côté « tête nue » du symbole est toujours pratiqué dans la plupart des congrégations chrétiennes aujourd’hui.

    Le côté « tête couverte » : l’acte symbolique par lequel les femmes se couvraient la tête au cours d’une réunion d’église était habituel dans pratiquement toutes les congrégations catholiques, protestantes et orthodoxes. Au cours du siècle dernier, et en particulier à partir des années 1960, ce symbole est devenu de moins en moins usuel. Ce changement a été plus ressenti dans certaines cultures que dans d’autres. Actuellement, les femmes chrétiennes qui se couvrent la tête sont minoritaires. Il est très possible que la pression sociale exercée par le mouvement de libération des femmes a affecté notre manière de penser chrétienne, nous mettant mal à l’aise par rapport à la distinction biblique faite entre l’homme et la femme. Il est possible qu’une domination masculine et des limitations arbitraires exagérées, appliquées par des esprits étroits, même parmi les chrétiens, ont alimenté cette forte réaction. Ce changement d’arrière-plan culturel nous rend difficile, au troisième millénaire, l’approche de ce troisième symbole d’une manière réellement objective.

    Dans certaines cultures, comme par exemple dans certaines parties d’Afrique et dans les pays musulmans, les femmes ont l’habitude de se couvrir la tête en public. Ce symbole « tête nue – tête couverte » y requiert moins d’explications et est plus facilement accepté. En fait, le danger est pour les sœurs de se couvrir la tête sans savoir pourquoi elles le font.

    En ce qui concerne ce processus de changement que nous observons, on a l’impression qu’au départ, le symbole « tête nue – tête couverte » est mis de côté, et ensuite, en second lieu, les instructions apostoliques données avec ce symbole sont également écartées. Avant de suivre cette mode, nous devons nous interroger. Cette démarche nous rapproche-t-elle ou nous éloigne-t-elle du dessein des Écritures ?

    Quelques observations sur 1 Corinthiens 11

    Comme nous l’avons déjà noté, il n’y a que dans ce chapitre que nous trouvons ce symbole « tête nue – tête couverte ». Si vous l’étudiez en cherchant à être éclairé,  vous pourrez trouver utiles les observations suivantes.

    (a)      Était-ce simplement quelque chose de culturel ? ce symbole « tête nue – tête couverte » avait-il une signification sociale pour les habitants de Corinthe lorsque ces instructions ont été données ? Comme vous pourrez l’avoir découvert, les historiens et les experts ont émis beaucoup d’idées divergentes. Le fait que l’apôtre demande à ses lecteurs « Jugez-en vous-mêmes : est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être couverte ? » (v. 13) signifie que se couvrir ou se découvrir la tête avait une signification reconnue dans cette culture. Actuellement, il est de pratique courante pour les hommes juifs de se couvrir la tête dans les synagogues pour lire, prier et rendre grâces. Mais c’est une coutume relativement récente, qui n’était pas pratiquée à l’époque où Paul écrivait l’épître aux Corinthiens (v. 4). Beaucoup de films et de livres pour enfants font des erreurs sur ce point. En ce qui concerne le temple, la Loi de Moïse demandait aux sacrificateurs de se couvrir la tête lorsqu’ils servaient le Seigneur (Exode 28 : 4). Au début de l’histoire de l’Église, nous lisons qu’ « une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi. » (Actes 6 : 7). Pour ces hommes, les instructions de Paul de se découvrir la tête lorsqu’ils priaient ou prophétisaient devaient être culturellement inconfortables. Peut-être certains d’entre eux se trouvaient-ils parmi les  « contestataires » ! (1 Corinthiens 11 : 16). Le symbole « tête nue – tête couverte » tel que décrit par l’apôtre Paul est plus qu’une adaptation de ce qui était socialement correct.

    (b)   Comment Paul argumente-t-il cette pratique ? Le symbole « tête nue – tête couverte » et la distinction entre les sexes qu’il représente a pour origine un argument doctrinal plutôt que culturel. Dieu n’a pas créé l’homme et la femme simultanément. Il a choisi de créer d’abord l’homme et ensuite la femme. En d’autres mots, ce que l’apôtre utilise pour motiver le rôle différent des hommes et des femmes dans l’Église et ce symbole, c’est l’ordre de Dieu lors de la Création (v. 8 – 9). Il n’utilise pas un argument social ou culturel comme « cela semble juste » ou « les femmes bavardent trop » ou « nous ne voulons pas choquer ceux qui viennent de l’extérieur ». Un argument doctrinal similaire est donné en 1 Timothée 2 : 11-14, qui est également dans le contexte des instructions pour l’Église (1 Timothée 3 : 15).

    Certaines instructions bibliques ont des racines culturelles. Lorsque la culture change, l’expression extérieure d’une instruction peut également changer. Par exemple, en Romains 16 : 16, nous lisons « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. » Notez qu’il n’y a aucune base doctrinale pour ce saint baiser. C’est l’expression culturelle d’une directive doctrinale sur l’ « amour fraternel » Romains 12 : 10. Ici en Colombie, les seuls hommes qui s’embrassent sont ouvertement homosexuels. Nous les chrétiens n’exprimons certainement pas notre amour fraternel avec un « saint baiser », mais avec une chaleureuse poignée de main et, à l’occasion, avec une accolade.

    (c)     Ces instructions ne s’adressaient-elles qu’à Corinthe ? Tous les enseignements contenus dans cette épître aux Corinthiens sont également adressés à « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ » 1 Corinthiens 1 : 2. Si nous acceptons la ponctuation donnée dans la plupart des traductions, nous devrions lire en 1 Corinthiens 14 : 33-34 : « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées » (L. Segond). On peut en conclure tout à fait naturellement que l’ordre masculin – féminin, ainsi que ce symbole (et les autres instructions de l’épître aux Corinthiens) ont été donnés pour une application générale, tout comme le baptême et la Cène. D’après les remarques finales de Paul, nous pouvons penser que dans l’Église primitive également ce sujet générait quelques controverses parmi les croyants : « si quelqu’un paraît vouloir contester, nous, nous n’avons pas une telle coutume, ni les assemblées de Dieu. » (v. 16).

    (d)  La longue chevelure peut-elle être ce qui couvre la tête ? Dieu a créé l’homme et la femme, et désire qu’ils restent différents l’un de l’autre. Les cheveux plus longs pour la femme et plus courts pour l’homme peuvent être compris comme l’une des nombreuses différences. Le verset 15 dit « parce que la chevelure lui est donnée en guise de voile4. ». Certains concluent de ce verset que la longue chevelure est le couvre-chef dont il est parlé dans ce chapitre. Mais 1 Corinthiens 11 contient deux mots grecs différents pour cette idée de tête couverte : katakalupto, utilisé cinq fois dans les versets 5, 6 (2 fois), 7 et 13 ; et peribolaion, utilisé une fois au verset 15. Le choix d’un nouveau mot au verset 15 suggère que l’apôtre désirait marquer une différence entre le couvre-chef et la longue chevelure. Cette idée est confirmée lorsque nous remarquons que (a) la longue chevelure est définie comme la gloire de la femme (v. 15), et le couvre-chef une marque d’autorité (v. 10) ; (b) porter une longue chevelure est une manière de vivre, le couvre-chef un symbole à utiliser dans certaines situations (v. 4-5) ; (c) si la longue chevelure est le couvre-chef, alors nous perdons la symétrie : les hommes ôtant quelque chose, et les femmes mettant quelque chose, sur leurs têtes (v. 4-5) ; (d) si la longue chevelure est le couvre-chef, les versets 5 et 6 auraient une signification quelque peu contradictoire, car il faudrait alors lire quelque chose comme « si une femme n’a pas une longue chevelure, elle doit se faire couper les cheveux. » Avoir une longue chevelure et la tête couverte sont deux choses distinctes.

    (e)  Pour qui est ce symbole ? Lorsque nous mangeons le pain et buvons la coupe, nous nous souvenons du Seigneur. Lorsque nous sommes plongés dans l’eau, nous vivons le drame de mourir et d’être ensevelis avec Christ, puis ressuscités à une nouvelle vie. Dans ces actes symboliques, nos sens physiques sont impliqués. À qui profite la pratique et l’observation du symbole « tête nue – tête couverte » ? En 1 Corinthiens 11 : 3, l’apôtre enseigne que « le chef de tout homme, c’est le Christ, et que le chef de la femme, c’est l’homme. » Les mots traduits par « femme » et « homme » auraient pu l’être par « épouse » et « mari », comme cela est fait en Tite 1 : 6. Les traducteurs s’appuient sur le contexte pour décider lesquels utiliser. De ce point de vue du mari et de sa femme, ce symbole « tête nue – tête couverte » serait un signe visible que l’ordre de Dieu dans la vie de famille est pris au sérieux (et pas seulement lorsque ce symbole est utilisé). Cette interprétation serait au bénéfice de l’unité de la famille. Un ami américain m’a récemment fait remarquer : « une distorsion du symbole survient lorsque une femme se couvre la tête dans l’assemblée, mais porte la culotte à la maison ! » Du point de vue de l’Église, qui est le contexte naturel de 1 Corinthiens 11, lorsqu’une sœur est couverte, son rôle particulier de soutien lors des réunions d’assemblée lui est de nouveau rappelé. Lorsque les frères ont la tête nue, et voient les sœurs couvertes, ils se rappellent leur propre responsabilité devant Dieu. C’est pourquoi les frères comme les sœurs en bénéficient. Mais il y a plus, il y a le point de vue des anges. « C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité à laquelle elle est soumise. » (v. 10). D’une certaine manière, le Seigneur enseigne ainsi quelque chose aux anges, qui sont les témoins silencieux de nos activités d’église (Éphésiens 3 : 10 – 1 Timothée 5 : 21).

