Thème

Église

Auteurs

Paul F. Regard

Lieu

Paris

Date

01/01/1937

Les Ministères et les Dons

Plan

  1. Considérations générales
  2. Les ministères fondamentaux et permanents
    1. Les Apôtres
    2. Les Prophètes
    3. Les Évangélistes
    4. Les Pasteurs
    5. Les Docteurs
  3. Les charges rattachées à l’exercice de l’autorité apostolique
  4. Les dons secondaires
  5. Les conducteurs
  6. Le ministère des femmes
  7. Les anciens et les diacres
  1. Considérations Générales

    Il importe au plus haut point que les saints, qui sont les membres du corps du Christ et qui ont mission de représenter ce corps sur la terre, aient une vue claire et précise de ce que sont, d’après la Parole de Dieu, les dons et les ministères.

    Une telle connaissance est indispensable au témoignage de notre Seigneur. (2 Timothée 1 8.)

    Le témoignage collectif que le Seigneur ressuscité et élevé dans la gloire possède dans les siens, et qui lui est rendu sur la terre à la fois par les assemblées locales et par l’Assemblée en général, est ce qu’il y a de plus cher à son cœur ici-bas.

    Il convient donc que nous ayons tous profondément à cœur le témoignage de notre Seigneur et que nous nous laissions instruire par sa Parole dans tout ce qui concerne ce témoignage.

    Plusieurs textes du Nouveau Testament nous présentent le grand et important sujet des dons et des ministères.

    Ce sont surtout la 1e Épître aux Corinthiens (chapitres 12 à 14), et l’Épître aux Ephésiens (chapitre 4, versets 7 à 16).

    Ce sont aussi, mais dans une moindre mesure, l’Épître aux Romains (12 : 4 à 8), et la 1e Épître de Pierre (4 : 10 et 11).

    Le livre des Actes, et plusieurs autres, fournissent aussi des indications précieuses. L’enseignement qui nous est donné par ces différents textes est d’une clarté resplendissante.

    Quelques remarques préliminaires sont utiles avant d’entrer dans l’étude détaillée du sujet. Il y a lieu de faire tout d’abord les observations suivantes :

    Tous les dons, quels qu’ils soient, et tous les ministères qui s’y rattachent, sont envisagés dans la Parole de Dieu comme placés dans le corps et comme caractérisant les membres qui le composent. (1 Corinthiens 12 ; Romains 12 ; Ephésiens 4.)

    Chaque membre du corps a reçu un don de grâce à faire valoir, une fonction propre, une capacité particulière pour le service. (1 Corinthiens 12 : 7 à 11; Romains 12 : 3 à 6; Ephésiens 4 : 7 à 16.)

    Il y a, néanmoins, des ministères spéciaux se rattachant à des dons plus grands : ceux des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs. (Ephésiens 4 : 11 ; 1 Corinthiens 12 : 28.)

    Outre ces dons, appelés avec justesse dons fondamentaux et permanents, le Nouveau Testament mentionne un certain nombre de dons secondaires. (1 Corinthiens 12 : 4 à 11 ; 28. Et la Parole de Dieu fait une distinction bien nette entre les dons qui ont pour objet de réveiller les âmes et de rassembler l’Église, et ceux qui constituent, devant le monde, des signes de la présence de Dieu dans l’Assemblée en la personne du Saint Esprit. (1 Corinthiens 14 : 22.)

    La liste des dons secondaires comprend ainsi des dons miraculeux à côté des dons occasionnels.

    Chaque membre du corps possède, on le voit, son don propre et son service particulier ; mais tous les membres du corps, tous les dons et tous les ministères, ne sont pas égaux en importance. Tous les frères pouvaient prophétiser. (1 Corinthiens 14 : 24.) Mais tous n’étaient pas apôtres, ni prophètes, ni docteurs. (1 Corinthiens 12 : 29.)

    Il y a lieu d’ajouter que la Parole de Dieu ne sépare pas les dons fondamentaux et permanents des hommes qui les possèdent. Elle nous montre des hommes munis de certains dons et pourvus de certains ministères. (Éphésiens 4 : 11 ; 1 Corinthiens 12 : 28.) Il résulte de là que l’on ne saurait, d’après l’Écriture, reconnaître un de ces dons et rejeter la personne de celui qui l’a reçu. Les dons des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs sont inséparables de leurs personnes.

    La façon dont les dons sont institués dans l’Église offre le plus haut intérêt.

    Le corps est un ; les membres sont plusieurs. (1 Corinthiens 12 : 12 à 27; Romains 12 : 4 à 5.) Il y a, en conséquence, diversité dans l’unité. (1 Corinthiens 12 : 4 à 11.)

    Nous trouvons la diversité des dons de grâce, qui a pour effet la diversité des services, et cette dernière comporte la diversité des opérations.

    La diversité des dons de grâce est en rapport avec le même Esprit, (verset 4.)

    La diversité des services est en rapport avec le même Seigneur, (verset 5.)

    La diversité des opérations est en rapport avec le même Dieu, qui opère tout en tous. (verset 6.)

    En 1 Corinthiens 12 : (4 à 6), les trois personnes de la Trinité sont nommées. Il en va de même en Éphésiens 4 : (4 à 6), où nous trouvons un seul Esprit, un seul Seigneur, un seul Dieu et Père.

    Dans la 1e Epître aux Corinthiens, l’apôtre met en évidence la manifestation de l’Esprit donnée à chacun (12 : 7) et insiste sur le rôle du seul et même Esprit qui distribue à chacun en particulier comme il lui plaît (12 : 11).

    L’Esprit est personnellement maître dans son activité et dans son administration sur la terre. C’est, en effet, par l’Esprit que s’accomplissent en nous les grâces qui se rattachent à l’autorité et aux droits du Seigneur. Et tout procède de Dieu.

    L’Épître aux Éphésiens nous montre, elle aussi, la diversité dans l’unité. (4 : 7 à 16.)

    A chacun, la grâce se trouve donnée se/on la mesure du don de Christ. (4 : 7.)

    C’est le Seigneur lui-même, qui, dans son caractère de donateur souverain, dispense et mesure, à chaque membre du corps, ce qui est nécessaire à sa fonction particulière. (4 : 8 à 10; 16.)

    Telle est aussi la source glorieuse des grands dons et des ministères spéciaux. C’est le Seigneur lui-même, qui, du haut de la gloire du ciel, a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs. (4 : 11.)

    L’Épître aux Éphésiens, qui a en vue la formation et l’édification du corps (4 : 12 à 16), ne nous parle que des dons fondamentaux et permanents qui sont de nature à rassembler l’Église hors du monde et à faire croître tous les saints jusqu’au Seigneur qui est lui-même, dans les splendeurs de la gloire céleste, la Tête du corps, le Chef auguste de l’Assemblée.

    C’est en sa qualité d’Homme ressuscité et élevé dans la gloire, après sa victoire complète et définitive sur Satan, que le Seigneur a donné des dons aux hommes. (Psaume 68 : 18; Éphésiens 4 : 8; Actes 2 : 33.)

