Thème

Église

Auteurs

J. Méchin

Lieu

Angoulême

Date

01/11/2005

Étude sur l’épître à Tite

Passages considérés : 1. 1-14 ; 2. 1, 11-14 ; 3. 1, 2, 12-14

Comment Dieu s’occupe-t-il des assemblées en Crète, faibles et en désordre ? Nous pensons utile de trouver ensemble dans les versets cités que, dans la grâce et pour la paix :

1.      Dieu reconnaît une autorité locale et la caractérise,

2.      Dieu souligne la nécessité d’une discipline,

3.      Dieu donne des conseils pour combler les insuffisances.

Pourquoi ce sujet ?

La chrétienté traverse une période troublée et déstabilisante. Divers comportements mettent la foi de nombreux chrétiens à rude épreuve. Nos rassemblements n’en sont pas épargnés.

L’apôtre Paul a trouvé à Corinthe, puis en Crète une dizaine d’années après, une situation préoccupante impliquant de l’aide.

Des Crétois étaient présents lorsque, à la Pentecôte, l’Esprit Saint avait agi avec puissance (Actes. 2. 1-13), puis l’apôtre avait travaillé en Crète avec Tite, évangélisant et établissant des assemblées dans chaque ville.

La renommée des Crétois est transcrite dans l’épître par :  » toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux.  » (1. 12). Parmi ceux d’entre eux qui participaient à la vie des assemblées, il y avait  » beaucoup d’insubordonnés vains discoureurs et séducteurs, principalement ceux qui sont de la circoncision  » (1. 10). Dans leur activité, précise l’apôtre,  » ils renversent des maisons entières, enseignant ce qui ne convient pas, pour un gain honteux. »  (1. 11). Il y avait donc à la fois du mal moral et du mal doctrinal.

Quel remède apporter à une telle situation ? Abandonner l’île ? Isoler les assemblées de l’île jusqu’à ce qu’elles aient mis de l’ordre et se soient purifiées du mal ?

Alors que son service l’appelle à quitter l’île, l’apôtre y laisse Tite. Un travail était commencé et Paul désirait qu’il soit terminé ; l’Assemblée n’est pas figée, mais toujours en progrès (Éphésiens  5. 27). Il écrit à Tite :  » Je t’ai laissé en Crète dans ce but : que tu mettes en bon ordre les choses qui restent à régler, et que, dans chaque ville, tu établisses des anciens suivant que moi je t’ai ordonné  » (1. 5). Il délègue son autorité apostolique à Tite pour qu’il fasse trois choses :

  • Organiser la conduite de chaque assemblée en mettant en place des hommes capables et responsables, appelés « anciens ».
  • Fermer la bouche à ceux qui n’édifient pas (v. 11).
  • Reprendre fermement les croyants désordonnés, menteurs, gourmands et paresseux  » afin qu’ils soient sains dans la foi. «  (v. 13).

Sa lettre est remplie de conseils et d’enseignements pratiques pour que Tite et d’autres aident les assemblées de Crète à remédier à leurs déficiences.

Il y a bien là une source d’encouragement pour nous tous aujourd’hui, une source de consolation et une raison d’espérer sortir d’une crise difficile et douloureuse. Nous allons donc nous pencher, non sur des solutions humaines, mais sur la manière d’agir de la grâce de Dieu dans des situations difficiles.

Motif du choix de versets pour les quelques heures d’étude

Comme les deux épîtres à Timothée, l’épître à Tite est une épître pastorale, c’est-à-dire qu’elle contient des recommandations pratiques, données pour conduire tout croyant responsable à prendre soin des brebis du Seigneur. On y trouve des enseignements sur la saine doctrine, la conscience, la piété, la sobriété et la modération, les bonnes œuvres.

Le premier chapitre met en évidence l’utilité et la responsabilité des anciens. être ancien implique la manifestation d’un ensemble de caractères dont une partie se retrouve en 1 Timothée 3. 2-7. Les quatorze premiers versets retenus pour l’étude devraient nous aider à comprendre comment se conduit la vie dans une assemblée locale.