    (g)  Comment cela symbolise-t-il l’autorité ? Au verset 10, le couvre-chef est décrit comme un signe, une marque ou un symbole de « l’autorité sur sa tête ». Historiquement, le verset 10 est associé avec le verset 3 : « le chef de la femme, c’est l’homme » et il est alors conclu que le couvre-chef est un signe qu’elle est sous la direction et l’autorité de l’homme. Il est vrai que dans l’église, la femme est sous la direction de l’homme, mais le couvre-chef représente-t-il nécessairement cette relation ? Le mot autorité du verset 10 est la traduction du mot grec exousia, qui peut être traduit par « qui a la permission de » ou « capacité ou force », jusqu’à la notion de « puissance de gouvernement ». Il est utilisé presque cent fois dans le Nouveau Testament, pour exprimer des formes et des degrés variés d’autorité, mais toujours dans le sens d’avoir autorité ou d’agir avec autorité. Les mots du centurion romain, lorsqu’il dit « moi aussi, je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui » en Matthieu 8 : 9 et Luc 7 : 8, sont les deux exceptions. Dans les deux cas, la préposition upo (sous) est ajoutée. Il est possible que le mot autorité dans le verset 10 suggère que le couvre chef est un symbole qui montre aux anges que la femme est sous autorité, a   reçu une autorité, et agit avec cette autorité déléguée. Par exemple, le képi d’un policier l’identifie comme un homme sous l’autorité d’autrui, et agissant avec autorité. Cela ne veut pas dire qu’une sœur peut exercer l’autorité dans l’assemblée, car cela serait en conflit avec les directives de soumission et de silence (1 Corinthiens 14 : 34) et l’interdiction d’enseigner ou d’user d’autorité sur l’homme (1 Timothée 2 : 12). Mais si cette interprétation est correcte, elle suggérerait que cette sœur peut, peut-être au premier degré, couvrir sa tête lorsqu’elle prie ou prophétise activement et à voix haute. Mais avant de tirer des conclusions définitives, il doit être souligné que le mot « marque » utilisé dans ce verset 10 est un mot ajouté, qui n’est pas présent dans le texte grec. Littéralement, le verset se lit « C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête l’autorité à laquelle elle est soumise ». Cette ambiguïté dans le texte laisse ouverte la possibilité d’interprétations alternatives.

    (h) Était-ce simplement l’idée de Paul ? L’apôtre Paul a utilisé les mots « instructions », « traditions » ou « enseignement » (11 : 2) avant de décrire tout ce qui suit : le symbole tête nue – tête couverte (11 : 3-16), le symbole de la Cène (11 : 17-34), l’ordre dans l’usage des dons spirituels (12 : 1 – 14 : 25), et qui et quand quelqu’un peut parler lors des réunions d’assemblée (14 : 26-40). L’apôtre finit alors cette section en affirmant que « les choses que je vous écris sont le commandement du Seigneur » (14 : 37). L’apôtre pouvait-il trouver un langage plus fort ? En d’autres mots : « prenez au sérieux ce que je viens de finir de vous écrire. Soumettez-vous y. Ne le changez pas. Ne l’ignorez pas. Mettez-le en pratique. » Ce verset imprime l’autorité du Seigneur Jésus sur les enseignements qui précède. Le vrai danger, c’est d’utiliser l’affirmation forte de l’apôtre pour imposer ou mettre en avant notre interprétation ou notre mise en pratique particulières des sujets ci-dessus. Il n’y a que ce qui est écrit qui est le « commandement du Seigneur ». Tout le reste, aussi noble, pratique soit-il, aussi imprégné dans notre mise en pratique collective soit-il, n’est qu’habitude personnelle, préférence personnelle et conviction personnelle. Nous devons apprendre à discerner et nous soumettre humblement aux Écritures. Rien qu’à l’Écriture. À toute l’Écriture.

    Mise en pratique du symbole

    Les seuls versets à notre disposition définissant cette mise en pratique du symbole sont ceux-ci : « Tout homme qui prie ou qui prophétise en ayant quelque chose sur la tête, déshonore sa tête ; et toute femme qui prie ou qui prophétise, la tête découverte, déshonore sa tête, car c’est la même chose qu’une femme qui serait rasée. … C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité à laquelle elle est soumise. … Jugez-en vous-mêmes : est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être couverte ? » 1 Corinthiens 11 : 4-13.

    Pouvons-nous changer de symbole ? Certains suggèrent qu’étant donné que ce symbole de « tête nue – tête couverte » ne signifie plus rien dans notre culture moderne, nous devrions essayer d’exprimer cette même réalité d’une manière plus appropriée. Il n’est pas suggéré de changer l’ordre dans l’Église, mais de trouver un symbole plus identifiable qui différencierait les hommes et les femmes, et exprimerait l’idée d’ordre et d’autorité d’une manière que notre culture actuelle pourrait comprendre. Il est vrai que nous devons constamment mettre à jour notre vocabulaire, nos cantiques et nos méthodes d’évangélisation et d’enseignement pour toucher les générations successives. Mais on rencontre des difficultés basiques à vouloir mettre à jour un symbole : (1) Nous perdrions l’universalité : puisque le monde contient des cultures tellement variées et changeantes, il faudrait trouver pour chacune son propre nouveau symbole. Nous finirions avec des centaines de symboles ! (2) Changements supplémentaires : le baptême et la Cène sont-ils réellement compris dans notre culture actuelle ? Je ne pense pas. Si nous changeons un symbole, comment justifierions-nous de ne pas toucher aux autres ? (3) Exemples de changement : nous avons toujours noté le courroux divin lorsque d’aucuns essayaient d’altérer un symbole donné par Dieu dans l’Ancien Testament. (4) La plupart des symboles nécessitent une explication : une fois qu’un symbole est compris, il renaît à la vie. Se pourrait-il que le problème principal avec ce symbole « tête nue – tête couverte » n’est pas le symbole lui-même, mais l’ordre et la limitation qu’il représente ? Si nous remplacions le couvre-chef par un joli « badge » attractif, cela empêcherait-il certaines sœurs de diriger et d’enseigner dans les églises ? Si nous autorisons un croyant à garder son chapeau, et à remplacer le fait que sa tête soit découverte par un « badge d’une autre couleur », cela le rendrait-il plus actif quant à la prière et la prophétie ? Je ne crois pas.

    Quand utiliser ce symbole ? Nous lisons en 1 Corinthiens que « tout homme qui prie ou qui prophétise en ayant quelque chose sur la tête, déshonore sa tête » (v. 4) et que « toute femme qui prie ou qui prophétise, la tête découverte, déshonore sa tête » (v. 5). Les chrétiens sincères se posent alors des questions telles que : cette prière ou prophétie doit-elle être mentale ou audible ? Cela comprend-il le chant ? est-ce personnel ou public ? Cela doit-il s’appliquer au cours des réunions d’assemblée, ou également à la maison ? Cela s’applique-t-il lorsque nous prions au travail, dans la rue, en faisant de la moto (avec un casque), ou que nous sommes au lit ? Cela s’applique-t-il lorsque nous répondons à des questions « spirituelles » au cours de conversations courantes en société ? Cela s’applique-t-il lorsqu’une sœur donne des cours bibliques à des enfants dans le local de l’assemblée ou dans une école laïque ? Ce symbole doit-il être utilisé lorsque nous « prions et prophétisons » activement, ou lorsque nous écoutons d’autres « prier et prophétiser » ? Écouter prophétiser est-il la même chose que prophétiser ? Ce symbole de « tête nue – tête couverte » s’applique-t-il lorsque nous écoutons une émission de radio ou un programme télé ? Ou lorsque nous lisons la Bible ou un livre chrétien ?

    Nous trouvons des réponses très claires dans l’Écriture pour certaines questions. Sur d’autres points, les Écritures le sont moins. Le Seigneur a choisi de nous donner une liberté complète vis-à-vis de certains aspects. Mais il est clair que, quant à notre propre conduite, nous devons prendre des décisions au sujet des questions ci-dessus. Agir en étant continuellement tourmenté par des doutes et l’incertitude n’est pas sain et ne plaît pas au Seigneur (Romains 14 : 22-23). Si nous ne réfléchissons pas à ces questions, notre conduite reflètera simplement des préférences, des réactions à des frustrations, à l’éducation religieuse, ou alors la pratique de ceux qui nous entoure. Je suis de cœur avec vous. Ces questions ne sont pas simples. Mais le Seigneur peut nous guider et nous donner la paix.

    Le choix de « toujours » : certaines sœurs, en considérant l’injonction de « prier sans cesse » de 1 Thessaloniciens 5 : 17, ont choisi d’avoir constamment la tête couverte dès qu’elles sont réveillée ou dès que quelque chose qui pourrait être qualifié de « spirituel » survient. Leurs homologues masculins ne mettent jamais de chapeau. Ils ne désirent pas « prendre de risque ». Ils sont libres de le faire, mais le fait que les restrictions « prier » et « prophétiser » sont explicitement mentionnées dans le texte va à l’encontre de cette interprétation par « toujours ».

    Le choix de « jamais » : beaucoup d’encre a coulé depuis les années 1960 pour justifier ce choix actuellement populaire du « jamais ». Vous avez peut-être déjà lu des articles à ce sujet. Nous avons traité plus haut certains de ces arguments-clés. Il me semble très peu vraisemblable que nous puissions arguer être fidèles à l’esprit des Écritures si nous choisissons de passer complètement outre ce symbole.

    Le choix « intermédiaire » : si l’esprit de l’Écriture n’est pas « toujours » ni « jamais », la mise en pratique désirable doit se trouver quelque part au milieu de ces deux positions. J’ai remarqué qu’il est simplement impossible de trouver une position intermédiaire qui apaise toutes les consciences spirituelles et fondées dans la Parole de Dieu.

    Quelques modèles : certaines congrégations, pour ne pas ignorer totalement ce symbole, encouragent les sœurs à se couvrir la tête seulement au cours de la Cène. Dans certaines régions, les sœurs ne le font que pendant les prières. D’autres se couvrent également lorsqu’elles louent le Seigneur en chantant (ce qui est une prière chantée) et lorsqu’elles chantent des cantiques de doctrine ou de témoignage (ce qui peut être classifié dans la prophétie). Certaines se couvriront et se découvriront plusieurs fois au cours d’une même réunion. D’autres sœurs ne se couvriront que lorsqu’elles « prient ou prophétisent » à voie haute, par exemple lorsqu’elles prient ou enseignent au cours d’une leçon d’école du dimanche ou durant des réunions de sœurs. D’autres suggèrent que « prier et prophétiser » est une façon de dire « lorsque l’assemblée se réunit », et utilisent le symbole « tête nue – tête couverte » uniquement pendant les réunions d’assemblée.