    Nos cœurs ne brûlent-ils pas au-dedans de nous (Luc 24 : 32) lorsque la Parole de Dieu nous présente l’exaltation du Seigneur et la grâce de ses dons comme étant les résultats de l’abaissement sans pareil qui l’a conduit jusqu’au supplice ignominieux de la croix et qui l’a fait descendre dans les abîmes de la mort et dans les profondeurs du tombeau ? (Éphésiens 4 :, 9 à 10.)

    Celui qui est descendu est, en effet, le même que celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, et qui remplit tout de l’éclat souverain de sa suprématie glorieuse. Et c’est sa grâce adorable qui emploie dès lors ceux qu’elle a sauvés, comme instruments de sa propre puissance, pour réveiller les âmes et pour édifier l’Église.

    L’Épître aux Romains (12 : 3 à 8) nous montre les conditions d’harmonie et de mesure dans lesquelles et les qualités morales avec lesquelles les membres du corps de Christ doivent remplir chacun sa fonction, ayant reçu, à cette fin, des dons de grâce différents.

    La 1e Epître de Pierre (4 : 10 et 11) complète d’une manière fort utile l’enseignement donné par les Epîtres de Paul.

    Pierre ne nous parle pas du corps de Christ. Mais il invite, lui aussi, les saints à employer les uns pour les autres les dons qu’ils ont reçus. Et, de plus,il nous exhorte tous à le faire comme de bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu. Si nous nous effaçons nous-mêmes, notre activité fera resplendir pour nos frères, d’une façon multiple et bénie, les doux et bienfaisants rayons de la grâce divine. (4 : 10.)

    Le même texte (4 : 11) fait voir combien il est solennel de prendre la parole devant les saints et combien il importe, pour celui qui sert, d’accomplir sa tâche avec la force que Dieu donne lui-même.

    Celui qui prend la parole doit le faire comme oracle de Dieu. Tel est le caractère que doit présenter tout ministère oral, et plus spécialement le ministère de prophète. C’est Dieu lui-même qui donne la parole.

    Quant à la force que Dieu seul peut fournir en vue du service, elle ne manque pas d’être largement accordée aux humbles, qui, sentant toute leur faiblesse, cherchent en Dieu lui-même leur seul appui.

    Nous devons, enfin, donner toute notre attention aux résultats, présents et éternels, en vue desquels les ministères ont été placés dans l’Église. Cette partie de notre sujet est, elle aussi, fort instructive.

    L’Épître aux Éphésiens (4 : 12 à 16) insiste avec ampleur sur les résultats en vue desquels les dons et les ministères sont appelés à s’exercer. Ils tendent au perfectionnement des saints, pour l’oeuvre du service attribué à chacun d’eux, de telle sorte que s’accomplisse l’édification du corps de Christ. Tous les membres du corps de Christ, de la Pentecôte au retour du Seigneur, doivent ainsi parvenir à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ, et croître jusqu’à lui le Chef, le Seigneur dans la gloire, le Christ, d’où tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour.

    Tel est, en effet, le but suprême vers lequel doivent tendre l’exercice de tous les ministères et converger tous les effets de ces ministères.

    La 1e Epître aux Corinthiens, qui nous présente le corps de Christ sur la terre, nous montre comme double but l’utilité et l’édification. (Chapitres 12 et 14) Pour que ce double but puisse être atteint, il faut l’amour. (Chapitre 13 :.)

    Et la 1e Epître de Pierre (4 : 11) indique que l’exercice des dons et l’accomplissement de tout service doivent aboutir à ce qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ. L’apôtre ajoute que la gloire et la puissance reviennent au Seigneur lui-même ; car c’est par lui seul que tout ce qui procède de Dieu se trouve manifesté dans les saints ici-bas pour un temps et là-haut pour l’éternité.

    Après ces observations préliminaires sur les dons et les ministères en général, nous pouvons entrer dans les détails du sujet,

    Nous étudierons d’abord les ministères fondamentaux et permanents : apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs. Et nous signalerons les charges autrefois rattachées à l’exercice de l’autorité apostolique.

    Après quoi, nous passerons en revue les dons secondaires.

    Nous parlerons ensuite des conducteurs.

    Nous dirons quelques mots du ministère des femmes.

    Et nous reprendrons, pour terminer cet exposé, la question spéciale et délicate des anciens et des diacres.

  2. Les Ministères fondamentaux et permanents

    Les ministères fondamentaux et permanents institués dans l’Église par le Seigneur glorifié s’étendent à tous les âges et prolongent leurs effets sur la terre jusqu’au retour du Seigneur. (Éphésiens 4 : 10 à 13.)

    Les ministères fondamentaux et permanents se divisent en deux catégories, nettement distinctes, mais étroitement unies.

    Les dons fondamentaux, qui constituent la première catégorie, sont ceux des apôtres et des prophètes. (Éphésiens 2 : 20.) Les écrits inspirés des apôtres et prophètes du Nouveau Testament (Romains 16 : 26) remplacent depuis de longs siècles leur ministère oral. Ces ministères fondamentaux offrent ainsi un caractère permanent.

    Les évangélistes, les pasteurs et les docteurs forment la seconde catégorie, à laquelle il convient d’ajouter, pour autant qu’il existe et s’exerce encore dans des conditions restreintes, le don des prophètes. Ces dons sont permanents dans l’Église jusqu’au retour du Seigneur, en tant que représentés et exercés par des hommes vivants sur la terre.

    Les dons fondamentaux et permanents pouvaient s’accompagner les uns les autres, sans restriction aucune, comme nous le voyons dans le cas de l’apôtre Paul.

    Depuis le départ des apôtres, les possibilités de cumul des dons et des ministères établis par le Seigneur glorifié se trouvent nécessairement limitées aux dons et aux ministères qui composent la seconde catégorie.

    Le fondement a été établi une fois pour toutes. Un fondement ne se pose pas chaque jour.

    Nous suivrons, dans notre étude, l’ordre indiqué en Éphésiens 4 : 11.

    1. Les Apôtres

      Le premier et le plus important des dons et des ministères fondamentaux est celui des apôtres. (1 Corinthiens 12 : 28; Éphésiens 4 : 11.)

      Il s’agit ici des ministères donnés à l’Église, après l’effusion de l’Esprit, par le Seigneur victorieux, ressuscité et glorifié. (Éphésiens 4 : 8 à 11.)

      L’institution des apôtres donnés à l’Église, du haut de la gloire du ciel, par le Seigneur ressuscité (Éphésiens ÏV 8 à 11), et placés dans l’Assemblée sur la terre par Dieu lui-même (1 : Corinthiens 12 : 28), ne doit pas être confondue avec la mission des douze, dont elle est tout à fait distincte. Paul, Barnabas et d’autres apôtres encore, ont été donnés directement du ciel, sans avoir été choisis auparavant comme compagnons par le Seigneur sur la terre. Paul était apôtre, non de la part des hommes ni par l’homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts. (Galates 1 1.)