Le second chapitre concerne plus précisément la vie de la famille de la foi. Le premier verset établit un lien avec le chapitre 1, ce qui met en évidence que cette vie, dans une localité, est liée à l’état et à la conduite de l’assemblée locale. Les versets 11 à 14 soulignent l’importance capitale de la grâce divine et le contenu du sain enseignement. Ce point fort de l’épître a donc été retenu.

Enfin, le troisième chapitre concerne la vie sociale et nous avons retenu les deux premiers versets pour nous rappeler notre responsabilité de témoignage devant les autorités et les hommes qui nous entourent, puis les versets 12 à 14 pour souligner l’importance des liens fraternels, de l’accompagnement des frères dévoués dans le service qui leur est confié, de l’exemple à donner par les chrétiens de chaque assemblée relativement aux bonnes œuvres.

Chaque  personne  est  concernée  et  son  implication  a  de  l’importance

Si chaque épître pastorale est adressée à une personne, il est évident que les trois ont leur place dans la Parole de Dieu parce qu’elles contiennent des enseignements utiles à toutes et à tous.

Timothée et Tite sont des témoins appelés à des responsabilités et à un travail nécessaire. Leur vie et leur enseignement présentent une harmonie qui leur donne autorité pour parler et agir. De la même manière, nous devons mettre en pratique ce que nous exprimons en relation avec les choses de Dieu. Chacun doit prendre conscience que ce qu’il vit et enseigne a un effet sur le témoignage rendu devant Dieu et devant les hommes.

à propos des scribes et des pharisiens qui montraient le mauvais exemple, le Seigneur Jésus dit : « Toutes les choses donc qu’ils vous diront, faites-les et observez-les ; mais ne faites pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas  » (Mat. 23. 3). Il dévoile ici un état que Dieu désapprouve : ces hommes responsables du peuple d’Israël étaient plus attachés à la tradition juive et à la gloire des hommes qu’à l’humble respect des écritures.

Si nous recevons véritablement la doctrine qui traduit la pensée de Dieu, cela transforme notre vie qui peut alors orner « en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu sauveur  » (Tite 2. 10). Seule la vraie foi, celle qui conduit à honorer Dieu de tout notre cœur dans le désir constant de lui plaire en le servant, produit une vraie piété. Où en sommes-nous, chacun, chacune, à cet égard ?

L’apôtre Paul parle de saine doctrine et de « santé » (« hygiène », en français), principalement de santé spirituelle, laquelle est liée à une pratique cohérente avec la saine doctrine. Une doctrine théorique sans réalisation pratique ne fait pas autorité. Pourquoi serait-elle écoutée ?

Une pensée de Dieu qui concerne chaque assemblée locale

Beaucoup de vrais chrétiens rêvent d’être dans une assemblée où tout va bien, où tout est parfait. Mais cela n’existe pas dans le Nouveau Testament, et cela n’a jamais existé depuis ce temps là. C’est pourquoi le Nouveau Testament est si riche en exhortations pour nous, chrétiens. Aucun de nous n’est parfait. Tite aussi, comme tout serviteur responsable, est exhorté à se montrer lui-même  » en toutes choses un modèle de bonnes œuvres, faisant preuve dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de gravité, de parole saine qu’on ne peut condamner  » (2. 7, 8).

Tite n’est pas toujours resté en Crète (3. 12). Après les exhortations, le moment est venu pour les chrétiens de l’île de se prendre en charge et de suivre les enseignements divins en gérant la vie collective d’une manière responsable. Et Dieu ne les a pas abandonnés.

La pensée de Dieu est que chaque assemblée mûrisse et manifeste un témoignage local efficace.

Pour que cela fonctionne bien, il faut que chaque chrétien aille bien et serve, à l’exemple de Paul,  » selon la foi des élus de Dieu et la connaissance de la vérité qui est selon la piété, dans l’espérance de la vie éternelle  » (1. 1, 2). Dieu a fait la promesse d’une telle vie  » avant les temps des siècles  » (v. 2). Chaque vrai chrétien, parce qu’il croit au Fils de Dieu, a la vie éternelle bien qu’il soit encore sur la terre. Mais la perfection sera atteinte plus tard, comme nous le lisons dans la Bible[1]. Dans l’épître aux Colossiens l’apôtre Paul utilise l’expression :  » Christ en vous l’espérance de la gloire  » (Col. 1. 27). Cependant, le but céleste est la clé de notre vie collective actuelle (Voir Col. 1. 21-23). Et nous avons un  » Dieu Sauveur « , un  » Dieu, qui ne peut mentir «  (v. 2) ; tout est entre ses mains et il est puissant et fidèle pour accomplir ce qu’il promet[2].