    Ce que nous faisons à Armenia : l’assemblée dont notre famille fait partie a commencé à se réunir dans un salon il y a environ six ans. Après nous être accrus, nous avons déménagé dans un garage, et maintenant sommes reconnaissants d’avoir notre propre local. Pratiquement dès le début, nous avons étudié la question : comment devions-nous prendre en compte l’existence de ce symbole « tête nue – tête couverte » ? En pratique, nous encourageons les sœurs à se couvrir, et les frères à se découvrir pendant les réunions principales d’assemblée (Actes 2 : 42), c’est-à-dire au cours de la Cène, des réunions de prière et des études bibliques. Nous ne considérons pas les occasions telles que les mariages, les enterrements, les anniversaires et les réunions d’évangélisations faites à la maison comme des réunions d’assemblée. Pour prendre en compte le côté « prophétie » de cette instruction, les sœurs sont également encouragées à se couvrir lorsqu’elles enseignent les enfants à l’école du dimanche, ou lorsqu’elles dirigent, enseignent et prient au cours de leurs réunions de sœurs le mercredi après midi. Si, selon leur conscience, certaines sœurs désirent utiliser ce symbole à d’autres occasions, pas de problème. Si, pour une raison quelconque, une sœur oublie d’apporter de quoi se couvrir pour la réunion d’études bibliques, ou bien si une visiteuse arrive tête nue, ou si un visiteur entre avec un chapeau ou une casquette, nous les accueillons avec joie. Nous pensons qu’il s’agit d’une question de transition, et prions le Seigneur afin qu’il puisse les bénir au moyen de l’étude de Sa parole.

    Le modèle d’Armenia est-il la solution parfaite ? Qu’en pensez-vous ? Je suis sûr que certains croyants sincères et fondés le considèrent comme trop libre et flexible. D’autres le verront comme inutilement restrictif. J’ai suivi ce débat depuis un certain nombre d’années, et suis donc convaincu de deux choses : (1) l’esprit de l’Écriture doit être une position « intermédiaire », et (2) une position « intermédiaire » parfaite n’existe pas. Certains points de vus « intermédiaires » sont plus faciles à défendre que d’autres, mais chacun est susceptible d’être critiqué valablement jusqu’à un certain point. Nous devons apprendre, par conséquent, à être honnêtes devant le Seigneur, et à vivre dans une certaine tension. La maturité conduira à assumer un certain niveau de tension, du fait que nous chercherons à aimer et ne pas juger ceux qui en toute bonne foi ont une opinion divergente par rapport à nos propres conclusions.

  8. Conclusion

Il est tout à fait évident d‘après les Écritures que notre Seigneur Dieu a choisi d’utiliser des symboles et des actes symboliques pour nous enseigner des réalités spirituelles, pour nous aider à visualiser des concepts, et nous aider à nous souvenir des instructions et des événements importants. Nous avons exploré trois symboles conçus pour les chrétiens : le baptême, la Cène et l’acte de se couvrir et de se découvrir.

Si le Seigneur Jésus, comme chef de son Église, a choisi de nous donner de tels symboles, il ne serait pas correct de les mépriser ou simplement de les laisser de côté. Nous remarquons que les juifs, les musulmans, les bouddhistes, les sikhs et les personnes d’autres confessions se sentent à l’aise, et même fiers, d’utiliser leurs propres symboles ou de se livrer à leurs actes symboliques. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les chrétiens ? s’il est mal d’ignorer un symbole chrétien, il est également mal de trop insister dessus, en lui donnant des pouvoirs spéciaux ou un degré d’importance qu’on ne trouve pas dans l’Écriture. L’essence du Christianisme ne réside pas dans ses symboles. Nous les utilisons par obéissance, non parce qu’ils sont indispensables. En tant que chrétiens, « nous servons dans un esprit nouveau, et non selon la lettre qui a vieilli » Romains 7 : 6 (L. Segond).5

Pour finir, il peut être utile de citer deux versets en dehors de leur contexte : « que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit. » et « bienheureux est celui qui ne se juge pas lui-même en ce qu’il approuve » Romains 14 : 5 et 22. Essayez d’examiner ces questions avec ceux qui sont à la tête de votre église locale. Utilisez votre vision biblique pour influencer, et non pour entrer en conflit (Hébreux 13 : 17). J’ai travaillé avec beaucoup de nouveaux convertis qui ne voulaient pas être baptisés ni participer à la Cène. Avec le temps, les choses changent. Lorsque l’Écriture est claire, le Seigneur désire de notre part une obéissance d’enfant. Mais il faut du temps pour acquérir des convictions, et elles ne peuvent être imposées. Contraindre à des changements dans le domaine spirituel peut apporter des résultats à court terme au prix d’un manque de profondeur ou d’amertume à long terme.

La force de notre enseignement doit se concentrer d’abord sur la réalité pratique de vivre en communion avec Christ. Ceci nous gardera de toute approche légaliste, inflexible, ritualiste, du symbolisme chrétien. Son but est de compléter, d’illustrer, de renforcer, d’aider à se souvenir, … pas de réduire en esclavage. Le Christianisme appartient à une nouvelle dispensation, il repose sur une nouvelle alliance. Dans la foi chrétienne, la réalité interne de communion avec le Seigneur est infiniment plus importante que toute forme extérieure ou symbolisme.

Annexe : Autres symboles chrétiens possibles

Maintenant que vous avez consacré du temps à examiner l’usage de symboles chrétiens, vous pourriez désirer explorer quelques autres possibilités. Rappelons qu’un symbole est une chose tangible ou une procédure physique qui a été choisie pour représenter quelque chose d’autre. Avec des symboles, le visible est utilisé pour exprimer quelque chose d’abstrait, d’absent ou d’invisible. Jusqu’ici, nous avons considéré trois d’entre eux : le baptême, la Cène, et le symbole « tête nue – tête couverte ». Et pourtant, dans le Nouveau Testament, nous remarquons la présence de quelques autres choses qui pourraient être considérées comme des symboles et des actes symboliques. Les exemples suivants ne portent pas avec eux le poids d’être des instructions données par notre Seigneur Jésus ; ils ne sont pas non plus ancrés dans un ensemble de commandements des apôtres, et pourtant ils sont là. Je désire ici simplement mentionner ceux que j’ai observés (vous pouvez peut-être en trouver d’autres) et vous faire part de mes premières observations à leur sujet.

Pour chaque symbole potentiel, nous devrions nous poser les questions suivantes : (1) est-ce réellement un symbole? Ou une image (comme les clés de Pierre), une expression culturelle (comme le saint baiser), ou une illustration (comme la relation de mariage) ? (2) Ce symbole est-il quelque chose de local et restreint à une seule culture ou à un moment particulier dans l’histoire ? Ou est-ce quelque chose d’intemporel et d’universel, quelque chose qui peut continuer partout ? (3) Ce symbole est-il privé ou personnel, ou peut-il être exprimé collectivement ? (4) L’utilisation de ce symbole est-elle obligatoire ? Ou bien suggérée, utile ou simplement facultative ?

Avant de continuer, juste un mot d’avertissement. Se concentrer sur les symboles et ce qui est extérieur peut représenter un réel danger. Notre Seigneur Jésus en a souligné le premier : en voyant le cœur des pharisiens et des docteurs de la Loi, il remarquait : « ils font toutes leurs œuvres pour être vus des hommes » Matthieu 23 : 5. La chair en nous aime que les autres pensent que nous sommes « spirituels ». Un autre danger, c’est se sentir tellement à l’aise quant à la « forme » de nos réunions et de notre fidélité personnelle à certains symboles que nous ne voyons pas que nous entravons la libre action de l’Esprit de Dieu. Nous pouvons devenir comme ceux qui ont « une forme de piété » mais en ont renié la puissance (2 Timothée 3 : 5). À chaque fois qu’il y a la « forme » sans puissance spirituelle, la loi domine. L’utilisation de symboles et de ce qui est extérieur peut devenir un outil de manipulation pour exercer un pouvoir sur d’autres. Ceci est un troisième danger.

  1. Symboles possibles, en relation avec la prière

    S’agenouiller pour prier

    Quelle position devons-nous adopter lorsque nous prions ? Cela a-t-il de l’importance ? Dans les Écritures, nous voyons des croyants qui prennent des positions différentes devant le Seigneur. Lorsque Élie a prié pour qu’il pleuve, « il se courba jusqu’à terre, et mit sa face entre ses genoux. » 1 Rois 18 : 42. Lors de la dédicace du Temple, tous les israélites « s’inclinèrent le visage en terre sur le pavement, et se prosternèrent, et célébrèrent l’Éternel. » 2 Chroniques 7 : 3. Sept mille hommes furent loués parce que leurs « genoux (…) n’ont pas fléchi devant Baal » 1 Rois 19 : 18. L’acte de s’agenouiller est clairement symbolique. Il peut être compris comme un symbole de respect, d’humilité, de sérieux, de dépendance totale. Ce sens était toujours actuel aux temps du Nouveau Testament. Certains s’agenouillaient devant Jésus pour demander son aide (Marc 1 : 40 ; 10 : 17). En agonie au Mont des Oliviers, nous lisons que le Seigneur « s’étant mis à genoux, il priait. » Luc 22 : 41. Matthieu ajoute « il tomba sur sa face » Matthieu 26 : 39. Avant de crucifier Jésus, comme une mauvaise plaisanterie, les soldats, « se mettant à genoux, (…) lui rendaient hommage. » Marc 15 : 19.

    Après avoir fait sortir ceux qui menaient deuil hors de la chambre où reposait le corps mort de Tabitha, Pierre, « s’étant mis à genoux, pria » Actes 9 : 40. Nous trouvons également des exemples d’agenouillement collectif. Lorsque Paul dit au revoir aux saints d’Éphèse, « il se mit à genoux et pria avec eux tous. » Actes 20 : 366. Après sept jours avec les croyants de Tyr, il était temps de se remettre en route. « tous nous accompagnèrent avec femmes et enfants jusque hors de la ville ; et nous étant mis à genoux sur le rivage, nous priâmes. » Actes 21 : 5.