      Les apôtres représentent l’autorité. Selon l’autorité individuelle qui leur a été conférée par le Seigneur, ils ont, au prix de souffrances extraordinaires (1 Corinthiens 4 : 9 à 13; etc.), annoncé l’Évangile, travaillé au développement ou à la formation des assemblées locales, pourvu à l’avancement des saints, à l’établissement et au maintien du témoignage de notre Seigneur.

      Ils sont, en quelque sorte, le fondement de l’édifice, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin. (Éphésiens 2 : 20.) Et ce fondement, comme nous l’avons dit, a été posé une fois pour toutes.

      Le don d’apôtre s’accompagnait nécessairement de celui de prophète et éventuellement des autres dons. C’est ainsi que Paul était à la fois apôtre, prophète, évangéliste, pasteur et docteur.

      Tous les apôtres étaient en même temps prophètes. (Éphésiens 2 : 20; 3 : 5.)

      C’est aux apôtres et prophètes, et particulièrement à Paul, que le grand mystère de la réunion des Juifs et des Gentils en un seul corps formant l’Église a été révélé, pour être manifesté aux saints. (Éphésiens 2 : 11 à 3 : 12 ; Colossiens 1 : 24 à 29.)

      Paul et les apôtres avaient un ministère spécial, donné du Seigneur et subordonné au Seigneur; ils étaient administrateurs des mystères de Dieu. (1 Corinthiens 4 : 1.)

      Et les écrits des apôtres sont qualifiés d’écrits prophétiques. (Romains 16 : 26.)

      Tous les apôtres ont, depuis de longs siècles, quitté la scène de ce monde. Nous ne les avons plus au milieu de nous comme ministres et comme personnes. .Mais leur ministère, revêtu de l’autorité du Seigneur lui-même, demeure dans leurs écrits qui font partie de la Parole de Dieu. (Jude 17; 2 Pierre 3 : 2 fin.)

      Les apôtres donnés par le Seigneur sont de Dieu. Et l’Esprit de vérité, en contraste, avec l’esprit d’erreur, consiste à les écouter. (1 Jean 4 : 6.)

      Leur ministère dure et fait autorité jusqu’au retour du Seigneur. (Éphésiens 4 : 11 à 13.)

    2. Les Prophètes

      Le second des dons et des ministères fondamentaux est celui des prophètes. (1 Corinthiens 12 : 28; Éphésiens 4 : 11.)

      Tous les apôtres étaient en même temps prophètes, (Éphésiens 2 : 20; 3 : 5.) Et, comme nous l’avons vu, les écrits des apôtres sont appelés écrits prophétiques. (Romains 16 : 26.)

      Mais il y avait aussi des prophètes qui n’étaient pas apôtres. (Actes 11 : 27 et 28; 13 : 1; 15 : 32; 21 : 10 et 11;

      1 Corinthiens 14 : 29; 30 et 32.)

      Le don des prophètes représente la révélation. Les prophètes parlent et agissent comme oracles de Dieu. Ils sont, en quelque sorte, la bouche de Dieu dans l’assemblée et devant les hommes. Leur ministère, qui comporte une application particulière de 1 Pierre 4 : 11, s’adresse d’une façon toute spéciale à la conscience des saints et a pour caractère de placer les âmes, avec la puissance qui lui est propre, dans la présence solennelle de Dieu lui-même.

      Ce ministère, qui révèle les pensées de Dieu et qui les met en valeur au milieu des siens en temps utile, a pour effets l’édification, l’exhortation et la consolation. Et l’édification de l’assemblée n’est pas sans être accompagnée d’un certain enseignement qui vient s’ajouter à l’exhortation. (1 Corinthiens 14 : 3 à 5 et 31.)

      Les révélations fondamentales qui se rattachent au don des prophètes se trouvent consignées une fois pour toutes dans la Parole écrite. (Romains 16 : 26.)

      Depuis que la Parole de Dieu est complète (Colossiens 1 : 25), le ministère des prophètes ne reçoit plus qu’une application restreinte. Car il ne saurait y avoir des révélations nouvelles à ajouter aux révélations complètes dont le cycle est clos.

      Ce ministère subsiste encore. Mais, aujourd’hui, il consiste seulement à remettre en lumière, selon son caractère propre, avec à-propos et avec puissance, devant les saints qui, laissés à eux-mêmes, n’auraient pas su les discerner et les mettre à profit, les vérités déjà révélées. Et, à ce titre, ses effets sont encore les mêmes qu’autrefois ; et ils. le seront jusqu’à la venue du Seigneur. (Ephésiens 4 : 11 à 13.)

      L’apôtre Paul exhorte les saints à rechercher avec ardeur les dons spirituels, et surtout celui de prophétiser. (1 Corinthiens, 14 : 1.)

      Le prophète est maître de son propre esprit. (1 Corinthiens 14 : 32.)

      Il est recommandé à celui qui prophétise de le faire selon la proportion de la foi qui lui a été départie par Dieu lui-même. (Romains 13 : 3 et 6.) C’est là, sans doute, un principe propre à régler l’exercice de tous les dons. Mais, en raison de la nature et de l’importance de la prophétie, c’est à propos de la prophétie elle-même que l’apôtre fait cette recommandation capitale.

      Les prophètes du Nouveau Testament diffèrent, on le voit, profondément des prophètes de l’Ancien Testament. Ces derniers se trouvent, cependant, nommés avec les apôtres dans un passage du Nouveau Testament. (2 Pierre 3 : 2.) Dieu, dit Paul, a produit les apôtres — qui étaient aussi prophètes au sens du Nouveau Testament — les derniers sur la scène de ce monde, c’est-à-dire après les prophètes de l’Ancien Testament et après le Seigneur lui-même. (1 Corinthiens 4 : 9.)

    3. Les Évangélistes

      Le ministère des évangélistes (Éphésiens 6 : 11) est au nombre des dons permanents qui dureront juqu’au retour du Seigneur. (Éphésiens 4 : 11 à 13.)

      Les évangélistes appellent les inconvertis à venir au Seigneur qui les a tout spécialement doués pour présenter aux hommes perdus la bonne nouvelle d’un plein salut par grâce, la doctrine de la justification par la foi, l’œuvre parfaite et les conséquences glorieuses de la rédemption, l’excellence de la position des croyants devant Dieu, les splendeurs de la nouvelle création, la pensée de Dieu quant au rassemblement des siens comme membres du corps du Christ.

      Il s’agit, en somme, de la prédication de F évangile dans toute sa plénitude de la grâce à la gloire, en passant par la croix et par la résurrection. Toutes les vérités du christianisme font partie de l’évangile, y compris celles qui se rapportent à l’assemblée.

      Comme tel, sous sa forme complète, l’évangile est un sujet d’instruction et d’édification pour les croyants eux-mêmes. (Romains 1 15.)

