Thème

Église

Auteurs

Philip Nunn

Lieu

Armenia

Date

01/04/2003

Édifier sans tricher1

Nous savons qu’au cours des deux derniers millénaires, Jésus Christ a bâti son église. Il a dit qu’il le ferait (Matthieu 16 : 18), et il le fait de manière active aujourd’hui. Il paraît qu’il y a plus de croyants en vie actuellement qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire ! En tant que croyant né de nouveau, vous et moi faisons partie de cet édifice, mais … sommes nous utilisés par Jésus dans ce processus de construction ? Jésus nous considère-t-il vous et moi comme l’un de ses « collaborateurs » (1 Corinthiens 3 : 9) ? Quand nos nombreux séminaires, rencontres, visites, lettres, livres, cassettes et efforts auront été oubliés depuis longtemps … subsistera-t-il quelque chose ayant une valeur éternelle ? Avons-nous dépensé notre énergie à soutenir un ensemble de procédures religieuses ? Investissons-nous nos ressources en établissant notre propre agenda religieux ? Serait-il possible que « ce jour-là »révèle la triste vérité que nous avons fait semblant la plupart du temps ? (feignant la dévotion chrétienne … jouant à l’église … protégeant des intérêts humains … servant sans amour vrai …) Lorsqu’il s’agit de construire, je suis certain que nous aspirons tous à bien le faire. À cet égard, les événements entourant le projet de construction d’Élisée et des fils des prophètes en 2 Rois 6 : 1-7 sont particulièrement instructifs.

1. la dépendance – savoir quoi et quand changer

Les événements de l’histoire d’« Élisée et le fer flottant » sont insérés dans un contexte de bénédictions et de croissance. Le Seigneur appelait plus de jeunes gens à se consacrer à Lui et au ministère prophétique. Ceux-ci avaient répondu, et cette troupe de prophètes se trouvait de plus en plus à l’étroit dans le lieu où ils se rassemblaient. Certains ont alors pensé que le temps était venu de bâtir des locaux plus vastes afin de s’approprier cette croissance donnée par Dieu et de se placer dans une position où Dieu pourrait continuer à bénir et à accroître.

Est-ce toujours efficace ? Preuve était faite que Dieu avait béni les fils des prophètes là où ils étaient actuellement. Pourquoi changer maintenant ? Remarquons que ce qui était nécessaire ou efficace hier peut ne plus l’être aujourd’hui. Cela ne renie en rien le fait que cela était efficace ou nécessaire alors. Ce n’est pas une critique portée sur les précédents serviteurs de Dieu. Cela est particulièrement évident en ce qui concerne les méthodes d’évangélisation sur le champ de mission. Fils de missionnaire en Colombie, je me souviens que mon père projetait ces gros films 16 mm « la Vie de Christ » en plein air afin d’attirer un grand nombre de personnes pour qu’ils puissent entendre prêcher l’évangile. Avec l’expansion du réseau d’électricité jusque dans les régions montagneuses les plus reculées, l’arrivée de la télévision couleur puis du câble, la mise à disposition de vidéos et d’internet, l’utilisation des films 16 mm est devenue de moins en moins efficace. C’est le moment d’aller de l’avant. C’est le moment de rechercher de nouveaux outils. Le message de l’évangile est le même, mais il est présenté sous une forme extérieure nouvelle.