Cela ne fonctionne bien qu’avec des chrétiens pieux. Être pieux, c’est vivre avec Dieu tous les jours dans toutes les circonstances de notre vie et développer jour après jour cette communion. Pour cela, il faut introduire Dieu dans toutes nos circonstances, ce qui ne peut être réel que si nous vivons dans l’intimité avec lui.

Une exhortation pour les jeunes frères

Paul avait choisi d’être esclave de Dieu, c’est-à-dire d’être volontairement soumis à sa volonté. Cette disposition intérieure va faire de lui un apôtre qualifié pour communiquer ce que Dieu lui confiera. Tite avait été l’associé de Paul et son compagnon d’œuvre auprès des Corinthiens (2 Cor. 8. 23). Il avait marché dans le même esprit et sur les mêmes traces que Paul (2 Cor. 12. 18). Il avait bien servi et acquis  » un bon degré «  et  » une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus  » (1 Tim. 2. 13). Une dizaine d’années plus tard, le voilà capable d’assumer la délégation que l’apôtre lui confie. L’engagement de cœur, avec une réelle implication pratique aux côtés de serviteurs dévoués et fidèles est un exemple stimulant pour les jeunes. Beaucoup de serviteurs de Dieu, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, ont suivi ce cheminement. Ce contenu scripturaire incite tout jeune lecteur attentif à servir en s’impliquant dès la jeunesse pour pouvoir ensuite montrer l’exemple à d’autres. Les jeunes d’aujourd’hui doivent penser qu’ils seront peut-être des anciens dans quelques années. Il y a ici deux choses capitales : l’exemple de serviteurs doués par le Seigneur et l’engagement de cœur de jeunes qui apprennent à servir dans la compagnie d’hommes de Dieu mûrs et dévoués.

Tite signifie : « nourrice ». Il aime et donne la nourriture, « le pur lait », comme le fait une nourrice pour un enfant. Il montre aussi quelque chose de son divin maître : il sert les autres et se dépense pour leur profit[3]. Le dévouement dans la mise en pratique des enseignements bibliques délivre du « moi » et met en valeur  » l’œuvre de Dieu qui fait tout  » ( Ec. 11. 5).

Réponse aux besoins des assemblées de Crète

L’élection révèle la valeur de Dieu, le Dieu de gloire qui appela Abraham, le père des croyants (Rom. 4. 12). Si nous écoutons bien, nous verrons que Dieu nous parle de lui-même et de sa grandeur. Ce qui est mis en valeur de façon magistrale, dès le début de cette épître, c’est le caractère de Dieu (1. 1-4). Ne centrons pas la doctrine sur nous, sur l’homme, mais sur Dieu ! Après ce paragraphe introductif dans lequel Dieu se révèle en trois personnes, Père, Fils et Esprit Saint, en nous rappelant ce qu’il est (nature), ce qu’il dit (Parole) et ce qu’il pense (Esprit), nous entrons dans la réponse pratique aux besoins des assemblées de l’île de Crète.

L’apôtre avait travaillé dans la compagnie de Tite. Ils avaient réglé un certain nombre de problèmes. On peut penser qu’ils s’étaient dépensés pour responsabiliser les chrétiens en leur présentant la vérité de Dieu, comme Paul avait l’habitude de le faire auprès des hommes qu’il enseignait. Ce travail de défrichage qui sensibilise les cœurs et les consciences en plaçant les hommes devant Dieu est un préalable à tout service chrétien.

Que manquait-il aux assemblées de Crète ? Des anciens, c’est-à-dire des conducteurs locaux reconnus par tous et assumant pratiquement une charge nécessaire au bon fonctionnement de leur  assemblée. Cette question est si importante que trois apôtres, Paul, Jacques et Pierre, en parlent ! à Corinthe, les problèmes venaient en partie du fait qu’il n’y avait apparemment pas d’anciens.