      Le livre des Actes nous montre comment les âmes sauvées étaient ajoutées au Seigneur et à l’assemblée ; et, dans les régions où le christianisme était annoncé et introduit pour la première fois, la prédication et la réception de l’évangile s’accompagnaient de la formation d’assemblées nouvelles. (Actes 2 : 47; 5 : 14; 11 : 19 à 26; 13 : 1; 14 : 23; etc.) Tel était l’état de choses normal.

      En vertu de sa nature propre, le ministère des évangélistes, dans les commencements, s’exerçait au dehors, pour appeler les âmes à venir au Seigneur. Mais depuis que, par suite de l’infidélité des hommes, la maison de Dieu sur la terre est devenue une grande maison (2 Timothée 2 : 20), ce ministère a aussi, en quelque mesure, sa place à l’intérieur de la maison où, à côté des croyants, il y a beaucoup de professants qui n’ont pas la vie.

      Les nouveaux convertis, une fois introduits dans l’assemblée, se trouvent au bénéfice d’autres ministères propres à les faire croître dans la grâce et dans la vérité.

      Le don des évangélistes se trouve mentionné dans l’Epître aux Éphésiens qui traite, entre autres, de la formation du corps de Christ. Mais ce don ne l’est pas dans la 1e Epître aux Corinthiens qui nous parle de l’assemblée déjà constituée.

    4. Les Pasteurs

      Le ministère des pasteurs (Éphésiens 4 : 11) s’adresse surtout au cœur des saints. Il consiste, d’une part, à entrer dans les circonstances personnelles des rachetés pour leur venir en aide, d’autre part, à conduire, à protéger, à nourrir le troupeau lui-même.

      Les saints n’ont pas seulement besoin d’être nourris et conduits. Ils doivent en outre être mis en garde et protégés, individuellement et collectivement, contre les pièges de l’ennemi et contre les mauvaises doctrines. Et ils le sont grâce au ministère des pasteurs suscités par le Seigneur lui-même.

      L’exercice du don des pasteurs comporte une grande connaissance pratique et une longue expérience individuelle de tout ce que le Seigneur est lui-même comme bon Berger (Jean 10 : 1 à 30), comme grand Pasteur (Hébreux 13 : 20 et 21), et comme souverain Pasteur (1 Pierre 5 : 4).

      Pour bien conduire les rachetés, il faut être versé dans la connaissance de la doctrine. De là vient que le ministère des pasteurs, qui s’applique aux brebis individuellement et au troupeau dans son ensemble, se trouve lié (Éphésiens 4 : 11) à celui des docteurs qui, comme son nom l’indique, a pour objet propre la doctrine.

      Les frères doués et suscités par le Seigneur comme pasteurs sont, d’ailleurs, en mesure de faire l’application de la vérité avec plus de tact et de discernement que ne le comporte en lui-même le don des docteurs.

      Le don des pasteurs a donc une place toute spéciale. Et son utilité particulière est très grande.

      À la différence de celui des docteurs, il ne se trouve, cependant, pas désigné d’une manière formelle dans 1 Corinthiens 12.

      Il en est sans doute ainsi parce que le don des pasteurs se rapporte plutôt à l’unité d’un seul troupeau autour d’un seul Berger (Jean 10 : 16) qu’à l’unité du corps de Christ (1 Corinthiens 12 : 12).

      Le don des pasteurs doit, du reste, être tenu comme implicitement indiqué avec celui des docteurs en 1 Corinthiens 12 : 28, puisque, tout en se distinguant nettement l’un de l’autre, ces deux dons se trouvent étroitement unis en Éphésiens 4 : 11.

      L’exercice du don des pasteurs dure, lui aussi, jusqu’au retour du Seigneur. (Éphésiens 4 : 11 à 13.) Ce don est, en effet, un don permanent.

    5. Les Docteurs

      Le ministère des docteurs (1 Corinthiens 12 : 28; Éphésiens 4 : 11) a pour objet la doctrine et représente l’enseignement.

      Ce ministère s’adresse surtout à l’esprit des rachetés qui ont besoin de la pure et claire intelligence des vérités chrétiennes, pour en jouir, individuellement et collectivement, dans le doux rayonnement de la personne du Seigneur, qui est lui-même la vérité, avec le secours du Saint Esprit, qui sonde toutes choses, même les profondeurs de Dieu. (1 Corinthiens 2 : 10.)

      Le don des docteurs qui, tout en ayant son caractère propre, accompagne souvent celui des pasteurs, consiste à comprendre avec justesse, avec élévation et avec profondeur la Parole de Dieu, à distinguer avec rectitude et à exposer avec correction (2 Timothée 2 : 15) les différents sujets que contient la Parole de vérité et qui constituent, dans cette Parole, un ensemble harmonieux.

      Le don des docteurs comporte en lui-même une double faculté de pénétration, pour discerner avec exactitude les vérités, élevées et profondes, de la Parole de Dieu, et de coordination pour les exposer aux saints avec clarté, avec précision et avec puissance.

      La saine doctrine (1 Timothée 1 : 10; 2 Timothée 4 : 3;

      Tite 2 : 1 et 8) a une extrême importance. Il importe au plus haut point qu’elle soit conservée, enseignée et maintenue en toute pureté parmi les saints, de telle sorte que ces derniers demeurent sains dans la foi. (Tite 113.) Car, laissés à eux-mêmes, les rachetés seraient bientôt ballottés et emportés ça et là comme un navire privé de son gouvernail. (Éphésiens 4 : 14.)

      Si les rachetés ne demeurent pas sains dans la foi et ne sont pas vrais dans l’amour, leur croissance est compromise (Ephésiens 4 : 15 et 16) ; et l’assemblée, qui est la colonne et le soutien de la vérité (1 Timothée 3 : 15), se trouve exposée à perdre son caractère.

      Le ministère des docteurs a été en exercice dans l’Église dès l’origine. L’assemblée d’Antioche possédait plusieurs docteurs. (Actes 13 : 1.) Et ce ministère dure, lui aussi, jusqu’au retour du Seigneur. (Éphésiens 4 : 11 et 13.)

      Le présent exposé n’a pas fait mention des docteurs de Jacques 3 : 1. Ce n’est pas une omission. En Jacques 3 : 1 et 2, il ne s’agit pas du don ou du ministère des docteurs. Ce passage s’applique aux frères qui voulaient enseigner et prendre une place dirigeante et qui le faisaient dans l’esprit indiqué en Matthieu 23 : 4.

  3. Les charges rattachées à l’exercice de l’autorité apostolique

    Au ministère et à l’autorité apostolique se rattachent les charges confiées autrefois, dans certaines assemblées, aux anciens ou surveillants et aux diacres ou serviteurs. (Actes 14 : 23: Philippiens 1 : 1; etc.)

    Lesdites charges, subordonnées à l’autorité apostolique elle-même, se trouvaient remplies par ceux qui en étaient pourvus dans la seule localité où ils avaient été établis.