Changer ? quoi ? quand ? Élisée était l’homme de Dieu le plus âgé parmi les fils des prophètes, mais d’une certaine façon, il ne s’est pas rendu compte du besoin de changement. L’initiative est venue des plus jeunes. Au fur et à mesure de l’écoulement du temps, nous nous habituons à l’état actuel de nos affaires. Nous finissons par nous sentir à l’aise avec certains modes de comportement –parfois étranges- dans notre assemblée. Nous pouvons finir par nous contenter d’un enseignement biblique de piètre qualité. Nous pouvons devenir passifs dans notre témoignage évangélique (que les pécheurs viennent !). D’une certaine façon, nous ne nous sentons plus tellement concernés par le fait qu’aucun « sang neuf » ne soit venu au Seigneur et n’ait rejoint notre communauté ces cinq dernières années. C’est habituellement les jeunes et les nouveaux croyants qui remarquent les « besoins » et les « bizarreries », qui posent les questions difficiles et qui parfois suggèrent des changements. Élisée aurait pu critiquer facilement les jeunes prophètes. L’installation actuelle avait été utile pendant de nombreuses années, pourquoi en changer ? Peut-être que l’année prochaine, il y aurait moins de prophètes. Il aurait pu juger leurs motivations : « ne pouvez-vous pas supporter un peu d’inconfort pour l’amour de Dieu ? » ou bien « qui est l’ancien, ici, vous ou moi ? » ou alors « vous ne voulez une meilleure installation que pour complaire à la chair, pour améliorer le statut des prophètes en Israël ». Mais Élisée a simplement dit : « Allez »

Changer demande de la dépendance : en lui-même, le changement est neutre. Ni bon ni mauvais. Nous devons porter une grande attention aux raisons qui nous poussent au changement. Le motif du changement honore-t-il le Seigneur ? Le changement proposé est-il clairement en contradiction avec les Écritures ? Est-il pratique ? La forme et le fond ne sont pas la même chose, mais les deux sont importants. La signification des Écritures demeure inchangée, bien que ses applications puissent varier du fait que ses principes sont rendus effectifs dans des cultures différentes et en évolution. La stratégie de Dieu pour demain peut fort bien être très différente de Sa stratégie pour aujourd’hui. Après la victoire de Jéricho, Josué aurait très bien pu conclure : « je sais maintenant comment Dieu abat les murailles ». Il aurait alors pu poser comme principe de marcher autour des murs des autres villes. Mais Dieu a d’autres plans. Pour travailler en accord avec le Dieu Tout puissant, il ne nous suffit pas de répéter le passé. Nous devons être ouverts pour écouter, ouverts à quelque chose de nouveau, ouverts pour nous faire guider par le Seigneur, ouverts au changement.

2. Guider : la capacité à assumer les risques

En tant que frère âgé et ancien, Élisée est admirable. Il y avait un risque à se joindre à ces jeunes prophètes enthousiastes. Quelque chose pouvait mal tourner. S’ils restaient là où ils étaient, Élisée se serait clairement senti plus en sécurité et contrôlant mieux  la situation. Dans le fait de changer pour quelque chose de nouveau, il y avait le risque de perdre ce qui s’était révélé être une bénédiction dans le passé. Si les choses tournaient mal, Élisée, en tant que responsable, aurait été la cible principale des critiques en Israël. Mais Élisée voulait prendre ce risque. Il n’a pas seulement dit « allez », mais « il alla avec eux ». Il a visiblement accepté l’invitation des jeunes prophètes sans faire une liste de conditions préalables. Il s’est identifié publiquement à cette nouvelle aventure.

Peut-il y avoir obéissance sans prise de risque ? Se soumettre à la Seigneurie de Jésus Christ est une entreprise  risquée. Au moment de notre conversion, ne remettons-nous pas volontairement notre vie à Jésus ? Nous conduira-t-il uniquement le long de sentiers bien tracés où nous nous sentirons constamment en sécurité, à l’aise et non exposés ? Jésus a-t-il promis de nous expliquer et de se justifier auprès de nous pour chacune de ses exigences ? Lorsque j’étais étudiant, j’avais mis un poster sur la porte de ma chambre qui disait « les bateaux sont en sécurité dans le port. Mais ce n’est pas pour cela qu’ils ont été construits ». Nous n’avons pas été créés, appelés et rachetés pour « jouer la sécurité ». A Chaque nouveau pas de foi, chaque nouvel effort, est lié un degré  de suspense. S’il fallait  limiter notre service à notre « zone de confort », s’il fallait  limiter notre ministère à « ce qui a été fait auparavant », beaucoup de croyants auraient raté la mission que Dieu leur a confiée. Noé, par exemple, n’aurait jamais bâti d’arche. Moïse n’aurait jamais étendu sa main sur la mer Rouge. Pierre ne se serait pas risqué à aller rendre visite à Corneille. Martin Luther ne serait pas sorti du rang. William Carey n’aurait pas été l’initiateur de l’évangélisation du monde païen en Inde. Hudson Taylor n’aurait pas expérimenté de nouvelles méthodes missionnaires non conventionnelles en Chine. Jim Elliot ne serait pas mort en essayant d’évangéliser les Aucas. Bien que chacun de ces hommes ait agi en harmonie avec le Seigneur, chacun d’eux a accepté de prendre le risque d’un « échec apparent ». Répéter le passé est parfois la volonté du Seigneur pour  nous, mais cela peut être également un bouclier nous protégeant de critiques éventuelles. Comme Élisée, si nous devons bien construire, nous devons volontairement assumer le « risque » de l’obéissance. Le Seigneur ne guide que ceux qui veulent accepter le risque de l’obéissance. Cela fait partie de la marche par la foi. Le voulons-nous ?