    L’agenouillement n’est pas considéré comme une posture standard pour toutes les prières. Nous lisons que certains se tenaient debout devant le Seigneur (Deutéronome 29 : 10-15; Marc 11 : 25), certains, avec révérence, priaient et méditaient même dans leur lit (Psaume 66 : 6 ; 1 Rois 1 : 47-48). Nous ne trouvons nulle part une directive ou un commandement de nous agenouiller pour prier. Mais la pratique de ce symbole est absolument évidente dans l’Église du Nouveau Testament. Diriez-vous que c’est un symbole chrétien ? Devrions-nous inciter à sa pratique tant à la maison que dans les réunions d’assemblée ?

    Élever les mains pour prier

    Ayant été élevés au sein d’une famille chrétienne, la plupart d’entre nous ont été enseignés à prier en joignant les mains et en fermant les yeux. Avec quatre enfants à la maison, l’utilité de cette tradition humaine est évidente. Elle restreint simplement les distractions extérieures. Et pourtant, lorsque nous devenons adultes, nous continuons à joindre les mains et à fermer les yeux ! Trouvons-nous quelque chose d’équivalent dans les Écritures ? Lorsque Jésus a commencé sa longue prière d’intercession en Jean 17, nous lisons : « Jésus dit ces choses ; puis levant ses yeux au ciel, il dit : Père … » (v. 1). Pendant qu’il accomplissait deux miracles, il nous est dit que Jésus parla en « regardant vers le ciel » (Marc 6 : 41 – 7 : 34). Nous devrions peut-être essayer cela la prochaine fois que nous prions en plein air !

    Mais qu’en est-il de nos mains ? Nous nous souvenons que Moïse éleva ses mains un certain nombre de fois : « j’étendrai mes mains vers l’Éternel » Exode 9 : 29. Le psalmiste chante « Au jour de ma détresse j’ai cherché le Seigneur ; ma main était étendue durant la nuit et ne se lassait point » Psaume 77 : 2. et « j’ai crié à toi, Éternel, tous les jours ; j’ai étendu mes mains vers toi. » Psaume 88 : 9. « Élevez vos mains dans le lieu saint, et bénissez l’Éternel ! » Psaume 134 : 2. David chante : « J’étends mes mains vers toi ; mon âme, comme une terre altérée, a soif de toi. » Psaume 143 : 6. « quand Salomon eut achevé d’adresser à l’Éternel toute cette prière et cette supplication, il se leva de devant l’autel de l’Éternel, où il était à genoux, ses mains étendues vers les cieux » 1 Rois 8 : 54. Honteux et confus, Esdras nous dit « je me levai de mon humiliation, et (…) je m’agenouillai, et j’étendis mes mains vers l’Éternel, mon Dieu, et je dis ‘mon Dieu …’ » Esdras 9 : 5.

    Parfois, l’élévation des mains peut être comprise au figuré, mais dans la plupart des cas, c’est un acte symbolique physique réel. Que peut représenter cet acte symbolique ? Peut-être reflète-t-il la dépendance, l’ouverture du cœur prêt à être sondé, l’ouverture du cœur prêt à recevoir, le désir, l’attente. Ce symbole est-il repris dans le Nouveau Testament ? Peut-il être considéré comme un symbole chrétien ? Cela dépend de notre compréhension de l’instruction de Paul à Timothée : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement » 1 Timothée 2 : 8. Si nous prenons ce passage littéralement, nous y trouvons un encouragement de l’apôtre à élever nos mains lorsque nous prions. Au figuré, il peut être utilisé pour nous encourager à mener des vies saintes, en rapport avec la prière. Y a-t-il là une base suffisante pour nous inciter ou nous interdire d’étendre ou d’élever les mains pour prier ?

    L’utilisation de l’huile

    Dans ma bible en espagnol, j’ai trouvé environ 200 références à l’huile, avec uniquement une douzaine d’entre elles dans le Nouveau Testament. En dehors de son utilisation habituelle à la maison ou en produit de beauté, l’huile est utilisée symboliquement de différentes manières. La première référence à l’huile est lorsque Jacob en verse un peu sur une pierre à Béthel (Genèse 28 : 18). Ceci est absolument un acte symbolique. Il est utilisé dans de nombreuses offrandes juives. Samuel utilise de l’huile pour oindre Saül et David rois. (1 Samuel 10 : 1 – 16 : 13). Elle est également utilisée comme une représentation de la joie. Dans le Nouveau Testament, elle est utilisée en figure dans la parabole des dix vierges. Répandre de l’huile sur sa tête était également une coutume sociale pour être bien et se sentir bien. Pour jeûner, Jésus recommandait « oins ta tête et lave ton visage » Matthieu 6 : 17. Le pharisien qui avait invité Jésus chez lui avait manqué aux règles élémentaires de courtoisie : « tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds (…)Tu n’as pas oint ma tête d’huile » Luc 7 : 36-50.

    Cependant, il y a deux autres références intéressantes à l’huile : (1) Marc 6 : 7-13 : « Et il appelle les douze ; et il se mit à les envoyer deux à deux, et leur donna autorité sur les esprits immondes (…)Et étant partis, ils prêchèrent qu’on se repentît, et chassèrent beaucoup de démons, et oignirent d’huile beaucoup d’infirmes et les guérirent ». Deux observations : ils oignirent les malades avec de l’huile, pas ceux qui avaient des démons. Leur mission miraculeuse ne comprenait pas d’instructions sur l’utilisation de l’huile. Mais ils oignirent avec de l’huile pour guérir. Pourquoi ? (2) Jacques 5 : 14-15 : « Quelqu’un parmi vous est-il malade, qu’il appelle les anciens de l’assemblée, et qu’ils prient pour lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné ». Deux observations : bien que la prière et l’huile soient utilisées, la guérison est attribuée à la prière. Ces instructions s’appliquaient-elles uniquement aux chrétiens juifs ? Le livre de Jacques, comme le livre des Hébreux, a été écrit pour l’ensemble de l’Église chrétienne. Les croyants juifs ne sont pas traités différemment des croyants gentils dans l’Église de Christ.

    À partir de ces références, l’huile peut-elle être prise comme un symbole chrétien que les anciens appliquent à certaines occasions lorsque les croyants sont malades ? Certains voient à la fois dans l’Ancien et le Nouveau Testament une relation entre l’onction d’huile et le travail du Saint Esprit, une relation similaire à celle qui existe entre le baptême d’eau et le salut. L’Esprit Saint et le salut ne dépendent pas de l’huile ni de l’eau, mais ils vont ensemble. Ces croyants considèrent tout à fait approprié d’oindre littéralement d’huile les malades, ainsi qu’il est décrit en Jacques 5.

    D’autres pensent que l’huile ne doit pas être prise pour un symbole chrétien. Pourquoi ? Parce que l’huile était à la base de la médecine de l’époque. Ces références à l’huile pourraient donc également être comprise ainsi : « ils firent tout ce qui est médicalement possible pour eux et prièrent. Et le Seigneur répondit à leur prière. » Le bon Samaritain vit l’homme blessé et « banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin » Luc 10 : 34. Nous trouvons une utilisation similaire de l’huile en Ésaïe 1 : 6. Cette interprétation est tout à fait plausible, mais elle a ses faiblesses : est-il raisonnable de penser que les Douze en Marc 6 et les anciens de Jacques 5 aient eu à leur disposition différentes sortes d’huiles médicinales pour oindre les personnes souffrant de différentes maladies ? Jacques 5 suggère-t-il que les anciens doivent se préparer eux-mêmes pour prier et distribuer les médicaments ? Ces interprétations sont-elles assez solides pour inciter à utiliser ou interdire totalement l’utilisation symbolique de l’huile lorsque l’on prie pour les malades ?

    L’imposition des mains

    Nous trouvons des références à cette pratique à la fois dans l’Ancien et le Nouveau Testaments. Nous pouvons sans doute regrouper ces références en deux catégories : (1) les situations où l’imposition des mains est utilisée pour quelque chose de miraculeux, et (2) les situations où l’imposition des mains est un symbole d’association, de communion, de délégation ou d’identification. En ce qui concerne l’Ancien Testament, la plupart des références tombent dans la seconde catégorie. Par exemple, dans de nombreux sacrifices, Aaron et ses fils devaient poser leurs mains sur la tête de l’animal, s’identifiant ainsi avec lui. Parfois, les anciens de la communauté faisaient de même, identifiant la communauté israélite avec l’animal tué (Lévitique 4 : 13-15). Ceux qui entendaient un homme blasphémer devaient poser  « leurs mains sur sa tête, et que toute l’assemblée le lapide. » Lévitique 24 : 14.  Lorsque Josué succéda à Moïse, « il (Moïse) posa ses mains sur lui, et lui donna des ordres » Nombres 27 : 23.

    Dans le Nouveau Testament, nous trouvons les deux catégories. Dans la première catégorie, « miraculeuse », nous lisons que Jésus, « ayant imposé les mains à chacun d’eux, il les guérit » Luc 4 : 40. Les apôtres, à l’occasion, ont aussi imposé les mains à d’autres personnes. Parfois, certains ont alors reçu l’Esprit Saint (Actes 8 : 17-19, 19 : 6), et parfois, certains ont été guéris (Actes 28 : 8). Dans la seconde catégorie, « symbolique », nous lisons que les apôtres avaient délégué des responsabilités à sept hommes choisis « qu’ils présentèrent aux apôtres ; et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. » Actes 6 : 6. L’Église d’Antioche envoya Barnabas et Saul, leurs premiers missionnaires. « Alors, ayant jeûné et prié, et leur ayant imposé les mains, ils les laissèrent aller. » Actes 13 : 3.