    Ces charges différaient profondément des dons, et par leur nature, et par leur sphère d’application.

    En vertu même de leur nature, de leur caractère et de leur source, les dons étaient valables et appelés à s’exercer partout. Les dons étaient, en effet, placés dans le corps de Christ au même titre que ceux qui les avaient reçus en qualité de membres de ce corps.

    Cette distinction très nette n’empêchait d’ailleurs nullement les anciens, et même les diacres, de posséder, en quelque mesure, des qualités analogues à celles que comportait l’exercice des dons, ni d’être pourvus eux-mêmes, comme membres du corps de Christ, de certains dons, indépendamment des charges dans lesquelles ils étaient investis.

    L’activité et les devoirs des anciens ressemblaient en quelque manière au ministère des pasteurs. (Actes 20 : 27 et 28; 1 Pierre 5 : 1 à 4.)

    Il y avait des anciens qui travaillaient dans la parole et dans l’enseignement. (1 Timothée 5 : 17.)

    Les anciens participaient aux caractères de l’administration de Dieu. (Tite 1 7.)

    Les serviteurs eux-mêmes étaient appelés à garder le mystère de la foi — c’est-à-dire tout l’ensemble des vérités chrétiennes dont le Seigneur lui-même est à la fois le centre et l’objet — dans une conscience pure.(l Timothée 1 : 19.)

    Étienne, plein de grâce et de puissance, faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles. (Actes 6 : 8.) Et son discours solennel est bien celui d’un docteur et d’un prophète. (Actes 7 : 2 à 53.)

    Philippe est appelé évangéliste. (Actes 21 : 8.)

    Mais si un certain nombre de frères établis dans des charges officielles avaient des dons, ce n’était pas le fait de tous. (1 Timothée 5 : 17.)

    Après avoir signalé l’existence et marqué le caractère des charges rattachées à l’exercice de l’autorité apostolique, il y aura lieu pour nous de revenir, en un chapitre spécial, sur la question délicate des anciens et des diacres, et de vérifier avec soin, d’après les textes du Nouveau Testament, les conditions et les circonstances au milieu desquelles ces charges ont été instituées et remplies. Une telle étude trouvera sa place normale à la fin même de notre exposé.

  4. Les dons secondaires

    1. À côté des dons principaux, fondamentaux et permanents, que nous trouvons indiqués d’une manière complète en Éphésiens 4 : 11 et d’une façon plus restreinte en 1 Corinthiens 12 : 28, et au-dessous d’eux, nous trouvons encore, et cela en 1 Corinthiens 12 : seulement, deux listes de dons secondaires, dont quelques-uns sont occasionnels et les autres miraculeux et temporaires.Bien que la plupart de ces dons ne se trouvent plus en exercice aujourd’hui dans l’Église et que les autres n’y trouvent plus qu’une application limitée et partielle, il convient de les passer en revue.Ce sont, dans la première liste (1 Corinthiens 12 : 8 à 10) : la parole de sagesse,la parole de connaissance, la foi, les dons de grâce de guérisons, les opérations de miracles, la prophétie, les discernements d’esprits, les diverses sortes de langues, et l’interprétation des langues; et dans la seconde liste (1 Corinthiens 12 : 28) — à la suite des ministères conférés aux apôtres, aux prophètes et aux docteurs — les miracles ou opérations de puissance, les dons de grâce de guérisons, les aides, les gouvernements, les diverses sortes de langues.

      La comparaison de ces deux listes enseigne que certains dons, les miracles ou opérations de puissance, les dons de grâce de guérisons, et les diverses sortes de langues, sont nommés deux fois. Elle fait voir, en outre, que, dans chacune des deux listes, les langues, dont les Corinthiens tiraient un si grand orgueil, tiennent la dernière place.

      La parole de sagesse (verset 8) est le fruit d’un état moral et spirituel qui permet à celui qui en est doué de répandre la lumière divine sur les circonstances, de montrer, dans cette lumière, les faits tels que Dieu les voit lui-même, et d’indiquer aux autres, en conséquence, la conduite à tenir.

      La parole de connaissance (verset 8) met celui qui l’a reçue en mesure de comprendre et de communiquer les pensées de Dieu telles qu’elles se trouvent révélées, en vue d’une saine application pratique.

      La foi (verset 9), en tant que don distinct, est cette énergie particulière qui, s’appuyant sur Dieu lui-même, rend capable de s’élever au-dessus des circonstances, de surmonter les difficultés, de braver les dangers, de faire face à tous les événements sans crainte et sans trouble.

      La foi, en tant que don distinct, diffère, on le voit, de la simple foi au Seigneur et à l’Évangile ; cette dernière est, en effet, l’apanage de tous les croyants sans exception, et non le fait de quelques-uns seulement.

      Les dons de grâce de guérisons (versets 9 et 28) inaugurent la liste de dons miraculeux. L’exercice du don de guérir impliquait une foi toute spéciale, mais dont les effets se limitaient à un objet strictement défini.

      Ce don était en activité pour appuyer la prédication de l’Évangile auprès des inconvertis. Paul ne guérissait pas les saints ; l’apôtre les laissait entre les mains du Seigneur lui-même. (Philippiens 2 : 25 à 30; 2 Timothée 4 : 20.)

      Les opérations de miracles ou opérations de puissance (versets 10 et 28) correspondent à la promesse faite aux disciples par le Seigneur ressuscité avant son ascension. (Marc 16 : 17 et 18.)

      Le livre des Actes nous montre comment le Seigneur a accompli cette promesse, coopérant du haut de la gloire du ciel avec ses disciples et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient. (Marc 16 : 19 et 20.)

      La prophétie (verset 10), dont la sphère d’application est purement spirituelle, sans exclure la révélation des pensées divines, semble être ici surtout la prédication de l’avenir, produisant la conviction dans la conscience des auditeurs.

      Le livre des Actes fournit des illustrations remarquables de ce don. (Actes 11 : 27 et 28 ; 21 : 10 et 11.)

      Les discernements d’esprits (verset 10) sont une capacité particulière de distinguer pour soi-même et de mettre en lumière devant les autres les enseignements et les effets du Saint Esprit, en contraste avec les contrefaçons que les esprits malins et les faux docteurs tentent de faire en imitant la vérité et les formes de la vérité.

      Il s’agit là d’un don spécial, différant par sa justesse, par son ampleur et par son intensité, du discernement et des moyens accordés à tous. (1 Corinthiens 12 : 1 à 3; 1 Jean 4 : 1 à 6.)

      Ce don était fort utile au temps où le christianisme, s’établissant sur la terre, était en contact direct et en lutte constante avec le paganisme, et où tant de manifestations spirituelles provenaient des démons.

      Les diverses sortes de langues (versets 10 et 28) viennent ensuite. Fait remarquable, l’apôtre Paul leur donne, comme nous l’avons vu, la dernière place dans chacune des deux listes de dons que contient le chapitre 12 de la 1e Epître aux Corinthiens.