3. Le travail d’équipe : la préférence divine

Notre Seigneur est Souverain. Bien que l’on puisse dégager des schémas dans sa  manière de faire, il n’est pas lié par ces schémas. Il arrive que Dieu appelle et consacre un individu pour un travail particulier. Comme à Ésaïe et Jean le baptiseur, le Seigneur peut nous demander de rester seul et de vivre fidèlement notre appel. Mais dans l’Écriture et dans l’histoire, nous remarquons que le Seigneur se plaît à travailler par le moyen d’équipes. il me semble que le chrétien qui préfère servir le Seigneur seul, qui évite le travail en équipe, limite ce que Dieu peut faire par son moyen. Considérons plusieurs interactions entre le sage Élisée et les jeunes fils des prophètes.

La sagesse des plus jeunes : comme nous l’avons remarqué plus haut, la jeune génération est habituellement la première à relever la nécessité d’un changement. Peut-être que les fils des prophètes avaient observé la mauvaise utilisation du temps en faisant longtemps la queue pour aller aux toilettes ou aux douches le matin. Peut-être dormaient-ils mal du fait de conditions de couchage à l’étroit et inconfortables. Nous pouvons avoir des raisons légitimes pour changer, nos motifs peuvent être spirituels, nous pouvons même avoir la pensée du Seigneur pour le but fixé, mais si nous ne faisons pas attention, nous pouvons pécher par notre attitude critique ou notre moyen égocentrique de mettre en œuvre le changement. Nous remarquons que les fils des prophètes ont cherché le dialogue avec Élisée. La proposition et ses raisons ont été discutées. Ils désiraient sincèrement l’adhésion d’Élisée à ce projet. Je ne peux imaginer les prophètes disant : « nous en avons assez de cette vieille bâtisse. Avec ou sans Élisée, nous allons construire un nouveau campus ! » Des pressions de ce genre ne suscitent pas un bon travail d’équipe ! Remarquons que les fils des prophètes ne se sont pas contentés de l’approbation d’Élisée, ils le voulaient avec eux. L’un des prophètes a demandé à Élisée : « Consens, je te prie, à venir avec tes serviteurs. » Élisée n’était peut-être pas très habile pour abattre des arbres. Peut-être n’était-il pas très enthousiasmé par la conception du campus. Peut-être ralentirait-il la marche vers le Jourdain. Mais ils voulaient malgré tout sa présence parmi eux. Les jeunes sont sages lorsqu’ils veulent impliquer les plus anciens. Des frères et des sœurs matures et spirituels sont un atout dans n’importe quelle équipe.