    Pour certaines références, il n’est pas très facile de savoir si « l’imposition des mains » est utilisée littéralement ou de manière figurée. Par exemple, nous savons que quelque chose arriva à Josué parce que Moïse mit ses mains sur lui (Deutéronome 34 : 9). Quelque chose est arrivé à Timothée parce que les anciens de l’assemblée ont posé leurs mains sur lui (1 Timothée 4 : 14), et de nouveau (ou était-ce la même situation ?) quelque chose lui arriva parce que Paul lui imposa les mains (2 Timothée 1 : 6). Dans chaque cas, l’effet produit était une amélioration de l’efficacité du ministère. Ces « impositions des mains » étaient-elles littéralement suivies d’un miracle ? Ces impositions des mains étaient-elles symboliques (représentant une délégation) et suivies par un enseignement ou des instructions ? Ou devons-nous comprendre ces références à l’ « imposition des mains » comme une image représentant la communion, le travail d’équipe, le fait d’enseigner et de déléguer ? Ceux qui désirent écarter ce sujet comme étant une simple curiosité culturelle devraient remarquer que l’ « imposition des mains » est classée parmi les doctrines en Hébreux 6 : 2. Et pour ceux qui souhaitent la pratiquer sans frein, nous avons l’injonction « N’impose les mains précipitamment à personne et ne participe pas aux péchés d’autrui » 1 Timothée 5 : 22.

  2. Symboles possibles, en relation avec le régime alimentaire

    Le jeûne

    La pratique du jeûne a fait partie de la pratique religieuse depuis des milliers d’années. Il a été imposé, détourné, ignoré et même ridiculisé. Tout au long des Écritures, le jeûne signifie s’abstenir de nourriture pour une raison spirituelle. Parfois, le jeûne était complet. Dans un temps de crise, Esther a demandé aux Juifs de Suse : « jeûnez pour moi, et ne mangez ni ne buvez pendant trois jours, ni la nuit, ni le jour. » Esther 4 : 16. Paul fit également la même chose (Actes 9 : 9). Parfois, le jeûne était partiel (Daniel 10 : 2-3). Normalement, il comprend l’abstinence de nourriture liquide et solide, mais pas d’eau. Le corps humain ne peut guère survivre plus de trois jours sans eau, à moins d’une intervention surnaturelle. Quelques uns utilisent le jeûne pour des raisons de santé, pour attirer l’attention à une cause ou gagner un avantage politique. Les personnes religieuses peuvent jeûner pour essayer de forcer la main de Dieu au sujet d’un problème. Dans chacun de ces cas, le jeûne est vu comme un outil pour accomplir un but humain. Certains parlent du jeûne comme d’une discipline. C’en est une. Et pourtant, utilisé correctement, il peut être considéré comme un symbole de dévotion et de sincérité dans la prière.

    Les Écritures désapprouvent-elles le jeûne ? La plainte du Seigneur en Zacharie 7 n’avait pas pour but d’arrêter la pratique du jeûne, mais de corriger ses motivations. « Quand vous avez jeûné et que vous vous êtes lamentés au cinquième et au septième mois, et cela pendant soixante-dix ans, est-ce réellement pour moi, pour moi, que vous avez jeûné ? »  (v.5). Le Seigneur désirait être au centre, qu’ils mangent, qu’ils boivent ou qu’ils jeûnent (v. 6) Ésaïe 58 : 3-10 est intéressant parce qu’il traite du jeûne de deux manières. Tout d’abord (v. 3-5), il parle de l’acte physique de jeûner. La prière et le jeûne doivent se dérouler dans une atmosphère d’humilité, pas de contestation. Ensuite (v. 6-10), Ésaïe utilise le jeûne d’une manière figurée « N’est-ce pas ici le jeûne que j’ai choisi, qu’on rompe les chaînes de l’iniquité (…) qu’on renvoie libres les opprimés (…)que tu partages ton pain avec celui qui a faim et que tu fasses entrer dans la maison les affligés qui errent sans asile ? ».Cela est commun dans les Écritures. Prenez, par exemple, la circoncision et les sacrifices juifs. C’étaient des symboles physiques réels, et pourtant ils étaient également utilisés au figuré. L’utilisation supplémentaire du figuré n’invalide en rien la pratique littérale normale. Le fait que le jeûne, la circoncision et les sacrifices se sont poursuivis en est une preuve évidente. Le jeûne n’est pas interdit par l’Écriture, mais nous ne trouvons nulle part un commandement à le pratiquer. Le jeûne est donc un symbole volontaire. Mais peut-il être appelé un symbole chrétien ?

    Outre son jeûne personnel (Matthieu 4 : 2), le Seigneur a parlé du jeûne dans le Sermon sur la Montagne (Matthieu 6). Cet enseignement fait partie d’une famille de trois pratiques, chacune commençant par les mots « quand tu (ou ‘vous’) ». « Quand donc tu fais l’aumône » (v.2) « quand tu pries » (v. 5) et « quand vous jeûnez » (v. 16). Il enseigne comment faire cela correctement. Bien qu’on ne trouve pas de commandement ici, il y a bien le sens d’un acte concret possible. Mais ces instructions sont-elles pour le chrétien ? Le second exposé clé fait par notre Seigneur sur ce sujet est une réponse donnée aux disciples de Jean (Matthieu 9 : 14-15). Si Jésus enseigne comment jeûner, pourquoi ses disciples ne jeûnent-ils pas ? Ils le feront, répondit-il : « des jours viendront, lorsque l’époux leur aura été ôté ; et alors ils jeûneront. ». Ceci est de nouveau l’exposé d’un fait, pas un commandement. Il n’est donc pas surprenant de trouver l’Église adorant, priant et jeûnant ensemble à des moments critiques (Actes 13 : 2-3 – notez que le jeûne est mentionné deux fois), et lisez dans le témoignage de Paul une référence à son jeûne (personnel ?) (2 Corinthiens 6 : 5 et 11 : 27 – notez la différence entre la faim,  probablement imposée, et le jeûne, volontaire, en 2 Cor. 11 : 27).

    Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus met en avant les aspects privés et cachés de la prière et du jeûne. Par essence, à la fois la prière et le jeûne sont des sujets personnels entre l’individu et Dieu. Dieu entend notre voix et voit notre cœur humble et sincère – ce qui est exprimé par le symbole du jeûne (« je le verrai » Genèse 9 : 16 – Dieu voit les symboles). À en juger par les exemples bibliques, si les motivations sont bonnes, la prière et le jeûne peuvent également être pratiqués collectivement.

    Manger le sang

    Au commencement, Dieu a donné à Adam et Ève toutes les fruits des arbres comme nourriture. Ensuite, après le déluge, dans l’alliance que Dieu fit avec Noé, il étendit le régime alimentaire de l’homme en ajoutant : « Tout ce qui se meut et qui est vivant vous sera pour nourriture », à condition que « vous ne mangerez pas la chair avec sa vie, c’est-à-dire son sang » Genèse 9 : 3-4. à cette restriction fut ajoutée la « graisse », ainsi qu’il est écrit dans la loi de Moïse : « C’est un statut perpétuel, en vos générations, dans toutes vos habitations : vous ne mangerez aucune graisse ni aucun sang. » Lévitique 3 : 17. « seulement, vous ne mangerez pas le sang : tu le verseras sur la terre, comme de l’eau. » Deutéronome 12 : 16. Tout ceci, outre l’utilisation du sang dans les sacrifices et les cérémonies, nous démontre que le sang tenait une place importante parmi les symboles juifs. Mais cette restriction symbolique est-elle transférée à l’ère chrétienne ?

    Le Seigneur Jésus ne dit rien à ce sujet. En fait, la métaphore qu’il utilise en Jean 6 : 54 « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle » a dû réellement choquer les Juifs. Un groupe assez meneur de Juifs convertis essayait constamment d’introduire des coutumes enseignées par Moïse dans l’Église chrétienne. L’apôtre Paul a résisté avec persistance à de tels développements. Ce problème arriva à un point où il en fut délibéré entre les apôtres, les anciens et l’Église en Actes 15.  Ceux qui insistaient pour que les Gentils soient circoncis n’ont pas trouvé de soutien auprès des apôtres. À la suite de cette réunion, il leur fut recommandé « qu’ils se gardent et de ce qui est sacrifié aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. » Cette liste en quatre points est mentionnée trois fois (Actes 15 : 20 ; 15 : 29 ; 21 : 25). La restriction sur la graisse n’existe plus dans le Nouveau Testament.

    Des exégètes ont dépensé beaucoup d’énergie pour réfléchir sur ces quatre exigences. « Se garder du sang » peut-il être compris comme « se garder de répandre le sang » (tuer ?)  C’est peu probable. Répandre le sang ne semble pas avoir été un problème sur lequel les croyants gentils heurtaient la sensibilité juive. Certains sont surpris de trouver une question morale aussi importante que la fornication énumérée avec les trois autres, qui relèvent du rituel. Il semblerait évident que les chrétiens doivent s’abstenir de la fornication. Si cela n’était pas un point controversé, pourquoi alors l’inclure dans la « lettre d’Actes 15 » ? Ces exégètes suggèrent que la référence à la fornication doit être comprise comme l’exigence de s’abstenir de toutes les relations sexuelles illicites décrites en Lévitique 18. Au delà de la condamnation évidente de l’adultère, de l’homosexualité et de la zoophilie (v. 20, 22, 23), sont également interdites des situations comme le mariage avec un proche parent (v. 6) et les relations sexuelles durant la période menstruelle de la femme (v. 6, 19). L’élément rituel de ce chapitre serait également d’une grande importance pour les croyants juifs. Toutes ces restrictions s’appliquent-elles à l’ère chrétienne ? Un(e) chrétien(ne) peut-il épouser son (sa) cousin(e) ? Mais concentrons-nous sur la question du sang.

    Certains chrétiens peuvent penser que le sang a une signification symbolique pour le croyant, et ne doit pas être consommé. La première interdiction avait été donnée à toute l’humanité (Noé) avant que le peuple d’Israël et la loi de Moïse n’existent. Cette interdiction est faite avant la loi, pendant la loi et après la loi. Par conséquent, elle est toujours valable. De plus, il est clairement précisé que la directive de « se garder du sang » était donnée sous la direction du Saint Esprit (Actes 15 : 28-29). Cette interdiction est claire et précise. Les partisans de ce point de vue considèrent le sang comme un symbole chrétien, représentant sans doute la vie, la dignité de la vie. Certains disent qu’ils ne mangent pas de sang car il représente le sang de Christ. Cela est-il justifié bibliquement ?

