Pertinence et contexte

« Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir mais qui expose avec droiture la parole de la vérité. Evite les bavardages profanes, car ceux qui s’y livrent avanceront toujours plus dans l’impiété et leur parole propagera son infection comme la gangrène.» (2 Tim. 2.15-16)

Depuis septembre, dans mes études, je suis sensibilisé à faire attention à la manière dont nous présentons la Parole de Dieu en assemblée.
Je me souviens d’avoir entendu un frère, il y a quelques années, voyant l’heure avancer, conclure en disant : « Nous reprenons dimanche prochain… ». Curieux d’écourter comme si nous étions aux pièces et aussi de fixer le programme pour le dimanche suivant ! Cela montre que parfois des habitudes problématiques peuvent s’installer.
Sans parler du danger de revenir sans cesse sur des sujets favoris. Nous avons besoin de ne pas nous laisser diriger par des choses anciennes, mais d’être vivifié par l’Esprit et nourri d’une Parole qui habite richement en nous (Tt. 3.6).
Le Seigneur en donne l’exemple : Son enseignement s’inscrit dans une réponse au besoin du moment, et dans une révélation progressive de son oeuvre.
En Lc.24 les disciples sur le chemin d’Emaüs sont tellement attristés que leurs regard sont retenus et il ne reconnaissent pas le Seigneur. Ils lui exposent la situation et lui présentent ce qui concerne Jésus de Nazaréen, un prophète, puissant en oeuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple; que les principaux sacrificateurs et leurs chefs ont livré pour être condamné à mort en le crucifiant ; que ces choses arrivées depuis trois jours, que des femmes les ont fortement étonnés, en découvrant le tombeau vide et la pierre roulée… Le Seigneur leur ouvre alors les Ecritures, rappelant le discours des prophètes et les interrogeant : «ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances et qu’il entre de sa gloire ? ». Arrivant à leur lieu de destination, ils invitent le Seigneur à rester avec eux. Lors du souper, il se révèle à eux. Leurs yeux sont ouverts et ils le reconnaissent.
Ce passage nous montre à quel point le Seigneur tient compte des circonstances et y applique un enseignement pertinent. De notre côté, nous pourrions apporter un enseignement théologiquement juste mais inadapté. Par exemple, quand nous nous préparons à une étude biblique nous pourrions nous inspirer uniquement de commentaires trouvés dans des écrits, sans nous préoccuper de laisser le texte nous parler vraiment pour pouvoir partager ce qu’il nous dit aujourd’hui.
Le Seigneur explique à peu près la même chose à ceux qui lui reprochaient d’avoir guéri l’homme infirme de Béthesda. Ils connaissent très bien la loi mais connaissent peu l’amour du Seigneur pour les âmes qui ont besoin d’être libérées.
Avec les disciples d’Emmaüs, le Seigneur évoque aussi un ensemble d’extraits de l’Ancien Testament. Cela montre aussi l’importance du contexte immédiat et global de tout passage. La Parole n’est pas un grand réservoir où je peux prendre un verset seul et l’utiliser comme bon me semble. Chaque livre, chaque chapitre, chaque verset, chaque mot (bien que la division en chapitres et versets soit bien postérieure à la rédaction de la Bible) sont issus de l’inspiration de Dieu et ne peuvent pas être mis à part ou assemblés n’importe comment pour faire dire à la Bible ce qui nous arrange ou encore n’importe quoi. Vous connaissez sans doute cette anecdote : Un chrétien ouvre sa Bible au hasard pour voir ce que Dieu a à lui dire. Il tombe sur Mt.27.5 qui parle de Judas : « Et ayant jeté l’argent dans le temple, il se retira; et s’en étant allé, il se pendit. » Puis il ouvre à nouveau sa Bible et tombe sur Lc.10.37 : « Et Jésus lui dit: Va, et toi fais de même. ». Un texte hors de son contexte est un prétexte (« Creuser l’écriture » de Nigel Beynon & Andrew Sach).
Que le Seigneur nous aide dans sa grande fidélité et sagesse pour savoir discerner les trésors de sa Parole.

Marco Brun