      Outre le verset déjà cité, où le Seigneur lui-même annonce que ses disciples parleront de nouvelles langues (Marc 16 : 17), la Parole de Dieu nous présente le don des langues, ou glossolalie, dans plusieurs passages.

      En Actes 2 : 1 à 4, nous lisons que lors de la descente du Saint Esprit comme personne divine sur la terre, les chrétiens se sont mis à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer. Comme le montre la suite du texte, les chrétiens de Jérusalem annonçaient les choses magnifiques de Dieu dans un grand nombre de langues étrangères qu’ils n’avaient point apprises; et chacun les entendait dans le langage de son pays d’origine. Et la Parole de Dieu ne signale, à cette occasion, aucune action anormale.

      En 1 Corinthiens, le vaste domaine des langues humaines se trouve dépassé. (13 : l.)A Corinthe, celui qui parlait en langue s’adressait à Dieu lui-même en prononçant des mystères; il ne parlait pas aux hommes; et ces derniers ne pouvaient pas comprendre ce qui était dit. (1 Corinthiens 14 : 2.) Celui qui parlait en langue s’édifiait lui-même; mais il n’édifiait pas l’assemblée, à moins que ce qu’il disait ne fût interprété (versets 4 et 5). Il arrivait même que des chrétiens s’exprimaient en langue sans se comprendre eux-mêmes (versets 14 et 15). C’est pourquoi, celui qui parlait en langue devait prier pour recevoir la capacité d’interpréter, au profit de l’auditoire et à son propre bénéfice, ce qu’il avait dit (verset 13). Ce qui était exprimé en langue devait être interprété, soit par l’intéressé, soit par quelqu’un d’autre (verset 27).

      L’interprétation des langues existait donc, à titre de don spécial, à côté des diverses sortes de langues (verset 10).

      Les Corinthiens s’étaient laissés aller à d’étranges abus. Beaucoup, parmi eux, parlaient en langue, et même plusieurs à la fois. Paul règle, en conséquence, l’usage de ce don dans les réunions d’assemblée; deux frères, ou tout au plus trois, pouvaient parler en langue, chacun à son tour ; il fallait, en outre, un interprète ; et, s’il n’y en avait pas, ceux qui auraient parlé en langue devaient se taire dans l’assemblée, car leur action n’aurait pas eu pour résultat l’édification. (1 Corinthiens 14 : 27 et 28.)

      L’apôtre rappelle, d’ailleurs, de la manière la plus claire et la plus solennelle, la véritable raison d’être du don des langues. (1 Corinthiens 14 : 20 à 25). Les langues, dit-il, sont pour signe, non à ceux qui croient, mais aux incrédules. (1 Corinthiens 14 : 22.)

      Et l’exercice de ce don ne devait pas durer. Les langues, dit Paul, cesseront. (1 Corinthiens 13 : 8.) Et, de fait, elles ont cessé très vite, comme l’exercice de tous les dons miraculeux qui contribuaient à démontrer l’origine divine du christianisme lors de son premier établissement sur la terre.

      Entre la glossolalie de Jérusalem et la glossolalie de Corinthe, nous trouvons, faisant, pour ainsi dire, transition entre elles, la glossolalie de Césarée (Actes 10 : 46) et celle d’Ephèse (Actes 19 : 6). Nous voyons à Césarée la reproduction en petit, parmi les Gentils eux-mêmes, de ce qui nous est raconté en Actes 2. Il s’y ajoute, à Éphèse, la prophétie, qui est un signe pour les croyants. (1 Corinthiens 14 : 22.) La prophétie caractérise l’état chrétien. En Actes 2 : 18, les mots « et ils prophétiseront » sont ajoutés au texte cité de Joël et appartiennent en propre au Nouveau Testament.

      La seconde liste des dons énumérés en 1 Corinthiens 12 : nous parle encore de deux dons : les aides et les gouvernements (verset 28).

      Il y avait, en effet, et il y a encore dans une certaine mesure, des chrétiens spécialement capables d’assister les frères et de soutenir l’œuvre du Seigneur, et des chrétiens qualifiés d’une façon particulière pour administrer sur la terre les intérêts du Seigneur et de l’Assemblée, et pour tenir, en quelque sorte, le gouvernail dans leurs mains.

      Il ne s’agit pas là des rapports qui peuvent exister entre de telles qualités et l’exercice de certains dons ou de certaines charges, mais de ce que constituent en elles-mêmes ces compétences et ces capacités.

      Tels sont les dons secondaires que nous trouvons mentionnés dans 1 Corinthiens 12.

      Plusieurs d’entre eux peuvent recevoir aujourd’hui encore, au moins une application occasionnelle et partielle, tels la parole de sagesse, la parole de connaissance, les aides, les gouvernements et, en une certaine mesure, la foi.

      Mais les dons destinés à appuyer la prédication de l’Évangile auprès des inconvertis et à prouver parmi eux l’origine divine du christianisme, c’est-à-dire les dons miraculeux ont été de bonne heure retirés à l’Église à cause de son infidélité. Si de tels dons se trouvaient encore en exercice dans les pays christianisés, ils ne manqueraient pas d’y apparaître comme le sceau de l’approbation de Dieu sur un état de choses qui n’est pas selon lui ; et c’est là une impossibilité évidente.

  5. Les conducteurs

    Nous trouvons encore dans le Nouveau Testament les conducteurs ou frères qui sont à la tête.

    Ils apparaissent déjà dans le livre des Actes (15 : 22), où sont mentionnés, à propos d’une affaire d’intérêt général, comme tenant la première place parmi les frères, Judas appelé Barsabbas et Silas. Judas et Silas sont désignés dans ce verset comme ayant une place dirigeante parmi les frères. Ce sont des conducteurs comme ceux dont nous parle l’Épître aux Hébreux. (13 : 7, 17 et 24.) Ils marchent, pour ainsi dire, à la tête des saints.

    Judas et Silas étaient prophètes. (Actes 15 : 32.) Mais, si précieux que fût leur ministère, ce n’est pas en leur qualité de prophètes qu’ils nous sont présentés en Actes 15 : 22. Dans ce verset, et dans les autres passages de la Parole de Dieu qui traitent le même sujet, les conducteurs, qui ont une place dirigeante parmi les frères, sont envisagés comme tels, indépendamment des dons qu’ils peuvent exercer ou des charges qu’ils pouvaient occuper d’autre part. Il s’agit essentiellement de l’exemple pratique et de l’autorité morale des conducteurs comme tels.

    L’Épître aux Hébreux nous montre les caractères des conducteurs. (13 : 7 et 17.)

    Les conducteurs annoncent aux saints la parole de Dieu. La façon dont ils se comportent manifeste leur foi. (13 : 7.) Ils veillent, en outre, pour les âmes des saints, et le font comme ayant des comptes à rendre à Dieu au sujet de leur conduite.