    Une autre perspective est ouverte par ces chrétiens qui se sentent libres de manger du sang. Ils soulignent que le christianisme n’est pas sous le coup de restrictions alimentaires. Les règles de l’ancien code ont été annulées. « Que personne donc ne vous juge en ce qui concerne le manger ou le boire, (…)qui sont une ombre des choses à venir » Colossiens 2 : 13-17. La liberté de ‘manger de tout’ est également confirmée dans Romains 14 et 1 Timothée 4 : 3-5. Comment donc ces chrétiens s’accommodent-ils de l’interdiction répétée trois fois dans les Actes ? Ils relèvent que ce livre des Actes est un livre de transition entre l’économie juive et l’ère chrétienne. Ils considèrent la « lettre d’Actes 15 » non comme un compromis (dans le sens de sacrifier un principe moral ou doctrinal), mais comme une concession recommandée, une restriction courtoise et temporaire s’appliquant à une période de transition, qui aurait été conçue par les apôtres et approuvée par le Saint Esprit pour désamorcer une situation très délicate dans l’Église. « Et l’ayant lue, ils se réjouirent » Actes 15 : 31. Ces exigences modérées ont prévenu une division majeure. La seule autre fois où la « lettre d’Actes 15 » est mentionnée se trouve en Actes 21, de nouveau dans un contexte d’apaisement vis-à-vis d’une forte sensibilité juive. Certains font remarquer que la « lettre d’Actes 15 » n’est pas adressée à toutes les églises en tout lieu, mais seulement « aux frères d’entre les nations qui sont à Antioche et en Syrie et en Cilicie » (Actes 15 : 23), sans doute là où les tensions étaient fortes. Ou bien était-ce parce que des croyants de ces seules trois régions étaient présents à cette rencontre ?

    Dans les épîtres, il est décrit un modèle de vie pour les chrétiens de toutes les époques. Qu’est-il dit dans les épîtres au sujet des quatre points de la « lettre d’Actes 15 » ? (1) S’abstenir de l’immoralité sexuelle est réaffirmé un certain nombre de fois comme question morale importante (Romains 13 : 13 ; 1 Corinthiens 6 : 18, 1 Thessaloniciens 4 : 3). Les éléments rituels de Lévitique 18 ne sont pas répétés dans le Nouveau Testament. (2) S’abstenir du sang et (3) de la chair des animaux étouffés (ce qui au fond revient à la question de manger du sang) n’est pas évoqué dans les lettres apostoliques. On n’en parle simplement pas. (4) S’abstenir de la nourriture sacrifiée aux idoles est traité avec détail en 1 Corinthiens 8 et 10. « Pour ce qui est donc de manger des choses sacrifiées aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien (…) si nous ne mangeons pas, nous n’avons pas moins, et si nous mangeons, nous n’avons rien de plus. » 1 Corinthiens 8 : 4 – 8. « Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie, sans vous enquérir de rien à cause de la conscience (…)mangez de tout ce qui est mis devant vous, sans vous enquérir de rien à cause de la conscience. Mais si quelqu’un vous dit : Ceci a été offert en sacrifice, -n’en mangez pas. » (10 : 25 – 28) Pourquoi ne pas en manger ? Pas à cause de la restriction de la « lettre d’Actes 15 ». Ce sont de grands principes d’amour qui le motivent : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui. » (10 : 24) et « Ne devenez une cause d’achoppement ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’assemblée de Dieu » (10 : 32). La manière dont l’apôtre traite cette question de la nourriture sacrifiée aux idoles est en conflit avec la directive de la « lettre d’Actes 15 », ce qui conforterait l’idée que cette « lettre d’Actes 15 » concernait une période transitoire.

    Un troisième groupe de croyants ne se sentirait pas lié par la « lettre d’Actes 15 », mais appliquerait les grands principes d’amour également à cette question du sang. Ils mangeraient de tout sans se poser de question, mais s’abstiendraient si quelqu’un leur disait « cela est fait de sang » ou si l’étiquette du supermarché indiquait « contient du sang ». Cela est tout à fait compréhensible lorsque l’on vit dans un environnement juif ou musulman, ou si vous heurtiez ainsi profondément la sensibilité des chrétiens avec lesquels vous êtes en communion. Mais qu’en est-il si vous vivez quelque part où cela ne pose pas de problème et que personne n’est offensé ?

    Pour ceux qui veulent approfondir la question, il est possible de s’enquérir de ce qui se passe exactement dans les abattoirs de votre pays. Dans les pays développés, les institutions gouvernementales et les associations de défense des droits des animaux ont des sites web bien documentés. Dans d’autres pays, il suffit d’y aller et de regarder. En Occident, les animaux sont habituellement assommés et ensuite, on leur sectionne ou on leur perfore les artères principales. Le sang s’écoule alors aussi longtemps que le cœur continue à battre. Les Juifs et les Musulmans ont des méthodes différentes qui leur sont propres. Si l’animal est suspendu les pieds en l’air, la gravité aidera également un peu. On m’a dit qu’il est impossible d’extraire tout le sang (ne vous inquiétez pas, Dieu le sait aussi !). Si vous ne voulez absolument pas manger de sang, la seule option est de devenir végétarien. Est-ce ce que la Bible nous demande ?

  3. Symboles possibles en relation avec le mode de vie

    La longueur des cheveux

    La chevelure est vue dans les Écritures comme une caractéristique qui donne honneur et gloire à une femme. La longueur respective des cheveux décrite en 1 Corinthiens 11 (plus longs pour la femme, plus courts pour l’homme) est probablement classifiée plus aisément dans les questions relatives au mode de vie qui font ressortir positivement la différence des sexes. Ce n’est pas vraiment un symbole. Dans certains groupes ethniques, avoir une longue chevelure flottante est une impossibilité physique. Et pourtant, dans chaque culture, différencier un homme d’une femme doit être clair et évident. La longueur de la chevelure et / ou son style peut contribuer facilement à cette distinction. En Actes 18 : 18, nous lisons que Paul s’était « fait raser la tête à Cenchrée, car il avait fait un voeu. ». Plus tard, en Actes 21 : 17-26, nous lisons que l’apôtre Paul s’était fait raser la tête (v. 24) avant d’entrer dans le Temple à Jérusalem. Là, Jacques demanda à Paul de rejoindre un groupe de quatre autres hommes qui venaient de faire vœu de Nazaréat (Nombres 6). S’il ne l’avait pas fait, il aurait profondément blessé les consciences de « milliers de Juifs » qui avaient cru en Jésus mais étaient toujours « zélés pour la loi » (v. 20). La nouvelle coupe de cheveux de l’apôtre faisait partie de sa stratégie d’adaptation telle que décrite en 1 Corinthiens 9 : 20-23. Ne voyons-nous pas là un exemple de renonciation à ses préférences personnelles afin de faire avancer les desseins de Dieu ? Bien sûr, un chrétien est libre de se raser la tête, mais nous ne devrions pas considérer cela comme un symbole chrétien.

    Le lavage des pieds

    Les pieds sont utilisées comme image dans l’Écriture : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles » Ésaïe 52 : 7. Parfois, se déchausser est un acte symbolique de révérence, comme lorsque Dieu dit à Moïse : « ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. » Exode 3 : 5. Nous ne trouvons nulle part trace que cela doit être pratiqué par les chrétiens. Et pourtant, si une assemblée chrétienne est établie dans une culture où le respect de la présence de Dieu est exprimé de cette manière, ils peuvent avoir la sagesse de se déchausser lors des réunions d’assemblée. Un autre acte symbolique enseigné par Jésus aux Douze était : « Et tous ceux qui ne vous recevront pas,… en sortant de cette ville-là, secouez même la poussière de vos pieds, en témoignage contre eux » Luc 9 : 5. Ensuite, il amplifia ces instructions lorsqu’il envoya les soixante-dix : « mais dans quelque ville que vous soyez entrés et qu’on ne vous reçoive pas, sortez dans ses rues et dites : la poussière même de votre ville, qui s’est attachée à nos pieds, nous la secouons contre vous » Luc 10 : 10-11. Lorsqu’ils furent expulsés, Paul et Barnabas ont aussi « secoué contre eux la poussière de leurs pieds » Actes 13 : 50-51. Nous les chrétiens, devons nous pratiquer cela ? Dans les villes modernes, il n’y a pas de poussière à soulever ! Ou bien était-ce simplement une forme régionale non verbale de communiquer ? Peut-être cela peut-il être considéré comme faisant partie de leur langage, quelque chose qui aura besoin d’une traduction pour être compris par une autre culture. Ce qui est évident d’après ces passages, c’est qu’il était normal d’avoir les pieds sales. D’où la nécessité sociale de se laver les pieds lorsqu’on entrait chez quelqu’un. En ce qui concerne l’enseignement relatif au lavage des pieds des disciples par le Seigneur (Jean 13), puis-je vous demander de vous reporter à la partie principale de cet article, dans la section relative aux symboles du Nouveau Testament : A. – Notre Dieu aime utiliser des symboles.

    Le saint baiser

    Nous trouvons environ 50 références à des baisers dans la Bible. L’acte d’embrasser est utilisé dans des contextes positifs (Genèse 48 : 10 – Proverbes 24 : 26) et aussi dans des scènes de traîtrise et de trahison (2 Samuel 15 : 5-6 ; 20 : 8-10 – Luc 22 : 48). Le baiser est un acte qui montre la proximité et l’amitié. Il est même utilisé en image à cet effet dans le Psaume 85 : 10 : « la justice et la paix se sont entre-baisées. ». L’apôtre Paul écrit quatre fois : « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser » (Romains 16 : 16 – 1 Corinthiens 16 : 20 – 2 Corinthiens 13 : 12 et 1 Thessaloniciens 5 : 26). L’apôtre Pierre écrit également : « Saluez-vous les uns les autres par un baiser d’amour » 1 Pierre 5 : 14. En quittant l’apôtre Paul, les chrétiens d’Éphèse « versaient tous beaucoup de larmes, et se jetant au cou de Paul, ils le couvraient de baisers » Actes 20 : 37. Nous les chrétiens devons-nous nous embrasser les uns les autres ? Cela peut-il être considéré comme un symbole chrétien ? Est-ce simplement une manifestation culturelle d’amour fraternel ?