La sagesse des plus anciens : le changement peut paraître menaçant, plus ou moins selon les tempéraments, et en particulier auprès des générations plus âgées. Les personnes âgées sont plus enclines à peindre un mur qu’à le démolir. Les plus âgés démarrent très peu de nouvelles entreprises. S’il était avancé en âge, il est très possible qu’Élisée n’ait pas eu spécialement l’énergie ni la « vision » pour un projet de nouvelle construction. Il était aisé de stopper l’initiative. Il aurait pu arguer : « cet endroit nous a été très utile. Vous montrez un esprit d’ingratitude vis-à-vis de ce que le Seigneur nous donne actuellement », ou bien « nous les prophètes sommes appelés à nous consacrer à la construction spirituelle d’Israël, pas à des bâtiments matériels ». Mais au contraire, nous remarquons qu’Élisée a écouté et s’est engagé sciemment avec les fils des prophètes. Il a approuvé le projet intérieurement et a dit « allez ». Remarquez qu’il ne dit pas « j’irai superviser le projet ». Chaque projet de construction engendre une certaine quantité de problèmes. Mais Élisée a manifesté de la confiance envers les fils des prophètes. Il a cru en eux. Lorsqu’ils lui ont demandé de se joindre à eux, il a répondu « j’irai », et il est allé avec eux. Cher frère, chère sœur plus âgés, votre présence physique est toujours très importante. Pas tellement pour superviser ou pour contrôler, mais pour encourager, pour modérer, pour inspirer confiance au milieu de ceux qui ont plus de visions et d’énergie.

La sagesse en temps de crise : au cours de la plupart des efforts accomplis dans le service du Seigneur, il se produit des crises. Ici aussi. Peut-être du fait de l’inexpérience, d’un surplus d’enthousiasme ou même de négligence, l’un des jeunes prophètes perd son fer de hache dans l’eau, probablement à l’un des endroits profonds du Jourdain. Pendant les moments de crises, nous sommes tous mal à l’aise, et c’est tellement naturel de rechercher quelqu’un à blâmer. Si seulement il avait été plus soigneux. Si seulement il n’avait pas utilisé un outil emprunté. Le fer de hache en vol aurait pu facilement tuer un autre prophète ! Ne serait-ce pas un signe divin que nous devrions arrêter le travail ? Je suis certain qu’Élisée a pu penser à tout cela, mais pas un  mot de reproche. « où est-il tombé ? » demande-t-il, et alors, avec l’aide de Dieu, il trouve une solution à la crise. Dans votre assemblée, votre service, dans votre famille, des crises vont survenir. Les moments de crise peuvent soit diviser, soit renforcer et unir votre équipe. Ce sont des moments à saisir. Pendant les crises, gardez votre calme,  placez vous devant le Seigneur, et soyez plein de sagesse.

4. Les outils empruntés : nous avons ce dont nous avons besoin

En perdant son fer de hache, le prophète en question ne s’est pas exclamé « Maître, j’ai perdu mon outil précieux ! » Pendant qu’il travaillait à abattre ces arbres, la première de ses préoccupations devait en fait être celle-ci : « l’outil que j’ai en main ne m’appartient pas » ou bien « je ne suis productif ici que parce que l’on m’a prêté ce fer de hache ». En le perdant, son premier souci a été « Hélas, mon maître ! il était emprunté ! ». Nous avons ici une leçon claire pour le ministère chrétien. Nous les chrétiens travaillons avec des outils empruntés. Avez-vous un don musical ou êtes-vous doué pour les tâches administratives ? Pouvez-vous réfléchir ou communiquer facilement ? Les autres, jeunes comme plus âgés, se sentent-ils à l’aise avec vous ? Une voiture, une maison, des biens financiers vous ont-ils été confiés ? Pourquoi pensez-vous que le Seigneur nous donne de telles choses ? Ne sommes-nous pas en fait des administrateurs vivant et travaillant avec des choses empruntées ? Comme ce prophète qui travaillait dur, que ceci soit également au premier plan de vos pensées : « l’outil que je tiens en main ne m’appartient pas ».

5. La perte : avez-vous ce que vous aviez ?

Le thème relatif à la perte de quelque chose est récurrent dans les Écritures. Un berger perd sa brebis. Une femme perd une pièce. Joseph et Marie perdent Jésus enfant pendant quelques jours. L’église d’Éphèse était en danger de perdre sa « lampe ». Dans notre histoire, le jeune prophète travaillait dur, avec les bonnes personnes, sur le bon projet, et pourtant il a perdu son fer de hache. Il a alors cessé d’être efficace.