La pensée de Dieu est qu’il y ait, dans chaque assemblée, des frères responsables qui travaillent pour le bon fonctionnement de l’assemblée locale.

Quelles informations bibliques nous permettent de reconnaître les « anciens » ?

Les versets 6 à 9 du premier chapitre nous présentent un ensemble de caractères qui nous permettent de le faire sans oublier que ces anciens sont choisis par l’Esprit Saint (Act. 20. 28).

Certains frères aspirent à la surveillance, ce qui est une chose bonne (1 Tim. 3. 1), mais en voyant dans la liste de Tite 1 un ensemble irréalisable, ils semblent inquiets. Or nous avons déjà précisé qu’aucun croyant n’est parfait. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un ancien ne doit pas avoir de carence grave au sujet de l’un des caractères mentionnés. Par exemple, on ne doit pas avoir de reproche grave à lui faire sur son témoignage pratique. Si être irréprochable devait signifier être parfait, aucun ancien n’aurait jamais pu être établi, même dans les débuts de l’histoire de l’Église. Pierre, en particulier, n’aurait pas pu être un ancien, or il est explicitement désigné comme tel. Par contre, Dieu a jugé utile de nous préciser les domaines dans lesquels doit se manifester le bon témoignage d’un ancien :

  • Sa famille où tout doit refléter la pensée et l’ordre divin : mari d’une seule femme, enfants fidèles et soumis.
  • L’administration, comme économe responsable de ce que Dieu lui confie. Il doit être :
    •  capable de surmonter par la foi une faiblesse personnelle,
    •  maître de lui-même, pour ne pas se mettre facilement en colère,
    •  sobre, pour pouvoir rester sain dans ses pensées et son comportement,
    •  doux (par exemple pour reprendre les contredisants : 2 Tim. 2. 24),
    •  non cupide, de manière à mettre en pratique que  » Il est plus heureux de donner que de recevoir  » (Act. 20. 35),
    •  hospitalier, pour pouvoir échanger discrètement, répondre à des besoins individuels, nourrir la communion des saints,
    •  attaché au bien ou à ceux qui le pratiquent,
    •   juste, en référence aux critères divins,
    •  pieux, de manière à inciter à une vie de foi,
    •  continent, pour être plus facilement porté au service,
    •  ferme dans la pensée de Dieu et la doctrine pour pouvoir exhorter par un sain enseignement et réfuter les fausses doctrines.

Un ancien doit être digne de confiance. Il est certain que la liste peut impressionner. Retenons sans appréhension que Dieu s’adresse à des croyants dont il connaît les limites et les faiblesses. Soyons persuadés qu’il ne manquera pas de soutenir et d’encourager ceux qui veulent porter des charges pour le bien des croyants et la gloire du Seigneur.

Un ancien doit non seulement connaître la Parole, mais doit aussi être capable de l’expliquer. Il doit encore aimer le troupeau de Dieu et avoir des dispositions pour en prendre soin, ce qui n’est pas le cas de tous les frères.

Il peut avoir parallèlement un don de docteur ou de pasteur mais sa charge d’ancien n’est pas obligatoirement liée à ces dons. Un frère qui possède l’un de ses dons est appelé à un travail qui dépasse le cadre de son assemblée locale, car les dons sont pour le Corps de Christ (éph. 4. 11-13).

Notons qu’un vieillard n’est pas obligatoirement un ancien. Ce n’est pas l’âge qui qualifie, ce sont les caractères que Dieu mentionne. Il est possible qu’un frère pieux et relativement jeune assume la charge d’ancien, mais un nouveau converti n’est pas apte à l’assumer (1 Tim. 3. 6). Dans le livre des Actes, les anciens choisis avaient manifesté une vie de foi parmi les Juifs et, avant leur conversion au christianisme, rendu un témoignage faisant autorité.

Un homme sans foi active et sans piété ne saurait présenter les caractères d’un ancien. Il faut la foi pour être assuré que Dieu a raison et être en mesure de respecter les critères divins. Il faut la piété pour être formé à l’humilité et au discernement. De plus, sans foi et sans piété, la connaissance est seulement intellectuelle, c’est la  » connaissance faussement ainsi nommée  » (1 Tim. 6. 20).