    Certains peuvent penser que cinq références par deux apôtres clé constituent assez de raisons pour rendre le baiser obligatoire. D’autres regardent le baiser comme un moyen spécial de démontrer son affection dans une culture donnée. Dans chacune de ces cinq références, le baiser est simplement mentionné, sans motivation doctrinale pour favoriser sa pratique. Lorsque Jésus est entré dans la maison de Simon le Pharisien, il a remarqué que l’hospitalité de Simon avait manqué aux attentions sociales normales dans trois domaines : (1) Simon ne leur avait pas donné d’eau pour laver leurs pieds, (2) il ne les avait pas embrassés à l’arrivée, et (3) il n’avait pas oint leur tête d’huile (Luc 7 : 44-46). En Colombie, nous n’avons aucune des habitudes décrites ici.  En fait, il n’y a que les hommes ouvertement homosexuels qui s’embrassent en public. Dans ce contexte culturel, devons-nous favoriser ce baiser ? Doit-il être interdit pour protéger le témoignage de l’assemblée ? Nous exprimons notre amour et affection mutuels avec une chaleureuse poignée de main et, à l’occasion, avec une accolade. Mais dans des pays ou des régions ou l’une ou plus de ces pratiques sont encore en usage pour exprimer la chaleur et l’amitié, il n’y a pas de raison pour ne pas les pratiquer littéralement.

    Les vêtements

    Le Nouveau Testament fait clairement référence au vêtement (1 Timothée 2 : 9-10 – 1 Pierre 3 : 1-6), mais, en contraste par rapport aux vêtements prescrits aux sacrificateurs juifs, les vêtements du chrétien ne sont pas symboliques. Ces passages relient les vêtements à des attitudes importantes et à des questions de témoignage : modestie, décence, correction, pureté, etc.

    Après que Dieu a créé Adam et Ève, il leur fit des vêtements pour couvrir leur nudité. La nudité est considérée dans l’Écriture comme quelque chose d’intime et de personnel. Les anges aussi sont vêtus (Matthieu 28 : 3 – Apocalypse 15 : 6). Nous trouvons même des références à des vêtements au ciel (Apocalypse 3 : 5), où nous aurons des corps glorifiés, où il n’y aura plus de distinction des sexes, et où nous serons libérés des tentations sexuelles. Toutes ces références à des vêtements, comme aux habits de Joshua en Zacharie 3, sont-elles des images ou symboliques ? Ces références nous aident-elles à comprendre le point de vue de Dieu quant au vêtement ?

    Dans chaque culture, les hommes et les femmes ont une manière de se vêtir distincte et reconnaissable. Les chrétiens doivent aussi garder ces distinctions locales des sexes (Deutéronome 22 : 5, un principe conservé en 1 Corinthiens 11). Dieu a choisi de créer deux sexes différents, et il est tout à fait évident qu’il désire que l’homme et la femme soit extérieurement différents quelque soit leur culture. Ma manière de m’habiller est-elle une pierre d’achoppement à d’autres ? Est-ce important ?

    Tout en retenant fermement ces principes scripturaires immuables, (1) est-il possible que leur application varie géographiquement ? C’est-à-dire, une manière de s’habiller peut-elle être approuvée du Seigneur dans un pays, une région ou une tribu, mais désapprouvée par lui ailleurs ? Par exemple, les indiens d’Amazonie convertis doivent-ils se vêtir selon nos standards de « décence » avant d’être approuvés du Seigneur ? (2) est-il possible que leur application varie selon les situations ? C’est-à-dire, un code vestimentaire peut-il être approuvé du Seigneur dans un endroit mais pas dans un autre ? Par exemple, y a-t-il des situations où un chrétien déplairait au Seigneur en portant un short de sport ou un costume de bains ? et (3) est-il possible que leur application varie dans le temps ? C’est-à-dire, une manière de se vêtir peut-elle être approuvée du Seigneur à une époque et ne plus l’être ultérieurement ? (ou le contraire). Par exemple, l’usage de robes longues (celles utilisées par les apôtres) ou de cravates (celles utilisées dans les milieux d’affaires mondains) par les hommes, et les collants fins ou les pantalons par les femmes ? Les pantalons féminins peuvent-ils encore être classés aujourd’hui parmi les habits d’homme ?

    Une fois que vous avez réfléchi à ces questions d’habillement, vous pouvez souhaiter étendre votre réflexion en y incluant les boucles d’oreille pour homme et femme, les piercings et clous (dans le nez, la langue, etc.), les tatouages, le rouge à lèvres et le maquillage. Pour les femmes, le maquillage et les boucles d’oreilles peuvent-ils être considérés comme une extension de leur habillement ? Nous trouvons les anneaux d’oreille mentionnés dans un contexte négatif (Genèse 35 : 4 – Ésaïe 3 : 18, 23) et dans un contexte positif (Proverbes 25 : 12 – Cantique des Cantiques 1 : 10-11). Ici, en Colombie, nous utilisons souvent Lévitique 19 : 28 contre le tatouage (mais qu’en est-il du verset précédent, 19 : 27 ?) Pouvons-nous trouver une ligne de conduite quant à ces questions dans le Nouveau Testament ? Certains peuvent dire que nous sommes faits à l’image de Dieu, et qu’utiliser des produits comme le rouge à lèvres, le maquillage, la teinture (ou la permanente) montre que nous ne sommes pas satisfaits de la manière dont Dieu nous a créé. Si l’on suit le même raisonnement, alors l’utilisation de parfum ou de déodorant ne montrerait-elle pas que nous n’aimons pas les odeurs corporelles dont il nous a pourvu ? Un homme qui se rase quotidiennement montre un déplaisir quotidien d’avoir sur son visage les poils que Dieu y a placés ? Seriez-vous contre une opération qui corrigerait une anomalie de naissance ? Et au sujet de la chirurgie esthétique ?

    Chaque culture possède des styles de coiffure et des formes de vêtements qui distinguent les hommes des femmes. Certaines apparences expriment du respect, d’autres la rébellion. Le Seigneur regarde plus profond : « car l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » 1 Samuel 16 : 7. « Toutes les voies d’un homme sont pures à ses propres yeux, mais l’Éternel pèse les esprits7. » Proverbes 16 : 2. Les femmes peuvent porter des boucles d’oreille pour rehausser leur féminité, ou pour flirter avec le sexe opposé. Les hommes peuvent porter une cravate et un veston pour montrer du respect par rapport à une circonstance, ou bien pour souligner leur pouvoir personnel sur autrui. La manière dont vous vous vêtez et la raison pour laquelle vous le faites sont tout aussi importantes. Après la rencontre libératrice que le Gadarénien possédé par des démons a eue avec le Seigneur Jésus, nous le trouvons « vêtu, et dans son bon sens » Marc 5 : 15. Une rencontre avec Jésus aujourd’hui changerait-elle aussi notre état d’esprit et notre habillement ?

    J’ai remarqué que ces questions tendent à être de grande importance pour deux catégories de personnes : les chrétiens légalistes et traditionalistes (qui essaient de s’imposer et d’imposer aux autres de vivre selon un certain nombre de règles extérieures) et les chrétiens charnels, superficiels et centrés sur eux-mêmes (qui désirent être « dans le coup » au milieu des incroyants et vivent principalement pour leur plaisir). Ces derniers demandent constamment « mais qu’y a-t-il de mauvais à … » au lieu de « qu’y a-t-il de bon à … ». Ils s’efforcent de marcher le plus possible sur le bord sans chuter, plutôt que de lever les yeux et de s’efforcer de monter le plus haut possible ! Si nous pouvions croître dans l’amour du Seigneur Jésus, beaucoup de ces questions deviendraient tellement secondaires ! Paul a montré le fond de son cœur en disant « pour moi, vivre c’est Christ » Philippiens 1 : 21. Et cet amour pour le Seigneur l’a touché extérieurement : si cela pouvait faire avancer la cause du Seigneur, alors il n’hésiterait pas à se raser la tête. Si cela pouvait faire avancer la cause du Seigneur, il cesserait de manger de la viande. Si cela pouvait faire avancer la cause du Seigneur, il renoncerait à la nourriture et au sommeil. Il désirait être flexible dans ses goûts et ses préférences afin de faire avancer la cause du Seigneur. Jusqu’à quel point sommes-nous flexibles ? à mon avis, là réside le cœur des questions relatives au mode de vie. Parcourir de vieux livres poussiéreux ou surfer sur le Net à la recherche de versets et d’arguments pour défendre le port de la cravate ou l’anneau de votre nez (ou pour prouver que ceux qui utilisent de tels artifices suivent le monde) conduira à une stagnation spirituelle. Je ne dis pas qu’il ne faut pas étudier. Ni que l’apparence ne compte pas. Si nous nous concentrons sur l’intérieur, l’apparence se mettra progressivement en place. Lorsque le Seigneur dirige vraiment une vie, il la change.

  4. D’autres symboles possibles

La circoncision

Ce symbole donné par Dieu s’applique de manière évidente au peuple d’Israël. Certains ont tenté sans succès d’introduire ce symbole dans l’Église chrétienne, enseignant « si vous n’avez pas été circoncis (…), vous ne pouvez être sauvés. » Actes 15 : 1. Paul s’est opposé fermement à cette pression légaliste (Galates), et pourtant a circoncis Timothée « à cause des Juifs qui étaient en ces lieux-là » Actes 16 : 3. Cela faisait également partie de la stratégie de Paul pour que les Juifs soient touchés par l’Évangile. Bien sûr, un chrétien est libre de se faire circoncire pour des raisons médicales, mais nous ne devrions pas considérer la circoncision comme un symbole chrétien.