    Lorsque les conducteurs sont encore en vie au milieu d’eux, les saints ont à leur obéir et à se montrer soumis. Une telle attitude de leur part est nécessaire pour que les conducteurs s’acquittent de leur tâche avec une joie que les gémissements ne viennent pas troubler. Si l’attitude de leurs frères pousse les conducteurs à gémir, cela ne saurait être profitable aux saints. (13 : 17.)

    Et, quand le Seigneur a pris les conducteurs auprès de lui, les saints doivent garder leur souvenir, considérer l’issue de leur activité et imiter leur foi. (13 : 7.) Après leur départ, les conducteurs laissent aux saints un exemple encourageant et béni.

    Les conducteurs passent. Mais Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement. (13 : 8.) Le Seigneur lui-même demeure pour les saints comme l’objet parfait de leurs cœurs et comme le centre immuable de leurs affections.

    Le Nouveau Testament nous parle encore des conducteurs en deux passages remarquables (Romains 12 : 8; 1 Thessaloniciens 5 : 12 fin), où le texte original présente, pour désigner ces précieux serviteurs, un autre terme que les versets des Actes et de l’Épître aux Hébreux expliqués ci-dessus.

    Il est question, en Romains 12 : 8 et 1 Thessaloniciens 5 : 12, des conducteurs qui, se trouvant placés à la tête des saints, sont en quelque sorte devant eux pour les diriger et pour les protéger. Ces frères, bien entendu, occupent une telle place en vertu des qualités données et des forces fournies par le Seigneur, indépendamment de toute position officielle. La nuance, en d’autres termes, est celle d’une sorte de présidence d’ordre purement spirituel et par là même complètement étrangère à tout établissement humain.

    La preuve en serait, au besoin, fournie par la place que les conducteurs occupent dans l’énumération de Romains 12. Celui qui est à la tête se trouve, en effet, mentionné tout à la fin, entre celui qui distribue et celui qui exerce la miséricorde.

    L’apôtre invite ceux qui sont à la tête ou qui dirigent à s’acquitter de leur tâche avec soin et avec zèle.

    Il importe de remarquer qu’en Romains 12, les frères qui sont à la tête sont envisagés comme membres ayant leur place dans le corps.

    Dans la 1e Épître aux Thessaloniciens (5 : 12 et 13), les frères sont exhortes à connaître et à estimer très haut en amour à cause de leur œuvre ceux qui travaillent parmi eux, qui sont à leur tête dans le Seigneur, et qui les avertissent.

    Écouter et honorer les conducteurs, c’est écouter et honorer le Seigneur lui-même.

  6. Le ministère des femmes

    1. Le ministère des femmes existe dans le Nouveau Testament; mais il est limité à des conditions qu’il importe au plus haut point de respecter strictement.A Jérusalem, au temps de la naissance du Sauveur, la prophétesse Anne, qui est d’ailleurs une figure du peuple d’Israël, servait Dieu jour et nuit, en jeûnes et en prières, sans quitter le temple, louait le Seigneur et parlait de lui à tous ceux qui attendaient la délivrance. (Luc 2 : 36 à 38.) C’est là un cas tout spécial, en des circonstances tout à fait exceptionnelles. S’adresser de cette manière à ceux qui composaient le résidu fidèle, louer le Seigneur et parler de lui à d’autres dans de pieuses conversations, ce n’était nullement prêcher en public, et ce n’était pas prophétiser dans l’assemblée, qui, du reste, n’était pas encore constituée.Les quatre filles de Philippe (Actes 21 : 8 et 9) prophétisaient sans doute; mais elles exerçaient leur don dans la maison de leur père; elles révélaient aux assistants quelque chose de la part de Dieu, sans sortir de la sphère d’action attribuée à la femme dans la Parole de Dieu. Nous ne les voyons pas prêcher en public ou prophétiser dans l’assemblée, qui existait alors depuis des années déjà nombreuses.

      Les sœurs ont de multiples occasions de travailler pour le Seigneur et de travailler dans le Seigneur. (Actes 9 : 36 à 42; 12 : 12; 16 : 13 à 15; Romains 16 : 1 à 16; Tite 2 : 3 à 5; Philippiens 4 : 3; 2 Jean 1; etc.) Mais leur sphère d’activité n’est pas du tout la parole en public ou l’action dans l’assemblée.

      Dès la création, le rôle propre de la femme est celui d’une aide de l’homme, occupant une place précieuse, et fort importante en son genre, mais subordonnée.

      Quelles que soient les qualités qu’elle a reçues et les compétences qu’elle possède, la femme reste toujours un vase plus faible. (1 Pierre 3 : 7.) Elle peut aider à l’homme dans son travail et faire ce que ce dernier ne fait pas lui-même. Mais elle ne saurait se constituer son égale ou sa rivale sans prendre un caractère qui, selon l’ordre établi par Dieu lui-même, ne lui appartient pas, et sans usurper, au mépris de la gloire et des droits du Seigneur, une position qui ne lui a pas été donnée.

      Dans sa 1e Épître aux Corinthiens (14 : 34 et 35), l’apôtre Paul dit aux femmes de se taire dans les assemblées. Il n’est pas permis aux sœurs de parler en public. Il est honteux pour une femme de parler dans l’assemblée. Il ne saurait y avoir aucune exception à cette règle formelle, à moins, bien entendu, que les sœurs ne se trouvent réunies entre elles, en l’absence de tout frère.

      D’après la l » Épître à Timothée (2 : 8 à 14), les hommes seuls prennent la parole pour prier en tout lieu. La femme doit apprendre dans le silence. Il ne lui est pas permis d’enseigner ni d’user d’autorité sur l’homme. Car ce serait bouleverser l’ordre établi par Dieu à la création.

      Dans l’Épître à Tite (2 : 3 à 5), les sœurs âgées sont invitées à donner des enseignements aux jeunes sœurs ; mais il ne s’agit pas d’un enseignement public.

      Les sœurs doivent donc vaquer, dans la dépendance du Seigneur, aux différents services que la Parole de Dieu leur attribue. Mais, dans les assemblées, elles partagent les exercices de conscience et de cœur des frères appelés à l’action publique sans prendre part à cette action, qui, selon la Parole de Dieu, appartient aux frères seuls.

      Le ministère public dans l’assemblée et l’administration de la maison de Dieu ne sont nullement le fait de la femme. Et Jésabel, qui se dit prophétesse et qui enseigne dans l’assemblée à Thyatire, est précisément la figure de la corruption ecclésiastique. (Apocalypse 2 : 20 à 23.)

  7. Les anciens et les diacres

Il y a eu, d’après les textes du Nouveau Testament, dans certaines assemblées, durant la période initiale et transitoire pendant laquelle le recueil se constituait, des anciens (Actes 14 : 23; etc.), et même des diacres (Philippiens 2), investis dans leurs charges à titre officiel. Et il était fort nécessaire qu’il en fût ainsi, pour le bon ordre (Tite 1 5), en un temps, où, à la suite de la prédication de l’Évangile, de nombreuses assemblées se formaient parmi les nations (Actes 11 : et chapitres suivants), où le ministère de la Parole de Dieu était en grande partie verbal (1 Thessaloniciens 2 : 13), où les Saintes Ecritures n’étaient pas complètes, où l’imprimerie et les communications rapides n’existaient pas.