Perte collective : après notre mariage, nous avons déménagé dans un autre quartier de Londres et nous sommes joints à l’une des assemblées du sud de Londres. Nous avons rendu visite à ces croyants chez eux, dans le but heureux de mieux nous connaître les uns les autres. Je me souviens précisément d’un commentaire fait par l’une des sœurs âgées : « si vous aviez été là il y a 50 ans », me disait-elle, « vous auriez eu besoin d’arriver en avance pour avoir une place à une réunion de l’assemblée ». C’était encore un de ces moments où il me semblait que j’étais né trop tard ! Mais maintenant, le dimanche, nous pouvions avoir quatre places chacun, et il y en aurait encore de reste. Mes chers frères et sœurs, en tant qu’assemblées, nous pouvons perdre quelque chose. Vous pensez peut-être tout de suite à perdre la « doctrine ». C’est tout à fait possible. Nous pouvons nous écarter de l’orthodoxie biblique dans notre enseignement comme dans notre pratique de la vie chrétienne. Cela peut arriver lorsque nous n’arrivons plus à faire la différence entre le principe et son application, l’Écriture et la tradition. Un écart doctrinal peut également venir d’une imitation pragmatique par négligence de la « mode » en cours, qu’elle soit religieuse ou séculière. Mais nous pouvons perdre plus que de la doctrine. En insistant sur l’ordre, nous pouvons perdre la vie. Nos réunions peuvent être techniquement correctes, mais sans vie. Nous pouvons nous replier sur nous-mêmes et perdre notre passion d’amener les perdus à Jésus. Nous pouvons devenir des « fonctionnaires » religieux, plus concernés par la procédure et la paperasserie que par la réalité et la santé spirituelles. Nous pouvons devenir une sous-culture et cesser d’influencer et d’attirer ceux qui nous entourent. Nous pouvons être trop portés sur les critiques et le jugement, et perdre la joie de la vraie communion chrétienne… Avons-nous perdu quelque chose collectivement ?

Perte individuelle : il est plus facile de reconnaître les erreurs chez les autres, mais dirigeons vers nous le faisceau de lumière ! Nous pouvons peut-être regarder en arrière à ces années de vie chrétienne, et nous souvenir de ces heureux moments où il y avait de l’enthousiasme, de la joie et de la fraîcheur dans notre marche avec le Seigneur –lorsque nous étions utilisés par le Seigneur pour amener d’autres à le connaître, quand, par Sa grâce, nous étions des instruments dans la main du Tout Puissant pour l’édification des autres croyants. Mais alors, il s’est passé quelque chose. Peut-être avons-nous commencé à nous sentir contents de nous, et alors de la confiance en nous-mêmes s’est installée. Peut-être avons-nous commencé à instaurer une certaine compétition avec d’autres croyants, essayant de mieux réussir, d’être plus « spirituel » ou plus « correct » qu’eux. Il est possible que nous ayons été blessés par un frère ou une sœur difficile, et que depuis, nous conservons en nous une racine d’amertume. Il est aussi possible que vous ayez vu tant d’incohérences, de péché et de choses cachées parmi les croyants que vous êtes devenu un brin cynique. Il vous est maintenant difficile de croire les autres croyants. Cela peut aussi venir d’un lien sexuel illicite ou d’une mauvaise utilisation de l’argent, ou simplement parce que nous sommes trop pris par nos activités à la maison ou au travail (ou même au sein de l’assemblée), et notre passion pour Jésus a commencé à se rafraîchir. Nous le savons. Notre consécration et notre service ne sont plus ce qu’ils étaient. Nous avons perdu notre fer de hache. Nous avons perdu notre « tranchant ». Vous reconnaissez-vous dans l’une de ces situations ?