Le premier jour de la semaine

Nous savons que Dieu a créé l’univers en six jours, et qu’il s’est reposé le septième. Ce schéma de repos le septième jour, appelé le Sabbat (samedi), fut imposé par la Loi au peuple d’Israël. L’observation particulière du Sabbat avec sa liste d’actes « autorisés » et « interdits » est devenue l’un des signes distinctifs du peuple d’Israël. Le Seigneur Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine, déplaçant pour les chrétiens l’importance donnée au Sabbat sur le dimanche. C’est le premier jour de la semaine que l’Église chrétienne se réunit normalement pour adorer et se souvenir de son Seigneur (Actes 20 : 7). Ce jour a été rapidement appelé « le Jour du Seigneur » (Apocalypse 1 : 10, L. Segond). Le dimanche chrétien peut-il être considéré comme l’équivalent du Sabbat juif ? Pouvons-nous tirer quelques unes des règles de ce Sabbat, telles que données à Israël, pour les appliquer au dimanche chrétien ? Le dimanche est le seul jour de marché dans beaucoup de petits villages ruraux ici en Colombie. Les chrétiens ont-ils la liberté de faire leurs courses hebdomadaires ce jour-là ? « L’un estime un jour plus qu’un autre jour, et l’autre estime tous les jours égaux : que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit. » Romains 14 : 5. Ce verset peut-il s’appliquer d’une certaine manière au premier jour de la semaine ?

La salle de réunions

Beaucoup de symboles sont associés à la construction et aux cérémonies accomplies par les sacrificateurs juifs dans leur temple. La construction était somptueuse, les prêtres portaient des vêtements spéciaux, on utilisait de l’encens. Retrouvons-nous quelque chose de tout cela en ce qui concerne l’endroit où les chrétiens se réunissent pour prier et adorer ? Est-il nécessaire que le lieu de réunions chrétiennes intimide ? Ou bien devrait-il, d’une manière positive, ne rien nous inspirer ? Il nous est rapporté qu’il y avait des parties du temple où seuls les sacrificateurs étaient autorisés à pénétrer. En d’autres endroits, seuls les hommes juifs (et pas les femmes juives) pouvaient entrer. Il y avait une limite géographique délimitant jusqu’à quel point un gentil pouvait s’approcher. Retrouvons-nous quelque chose de tout cela en ce qui concerne l’endroit où les chrétiens se réunissent pour prier et adorer ? Y a-t-il un fondement scripturaire permettant d’imposer une certaine disposition des sièges ? Dans un lieu d’adoration chrétien, certains sièges ou zones peuvent-ils être interdits à certaines personnes, aux sœurs ou aux incroyants ? Devons-nous donner à la salle de réunions un statut de symbole ?

Dans les évangiles, nous lisons que le Seigneur entrait dans le Temple et dans les synagogues. Dans le livre des Actes, les chrétiens, sans doute principalement des Juifs convertis, se retrouvaient quotidiennement dans le temple et rompaient le pain dans leurs maisons (2 : 46). Pierre et Jean allaient au temple pour prier (3 : 1). Ils prêchaient dans le temple (5 : 19-20). Ils utilisaient également les synagogues, mais celles-ci demeuraient juives et non chrétiennes (13 : 5). L’apôtre Paul les utilisait surtout comme plateformes, des endroits où rencontrer des hommes et des femmes craignant Dieu pour prêcher et débattre avec eux (17 : 1, 2, 10, 17 – 18 : 4). Ensuite, à l’époque des épîtres, les chrétiens se sont démarqués du temple et des synagogues, et les églises se réunissent dans les maisons (1 Corinthiens 16 : 19 – Colossiens 4 : 15 – Philémon 2). En fait, nous ne trouvons pas de salles de réunions construites à cet effet dans l’Écriture. Comment pouvons-nous justifier aujourd’hui de le faire ? Le fait qu’ils se retrouvaient dans des maisons limitait la taille de l’église locale. Cela est-il significatif ?

La dignité et le sens de l’occasion s’opèrent lorsque les chrétiens sont réunis ensemble, que ce soit à la maison ou dans un local. Dieu considère le groupe de chrétiens comme un temple, et le Seigneur a promis sa présence lorsqu’ils se réunissaient en Son nom (1 Corinthiens 3 : 16-17 – Éphésiens 2 : 21 – Matthieu 18 : 20). Mais une fois qu’ils se sont dispersés, qu’en est-il du lieu de réunion ? Peut-il servir de chambre d’amis pour les chrétiens de passage ? Peut-il être utilisé pour un repas de mariage ? Peut-il être utilisé pour un tournoi de ping-pong d’évangélisation ? Est-il correct qu’une assemblée se réunisse dans une boutique louée, un restaurant ou un gymnase ?

La Bible

Il est tout à fait courant parmi les familles catholiques en Colombie d’avoir une bible assez imposante  ouverte au Psaume 91 sur un joli présentoir dans le living room. La plupart des gens pourrait penser que cela a un effet positif sur la famille. Cela en aurait probablement un s’ils la lisaient, mais elle est juste disposée là. Certains conseillent de poser une Bible sur le torse d’une personne possédée d’un démon et inconsciente, tout en priant pour elle. Il est certain que nous devons manipuler le livre de la Parole de Dieu avec dignité et respect, mais elle peut devenir un symbole de superstition.

Dans certaines régions chrétiennes, les croyants peuvent devenir démesurément attachés à une traduction particulière de la Bible. Ce sujet peut même arriver à diviser des congrégations. Leur traduction préférée est devenue un symbole d’orthodoxie. Ce combat divise les croyants privilégiés, qui ont plus d’une traduction à leur disposition, sur lesquelles ils se battent ! Encore aujourd’hui, il y a plus de deux mille groupes ethniques qui n’ont pas de traduction de la Bible dans leur propre langage. À moins de comprendre l’hébreu et le grec, nous devrions utiliser plusieurs traductions. Bien sûr, l’exactitude de la traduction est très importante, mais il n’y a rien de tel qu’une traduction littérale de la Bible. Lorsqu’on compare une traduction avec une autre, on se rapproche de la signification du langage originel. Si vous pouvez lire la Bible dans différentes langues, cela vous aidera aussi. Il n’y a aucun raccourci dans le dur travail de l’exégèse.

La prochaine fois que vous vous trouverez dans l’une de ces débats au sujet de « quelle traduction utiliser », vous pourrez l’enrichir en demandant : « que ferait Jésus ? » Le Seigneur Jésus a cité des passages de l’Ancien Testament, et lui aussi avait à sa disposition différentes possibilités : (1) le texte Hébreu, appelé texte massorétique, qui était le meilleur quant à la précision (étant donné que la plus grande partie de l’Ancien Testament était écrite en hébreu), (2) le texte grec, appelé Version des Septante, traduit d’après la version originale en hébreu (il paraît que c’est une version relativement bonne, mais pas excellente), (3) les textes en araméen, appelés Targums, qui sont des fractions de l’Ancien Testament écrites dans le langage parlé courant. C’est un peu comme des paraphrases. À partir de quelle source le Seigneur tirait-il ses citations ? Au temps de Jésus, la Palestine était multi linguale : l’hébreu était le langage religieux juif, le latin le langage légal romain, le grec le langage culturel et commercial, et l’araméen le langage populaire de la rue. Le Seigneur a utilisé des citations tirées des trois sources à sa disposition. Ceci explique pourquoi certaines des citations de l’Ancien Testament dans le Nouveau sont quelque peu différentes de ce que nous trouvons écrit dans l’Ancien Testament. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas utilisé la version la plus précise ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer ?

Un dernier mot

Un bon nombre des questions traitées dans cette annexe pourrait être classé sous la rubrique « points litigieux ». Ce qui est litigieux et ne l’est pas peut aussi faire l’objet de litiges. J’espère au moins que cette annexe vous a aidé à réaliser que certaines questions ne sont pas si simples, et que la foi, la compréhension et la conscience de votre frère ou de votre sœur (qui peuvent être plus forts ou plus faibles que vous) peut les conduire à une conduite extérieure différente de la vôtre. Tout comme vous, ils sont les serviteurs de Dieu. Et lorsqu’un sujet est litigieux, « Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d’autrui ? S’il se tient debout, ou s’il tombe, cela regarde son maître. » Romains 14 : 1-4 (L. Segond). Il est certain que, du fait de nos environnements personnels, nous nous sentons plus à l’aise dans certaines situations plutôt que d’autres, et il est tout à fait sain et normal de partager et d’expliquer nos points de vue.

Peut-être que combiner les versets suivants, tirés de la première épître aux Corinthiens, nous donnera une bonne direction à suivre à l’avenir : « que vous appreniez (…) à ne pas aller au delà de ce qui est écrit » (4 : 6 – L. Segond) – faisons attention à ne pas insister sur ce qui n’est pas clairement mentionné dans l’Écriture. Et « toutes choses me sont permises, mais toutes choses ne sont pas avantageuses ; toutes choses me sont permises, mais je ne me laisserai, moi, asservir par aucune. (…) Toutes choses sont permises, mais toutes choses n’édifient pas. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui. » (6 : 12 – 10 : 23-24) ; Si vous et moi mettons cela en pratique, nous aiderons notre église locale à fonctionner plus comme un hôpital rural que comme un office notarial. Une atmosphère heureuse et familiale permet croissance et guérison.

  1. En anglais, le mot est “forgiveness”, c’est-à-dire « pardon ».
  2. En anglais, la Cène se dit “the Lord’s Supper” : littéralement « le souper du Seigneur ». Tout au long de ces paragraphes, Ph. N. insiste beaucoup sur ces mots « du Seigneur », que nous n’utilisons pas, ou peu, dans notre équivalent français.
  3. Dans la version anglaise NIV utilisée par Philip Nunn, le mot anglais est “quietness”, c’est-à-dire tranquillité, calme.
  4. Voile : en anglais, “covering”, c’est à dire : qui recouvre, ou couverture, et dans ce cas, couvre-chef.
  5. La traduction anglaise (New International Version) utilisée par Philip Nunn dit : « nous servons maintenant selon l’Esprit, et non comme autrefois selon un code écrit. »
  6. la version anglaise NIV utilisée par Philip Nunn dit : « il se mit à genoux avec eux tous, et pria ».
  7. Dans la version anglaise NIV utilisée par Philip Nunn, il est dit « l’Éternel pèse les motifs ».