Les anciens (Actes 11 : 30; etc.) avaient pour caractère et pour mission d’être à la tête des assemblées en se constituant les modèles du troupeau. Ils devaient prendre garde à eux-mêmes et à tout le troupeau au milieu duquel l’Esprit Saint les avait établis ou placés comme surveillants pour paître l’assemblée de Dieu. Ils étaient aussi appelés à entrer, avec prière, dans les circonstances individuelles de leurs frères et à leur venir en aide après avoir discerné la pensée du Seigneur à leur égard. (Actes 20 : 17 et 28; 1 Pierre 5 : 1 à 5; Jacques 5 : 14 et 15.)

Les charges d’anciens étaient les mêmes que celles de surveillants ou d’évêques. (Actes 20 : 17 et 28 ; Tite 1 5 et 7.) Et c’est parmi les Gentils que nous les trouvons à titre officiel. Parmi les Juifs, où l’autorité des anciens était respectée de tout temps, il n’y avait pas besoin de nominations officielles. Pierre se borne à reconnaître l’existence des anciens et à marquer leur caractère. Paul établit des anciens dans les assemblées des nations et énumère les qualités que leurs fonctions comportent.

Il y a lieu d’ajouter qu’à la différence des dons, qui sont pour l’église universelle, là où elles existaient, les charges d’anciens ou de surveillants étaient locales. Et les anciens étaient plusieurs dans une même assemblée. (Actes 14 : 23; Philippiens 11 ; 1 Timothée 4 : 14.)

Les anciens ou surveillants devaient avoir certaines qualités et répondre à certaines conditions. (1 Timothée 3 : 1 à 7; Tite 1 7 à 9.) Ceux qui remplissaient dûment leurs fonctions étaient dignes d’un double honneur, spécialement ceux qui travaillaient dans la parole et dans l’enseignement. (1 Timothée 5 : 17.) Il y en avait qui travaillaient dans la parole et dans l’enseignement ; mais, ce n’était pas le cas de tous. La prédication de la parole de Dieu se liait d’ailleurs surtout à l’exercice des dons. Les charges d’anciens étaient locales ; toutefois, la qualité d’anciens n’avait rien d’exclusif. (1 Pierre 6 :.) Lorsque les anciens avaient des dons, ils pouvaient les exercer et les exercer partout.

Les anciens devaient être l’objet de certains égards. (1 Timothée 5 : 17 à 20; 1 Pierre 5 : 5.)

Nous ne voyons nulle part, dans le Nouveau Testament que les anciens ou surveillants aient été institués à titre officiel (1 Timothée 4 : 14) autrement que par l’autorité apostolique elle-même, cette autorité s’exerçant soit directement (Actes 14 : 23), soit indirectement par l’intermédiaire d’un légat (Tite 1 5). Pendant la période initiale et fondamentale, l’autorité individuelle conférée par le Seigneur aux apôtres agissait selon son caractère propre, sans se confondre jamais avec l’autorité appartenant à l’assemblée réalisant la présence personnelle et spirituelle du Seigneur au milieu d’elle (Matthieu 18 : 18 à 20). Et l’autorité apostolique était la seule autorité légitime pour instituer des anciens ou surveillants.

Il en était de même (Actes 6 : 1 à 3) des diacres ou serviteurs (Philippiens 2), et des diaconesses ou servantes (Romains 16 : 1), qui se trouvaient chargés de besognes matérielles et appelés à les accomplir en toute sagesse spirituelle.

Les diacres ou serviteurs devaient, eux aussi, posséder certaines qualités et remplir certaines conditions. (Actes 6 : 3 et 5; 1 Timothée 3 : 8 à 13.) Et les charges de diacres n’excluaient pas non plus d’autres activités. Dans le texte original grec (Actes 6 : 1 à 4), le même substantif se trouve employé pour le service journalier et pour le service de la parole; et c’est un mot parent qui désigne le service aux tables. Philippe, l’un des sept, était évangéliste. (Actes 6 : 3 à 6; 8 : 4 à 40; 21 : 8.)

En Actes 6 :, la multitude des disciples ou des frères est bien intervenue d’ailleurs sur l’invitation formelle des douze, pour choisir et pour présenter les sept diacres ou serviteurs; mais c’est l’autorité apostolique elle-même qui les a établis. (Actes 6 : 3 et 6.)

La Parole de Dieu est fort claire à ce sujet.

En ce qu’elles avaient d’officielles charges d’anciens ou de surveillants et les charges de diacres ou de serviteurs se rattachaient, les unes et les autres, directement à l’autorité apostolique, dont elles étaient une expression.

Et tout cela diffère radicalement de ce qu’ont fait plus tard les églises constituées par les hommes.

Depuis la mort du dernier des apôtres, il n’y a plus eu sur la terre d’autorité compétente pour instituer à titre officiel dans les assemblées, même au sens strictement scripturaire de ces termes, des anciens ou surveillants des diacres ou serviteurs.

Et il n’est plus nécessaire qu’il y en ait à ce titre depuis que les assemblées ont à leur disposition, par écrit, la Parole de Dieu tout entière. Telle est, avec évidence, la raison pour laquelle les apôtres, dans leurs écrits inspirés, n’ont, en aucune façon, ni prévu après eux, ni prescrit pour la suite des temps, la nomination d’anciens et de diacres dans les assemblées.

Cependant, par la grâce de Dieu, il y a eu, et il y a encore, dans les assemblées, des frères qualifiés et préparés par le Seigneur qui possèdent et qui revêtent les qualités et les caractères des anciens ou surveillants et des diacres ou serviteurs d’autrefois, et qui se trouvent ainsi en mesure d’exercer, dans la dépendance du Seigneur et de sa Parole, la même activité bienfaisante.

Mais ces frères si utiles, que les autres frères doivent reconnaître quand le Seigneur les a suscités (1 Thessaloniciens 5 : 12 et 13), ne pourraient ni prendre, ni recevoir la condition et la position officielles des anciens et des serviteurs de la période apostolique sans se mettre en contradiction formelle avec la Parole de Dieu.

Nous sommes, sur ce point, comme sur tous les autres, responsables de nous en tenir strictement à l’enseignement apostolique. S’unissant dans sa pensée aux autres apôtres, qui déjà l’avaient devancé auprès du Seigneur, le dernier des apôtres resté sur la scène de ce monde, Jean, nous a laissé, avant de la quitter à son tour, cette parole mémorable et solennelle: « Nous (c’est-à-dire : Nous les apôtres), nous sommes de Dieu; celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas : à cela nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur. » (1 : Jean 4 : 6.)