6. La stagnation : la malédiction de la tricherie

En y réfléchissant un instant et avec un peu de réalisme, il n’est pas très difficile d’identifier les choses que nous sommes en danger de perdre, et les joies, les ministères et les opportunités que nous n’avons plus. Il est plus difficile de déterminer quoi faire à leur sujet. Comme dans le cas du berger qui avait perdu sa brebis, la femme qui avait perdu une pièce et le prophète qui avait perdu son fer de hache, la première étape c’est reconnaître la perte. Sinon, c’est refuser la réalité. Faire semblant. Stagner. Imaginez les fils des prophètes balançant joyeusement leurs haches, et avançant rapidement dans la forêt. Nous pouvons presque les entendre plaisanter, rire et chanter en travaillant et en transpirant sous le soleil du Moyen-Orient. Et puis quelque chose d’assez insignifiant est arrivé. Il s’est produit un petit « plouf » dans le Jourdain. Les autres prophètes ont-ils entendu quelque chose ? Quelqu’un d’autre s’en est-il rendu compte ? Mais l’un des jeunes prophètes avait, à ce moment précis, perdu son efficacité. S’il n’avait pas reconnu sa perte, son travail n’aurait jamais plus été le même. Il se trouvait maintenant face à un choix : continuer à balancer son manche de hache (en recherchant peut-être de plus petits arbres ou des buissons pour conserver le sentiment qu’il progressait), ou faire face à la réalité de sa perte. Nous pouvons également, avec honte et chagrin, admettre nos pertes, ou continuer à travailler dur, en faisant semblant.

Faire semblant, c’est toujours travailler dur : l’un des plus grands dangers du ministère chrétien est de continuer à travailler sans le fer de hache. Nous continuons à tenir le manche de la cognée, et nous le manions avec autant de vigueur qu’auparavant. Nous travaillons dur, nous transpirons, nous faisons les bruits adéquats, mais notre outil ne sert à rien. Nous en avons perdu le tranchant !  Nous continuons nos études bibliques, conférences, réunions de culte, visites … mais sans la même joie, sans la même passion, sans la même efficacité. En fait, dans notre tricherie, nous sommes parfois tentés de forcer les résultats visibles. Nous pouvons essayer de ramasser les arbres que d’autres ont coupés. Nous pouvons critiquer ceux qui affichent une vraie joie dans leur vie chrétienne. Nous jugeons parfois le niveau de maturité de ceux qui continuent à montrer de la passion dans leur service pour Christ. Si nous sommes honnêtes, nous envions parfois ceux qui continuent à abattre des arbres. Mon cher ami croyant, vous n’avez pas besoin de rester ainsi. Notre Dieu s’occupe aussi de la restauration. Mais nous devons commencer par admettre que nous avons perdu quelque chose. Nous devons admettre en nous-mêmes et devant le Seigneur que la « joie ineffable » n’est plus l’un des éléments habituels de notre expérience chrétienne, que notre ministère chrétien est plus dirigé par le devoir que par la passion, et qu’il y a peu de preuve de l’intervention de la main du Dieu Tout Puissant dans notre service. Le processus de restauration commence lorsque nous confessons librement nos manquements au Seigneur.

7. La restauration : l’humain et le surnaturel

« Et l’homme de Dieu dit: Où est-il tombé ? » Comme toujours dans le chemin de Dieu vers la restauration, nous sommes appelés à revenir au point de départ. Regardons en arrière. Où avons-nous perdu ce tranchant de notre service ? Depuis quand avons-nous essayé de travailler à l’œuvre de Dieu en n’utilisant que le manche de la cognée ? Nous devons revenir à cette mauvaise attitude, ce projet égoïste, cette nouvelle ambition matérielle qui a saisi mon cœur, cet acte injuste, ces petits mensonges et ces diffamations pour promouvoir ou défendre l’œuvre de Dieu, cette attitude négligente, ce conflit latent avec un frère … et les confesser au Seigneur. Ce n’est qu’après que le prophète « montra l’endroit » que Dieu a commencé à agir pour restaurer.