Les anciens doivent-ils être nommés ?

Le passage de Actes 14. 20, 21, 23 nous précise que Paul et Barnabas ont choisi[4] des anciens dans chacune des assemblées de Lystre, Iconium et Antioche. Celui d’Actes 20. 28 nous informe qu’à Éphèse, l’Esprit Saint a établi des surveillants. Au chapitre 1 de l’épître qui nous occupe, c’est Tite qui est délégué par l’apôtre pour établir des anciens dans chaque ville, car il y avait vraisemblablement « une » assemblée dans chacune d’entre elles.

Une autre pensée nous est donnée en 1 Thessaloniciens 5. 12, 13 : Nous devons reconnaître  » ceux qui travaillent «  parmi les saints et  » les estimer très haut en amour à cause de leur œuvre « .

C’est à partir de là que chaque assemblée locale doit gérer la question des anciens, sachant qu’il doit y en avoir assez rapidement.

Dans la pensée de Dieu, la charge des anciens est locale. La pensée de Dieu est qu’il y ait plusieurs anciens dans chaque assemblée.

Quel est le but du travail des anciens ?

Ils doivent :

  •  contribuer au bon fonctionnement de l’assemblée locale dans sa vie et son rayonnement,
  •  contribuer à l’ordre et à la paix car  » Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix, comme dans toutes les assemblées des saints.  » (1 Cor. 14. 33),
  •  contribuer à l’exhortation par un sain enseignement (Tite 1. 9 ; 1 Tim. 5. 17),
  •  contribuer à la réfutation des contredisants à cause des dommages qu’ils produisent (Tite 1. 10, 11),
  •  faire taire ceux qui n’édifient pas, « enseignant ce qui ne convient pas » (Tite 1. 11),
  •  reprendre fermement ceux qui agissent mal afin qu’ils soient sains dans la foi et ne s’associent pas à ceux qui se détournent de la vérité (Tite 1. 14),
  •  ne pas oublier qu’ils ont la charge de veiller sur les âmes  » comme ayant à rendre compte  »  (Héb. 13. 17).
  •  réaliser en somme ce que rappelle l’apôtre Pierre :  » paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau  » (1 Pi. 5. 2, 3), Un ancien doit montrer l’exemple, servir, protéger, travailler.

Ils ne doivent pas :

  •  dominer en dictateur (1 Pi. 5. 3) comme si le troupeau était le leur, car c’est le troupeau de Dieu (1 Pi. 5. 2),
  •  agir à la manière d’un Diotrèphe (3 Jean), oubliant qu’il est toujours question de plusieurs anciens. Un ancien n’est pas un « dignitaire », ni quelqu’un que se croit indispensable. Il n’est pas appelé à être le centre du rassemblement, place qui revient au Seigneur seul.

Que les anciens aient une telle charge signifie-t-il que les autres frères et les sœurs n’ont pas à s’impliquer dans la vie de leur assemblée locale ?

Chacun doit fonctionner à sa place et porter activement une part de responsabilité. Le chapitre 2 contient des enseignements simples et forts, tant pour les frères que pour les sœurs, tant pour les personnes âgées que pour les jeunes.

Il est utile de remarquer que si les anciens ne sont pas respectés, chacun risque de vouloir imposer son idée en pensant qu’une assemblée peut fonctionner comme une démocratie. Cela, c’est une des conceptions du monde. La pensée de Dieu est l’harmonie.

Chaque frère non reconnu comme ancien devrait, comme chaque sœur, être disposé à la soumission (1 Thes. 5. 12 ; 1 Tim. 5. 17). Si nous avons un problème d’autorité, c’est que nous avons un problème de soumission.

Que nous apporte la grâce pour réaliser ces enseignements ?

Au milieu d’une série de commandements, la grâce paraît ne pas être à sa place. Pourtant, c’est elle qui est à la base de tout. Dans chaque assemblée, l’enseignement lui est indissociable. Elle permet à tout chrétien qui en jouit de rester humble et de pratiquer la soumission (Eph. 5. 21 ; 1 Pi. 5. 5 ; Tite 2. 9). Apparue dans une personne elle :

  •  enseigne,
  •  forme,
  •  contribue à une bonne santé spirituelle,
  •  introduit dans le travail pour le Seigneur.