La nécessité du surnaturel : la restauration, ce n’est pas seulement une question de changement de méthode ou l’adoption d’une nouvelle stratégie. Les réveils d’assemblée ne viendront pas parce que nous avons changé la disposition des sièges, que nous avons adopté un nouveau recueil de cantiques, que nous utilisons des instruments ou changeons les horaires des réunions. Ce n’est pas non plus seulement la question de « faire » ce que nous avions l’habitude de faire auparavant. Il n’est pas non plus question d’assister à plus de réunions ou de lire davantage sa Bible. Les prophètes n’ont pas tous plongé dans l’eau avec des masques, et ils n’ont pas non plus essayé de faire sortir le fer de hache hors de l’eau avec un crochet ou un bâton. On ne pouvait pas le récupérer avec un moyen humain. Si nous désirons voir de nouveau la main surnaturelle de Dieu dans notre vie, notre service personnel et notre assemblée, nous devons intercéder pour obtenir l’intervention divine. Le Dieu que nous adorons est un Dieu de miracles. Il n’y a que Lui qui puisse nous rendre notre fer de hache.

La nécessité de l’humain : la plupart des miracles ont quelque chose de bizarre. Pourquoi Élisée a-t-il coupé un morceau de bois et l’a-t-il jeté sur l’eau pour faire flotter le fer de hache ? Pourquoi n’a-t-il pas simplement prononcé les mots « fer de hache, flotte ! » ? Et si le fer de hache pouvait flotter sur l’eau, pourquoi n’a-t-il pas été plus loin et volé jusque dans la main du prophète, ou mieux encore, jusqu’au manche d’où il venait ? Même avec ce miracle, le prophète devait quand même « étendre sa main » et le tirer hors de l’eau. Cette combinaison de la main surnaturelle de Dieu couplée avec l’obéissance humaine est tout à fait frappante. Si Moïse n’avait pas élevé son bâton, la mer rouge ne se serait probablement pas partagée en deux. Mais ce n’est pas le bâton qui l’a fait. C’était la main de Dieu. Si les fils d’Israël n’avaient pas marché autour de Jéricho, les murs ne seraient probablement pas tombés. Mais ce ne sont pas le fait de marcher ni les chants qui les ont fait tomber. C’était la main de Dieu. Si Naaman ne s’était pas lavé 7 fois dans le Jourdain, Dieu ne l’aurait probablement pas guéri de sa lèpre. Mais ce n’est pas le fait de s’y laver qui l’a guéri. C’était la main de Dieu. Si Paul et Apollos n’avaient pas planté et arrosé, rien n’aurait crû. Mais ce n’étaient pas la plantation ni l’arrosage qui avaient fait pousser les graines. C’était la main de Dieu.

Conclusion

Si nous devons être utilisés pour édifier quelque chose ayant une valeur éternelle, nous devons constamment nous efforcer à ne pas faire semblant et à rester vrais. Nous avons sans doute besoin de mettre en œuvre certains changements si nous voulons jouir d’un réveil authentique dans notre cœur et notre assemblée. Sans ces changements, il n’y aura peut-être jamais de réveil. Mais les changements en eux-mêmes ne généreront pas le vrai réveil. Nous avons absolument besoin de la main de Dieu. Nous avons besoin d’un miracle. Nous avons besoin de l’intervention divine. L’Église primitive croissait : « un grand nombre crurent et se tournèrent vers le Seigneur » parce que « la main du Seigneur était avec eux » (Actes 11 : 21). Si nous voulons vivre une expérience chrétienne pleine de joie, brûler de passion en servant notre Seigneur, être utilisé par Jésus d’une manière ou d’une autre pour édifier son Église, nous avons sans doute besoin de changements dans notre perception de Dieu, dans notre style de vie, dans les disciplines spirituelles …, Mais par-dessus tout, nous avons besoin de la Toute Puissante et surnaturelle main de Dieu dans nos vies. Le voulons-nous réellement ? C’est ça, ou tricher.

 

Notes :

1  Ou : « faire semblant », ici et plus loin dans le texte. J’ai employé les deux expressions indifféremment, en fonction du contexte.