Sans la grâce, pas de salut.

Sans la jouissance de la grâce, aucun chrétien sincère ne peut se sentir apte à servir. La grâce apportée par le Seigneur Jésus Christ nous rend libres et nous place dans une crainte et une sécurité bienfaisantes. Sans elle, tout est sombre et négatif. Avec elle, la joie et l’énergie de la foi se développent pour nous porter à réaliser pratiquement que nous avons  » été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles. » (éph. 2. 10).

Réaliser ce qu’est la grâce nous conduit à renier l’impiété et les convoitises mondaines car cela porte nos regards sur la personne et l’œuvre du Seigneur. Ses souffrances par amour pour nous justifient bien le rejet de ce qui le déshonore. Nous sommes laissés dans le monde pour y vivre d’une certaine manière : sobrement (dans notre vie personnelle), justement (vis-à-vis des hommes qui nous entourent), pieusement (dans notre relation avec Dieu) et avec espérance. La sobriété pratique nous donne du temps pour vivre en chrétien. La justice pratique nourrit la piété. La piété de l’un stimule l’autre. La bienheureuse espérance de la gloire de Christ nous porte en avant et nous motive pour honorer davantage le Sauveur qui nous prépare un partage éternel avec lui, dans la gloire.

Les bonnes œuvres sont le produit de la spiritualité et la manifestation du dévouement. Être un « ventre paresseux » conduit à ne pas être « zélé pour les bonnes œuvres ». La femme vertueuse de Proverbes 31 est un exemple élevé pour toutes les sœurs. Il y a beaucoup de noblesse, de sagesse, d’énergie et d’abnégation dans la description que Dieu nous donne de son travail. Il embrasse le cadre de la maison (v. 27) et se manifeste à l’extérieur (v. 20, 24) pour l’honneur de son mari (v. 11, 23). Elle est la confiance et le bonheur de son mari et il la loue (v. 11, 12, 28). Dans son cadre, elle rayonne avec une autorité qui s’impose. Ce qu’elle manifeste à sa place, dans le  foyer (v. 27), est exemplaire. Si aujourd’hui, dans la sphère chrétienne, l’épouse d’un ancien vit quelque chose de semblable, elle témoigne d’une intelligence qui instruit, soutient et encourage son mari dans sa responsabilité au milieu de l’assemblée locale.

Pour ne pas être sans fruit, les frères et sœurs des assemblées doivent apprendre à « être les premiers dans les bonnes œuvres » (Tite 3. 14).

Le bon état d’une assemblée se manifeste aussi par la conduite sociale de chacun

Tout naturellement, le chrétien doit être soumis aux autorités. (Tite 3. 1, 2 ; 1 Pi. 2. 13, 14). Il sait qu’elles sont ordonnées de Dieu (Rom. 13. 1) et qu’en leur étant soumis tant qu’elles ne sont par formellement en opposition avec les enseignements divins (Act. 5. 29), il manifeste son respect de la pensée de Dieu.

Le chrétien doit aussi être un citoyen facile et agréable : prêt à toute bonne œuvre, sans paroles injurieuses, modéré et plein de douceur envers tous (Tite 3. 2).

Cela fait partie du témoignage d’une assemblée locale et engage chaque frère, chaque sœur et chaque famille.

Le désir du bien des saints implique l’accompagnement soigneux des serviteurs que le Seigneur a doués pour le profit de tous. C’est pour cela que Zénas et Appolos devaient être entourés. (v. 13).

Nous constatons que l’apôtre met en œuvre, avec ses collaborateurs, un travail d’équipe.

Que le Seigneur soit en aide à chacun et chacune pour la manifestation, dans la vie des assemblées locales, d’une harmonie collective qui soit davantage à Sa gloire !

[1] Voir, sur le plan individuel : Philippiens 3. 20, 21 et 1 Corinthiens 15. 49, 53 et sur le plan collectif : éphésiens 5. 27.

[2] Voir Ésaïe 46. 11.

[3] Voir Marc 12. 42-45.

[4] La pensée est celle de « montrer du doigt ».